Antisémitisme au lycée années 70 : témoignage vécu, par Félix Perez

Antisémitisme au lycée années 70 : témoignage vécu, par Félix Perez

A l’heure où l’on évoque l’antisémitisme dans les lycées publics de nombreuses régions, je tenais à témoigner relativement à celui qui existait déjà dans les années 70, et probablement à toute époque. La différence est que, de nos jours, ce mal est issu de certains élèves musulmans et, à l’époque ici évoquée, il émanait de quelques élèves chrétiens bercés d’antijudaïsme de l'Eglise.  

Ma famille avait quitté la Tunisie dès août 1967, suite aux débuts de pogroms liés à la Guerre des 6 Jours. Je rentrai donc au Lycée en 6ème quelques semaines après cette émigration forcée. La plupart des 2000 élèves du lycée Romain Rolland d’Ivry sur Seine était catholique et, seul un faible pourcentage des élèves était juif ou musulman. Très vite je m’étais fait des copains de classe, également voisins proches de quartier, avec lesquels nous passions beaucoup de temps ensemble. Néanmoins, je notais souvent à mon passage leurs signes assez discrets (mais perceptibles) d'un de leur doigt sur le nez, que je comprenais bien entendu comme une allusion au pseudo nez juif. Mais, l’amitié l’emportait sur ce qui, somme toute, relevait à ce stade de la facétie…

Cependant, un autre élève s’avérait régulièrement apparaître comme un antisémite déclaré, notamment par le biais de fréquentes déclarations. J’étais très malingre et lui assez fort, ce qui me laissait donc soumis à son harcèlement verbal, et cela, durant plus de 2 ans.

Cependant, au premier trimestre de la 3ème année, une de ses diatribes me remplit d’une salutaire colère, qui m’ôta toute raison et me fit me jeter sur lui, plein d’une rage qui décuplait mes forces. Au point que je lui blessai sérieusement le nez avec fierté. Après cette grosse lutte, il ne réitéra pas ses propos, et, je dirais même qu’il me considéra avec un certain respect.

Neuf ans après, lors de nos classes d’officier au service militaire, quelle ne fut pas notre mutuelle surprise de nous rencontrer dans un vestiaire de la « Caserne de la Pépinière ». Nous étions deux adultes, ayant déjà remis les pendules à l’heure et maintenant égaux sous le Drapeau ; nous nous saluâmes donc amicalement.

NB :
- Je ne souhaite tirer de ce témoignage aucune leçon particulière mais plutôt entend ici décrire une tranche de la vie d'un juif en exil...

- Je me souviens 52 ans après des identités et des visages des trois personnes ici citées, ce qui montre combien ces faits ont structuré mon histoire personnelle.

Commentaires

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53 années 8 mois
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Difficile de ne pas retrouver dans ce vécu marquant l'enfance, les mêmes évènements de mes passages en école publique. Amusant de voir aussi venir les attaques verbales principalement d'un seul garçon, aussi un peu fort avec qui un règlement de compte sur la pelouse du quartier fut salvatrice.
Mais à côté de ces quelques propos extraits du manuel clérical du parfait catholique, j'ai heureusement croisé bien d'autres plus chaleureux et bienveillants.

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