De Paris à Tel Aviv, les tribulations de la statue du capitaine Dreyfus
- Par Thierry Oberlé - Le Figaro
La réplique du bronze installé boulevard Raspail à Paris, œuvre du sculpteur et caricaturiste Tim, doit être inaugurée mardi par Ron Huldai, maire de Tel Aviv-Yafo et Anne Hidalgo en présence des descendants de l'officier français de confession juive accusé de trahison puis réhabilité en 1906.
Tel Aviv va avoir sa statue du capitaine Dreyfus. Réplique du bronze installé à l'angle de la rue Notre-Dame-des-Champs et du boulevard Raspail à Paris, l'œuvre du sculpteur et caricaturiste Tim doit être inaugurée mardi par Ron Huldai, maire de Tel Aviv-Yafo et Anne Hidalgo en présence des descendants d'Alfred et de Lucie Dreyfus. La statue représente Alfred Dreyfus, en pied, tenant son sabre brisé devant le visage. Elle a été commandée en 1985 par Jack Lang quand il était ministre de la Culture et devait être placée dans la cour de l'École militaire de Paris à l'endroit où le capitaine fut dégradé.
L'idée fit polémique. «Il faut donner aux militaires un exemple, pas un remords», commenta François Mitterrand. «L'hommage au capitaine Dreyfus» fut implanté après des tergiversations en 1988 dans le jardin des Tuileries. Une tentative de transfert à l'École militaire échoua à nouveau en 1994 pour le centenaire de l'arrestation du capitaine.
Jacques Chirac, maire de Paris, opta alors pour un déplacement dans le VIe arrondissement. «Il y avait des pressions de toutes sortes de milieux contre un maintien aux Tuileries. C'était déplaisant», se souvient Claude Sitbon, ami de Louis Mitelberg dit Tim, mort en 2002. «J'avais proposé au maire de Jérusalem, que je conseillais à l'époque, de la faire venir mais c'était impossible car il n'y a pas de statues de représentations humaines dans cette ville par respect du judaïsme et de l'islam», précise l'essayiste et sociologue. C'est finalement le double de la statue qui a trouvé sa place en Israël à l'institut français de Tel Aviv.