Envie d'or
Pourquoi le monde honore-t-il un médaillé d'or olympique et pas un érudit de la Torah ? L'athlète serait-il dévoué ?
Par: le Rabbin David Charlop
Pour qui est à la recherche des vérités d'une vie réussie, la Torah fournit un chemin clair et inspirant. On nous parle de la beauté du Chabat, de la nécessité de la prière et de nombreuses autres Mitsvotes spécifiques pour nous rapprocher de notre Père céleste. Cependant, il est très clair d'après la Paracha de cette semaine que l'étude de la Torah est une partie essentielle du régime spirituel d'un Juif. Les bénédictions desquelles Hachem attend de couvrir le peuple juif dépendent de l’accomplissement des exigences mentionnées dans la Paracha de Beh’oukotaï, dont l’étude de la Torah.
Les mots qui ouvrent notre paracha : « Si vous suivez mes lois » sont expliqués par Rashi, le grand commentateur médiéval, comme se référant à s’engager dans l’étude de la Torah. Et ne pas seulement apprendre mais « s’impliquer totalement » dans la Torah. Nous pouvons comprendre que pour une vie de bénédiction, l'esprit doit être impliqué autant que le cœur et le corps, mais pourquoi est-il nécessaire d'être « pleinement impliqué » dans l'étude de la Torah ?
Pour répondre, tournons-nous vers le monde des Jeux olympiques. Lorsqu’une ville accueille les Jeux Olympiques, des athlètes du monde entier se disputent la prestigieuse médaille d'or en athlétisme, en natation et dans de nombreux autres sports. Caché dans ces compétitions à venir est une réponse possible à la question posée ci-dessus.
Le grand chef hassidique, rabbi Mordeh’ai Yosef Leiner, le Rabbi d’Ishbitz (1801-1854), nous enseigne un concept fascinant. Chaque personne et chaque pays du monde a sa propre qualité. Pour certains, c'est la grandeur intellectuelle, pour d'autres, une profondeur émotionnelle, et pour d'autres, des prouesses physiques. Mais il y a une qualité primordiale que les nations du monde démontrent. C'est le fait de désirer quelque chose (tchouka).
Tout le monde est attiré et profondément motivé par quelque chose. Nous voyons dans le monde qui nous entoure des gens dépenser des énergies considérables pour réaliser leurs rêves uniques.
Le Rabbi d’Ishbitz explique en outre que l’aspiration des nations est très importante pour le service du peuple juif. Son idée est la suivante : si nous constatons une qualité positive dans le monde, nous pouvons nous en servir pour nous rapprocher du Créateur.
Si, par exemple, nous voyons l'enthousiasme, la compétition et le défi des Jeux Olympiques, nous devrions savoir que ce sont vraiment des étincelles de sainteté d'une qualité spéciale qui devraient être utilisées et transférées vers notre croissance spirituelle. Tant que ces qualités ne seront pas utilisées par le peuple juif, elles ne pourront pas s'exprimer pleinement dans ce monde.
D'après les idées du Rabbi d'Ishbitz, que manque-t-il dans toute l'excitation et le désir ardent de la médaille d'or et comment cela devrait-il être intégré dans une vision du monde juive ?
Dans la Michna, dans l'éthique de nos pères, nos Sages demandent « Qui est un homme fort ? ». Ils répondent : « Celui qui a vaincu son inclination pour le mal. » Aussi importante que soit cette leçon, à la lumière des Jeux Olympiques, nous pourrions avoir du mal à comprendre vraiment cette réponse. Si nous regardons la couverture médiatique des Jeux, nous verrons à quoi ressemblent les hommes et les femmes forts. Pourquoi un tel pouvoir ne devrait-il pas être considéré comme une réponse viable à la question des sages ? Question : Qui est un homme fort ? Réponse : Un athlète olympique !
Le Maharal de Prague explique de quelle manière la société occidentale définit la force, par opposition au point de vue de la Torah. Pourquoi les gagnants de la médaille d'or sont-ils considérés comme si spéciaux ? Parce qu'aucun autre athlète n'est aussi rapide, agile, rapide ou puissant que le médaillé d’or. C'est-à-dire qu'il est considéré comme fort parce que tous les autres sont plus faibles. Si les mêmes athlètes faisaient naufrage sur une île déserte, seraient-ils toujours considérés comme les plus forts ?
Probablement pas puisqu'il n'y aurait personne à qui les comparer.
La Torah, en revanche, définit la force uniquement en termes de la personne elle-même. « Quelqu'un qui a vaincu son inclination pour le mal » est un critère qui exclut les forces ou les faiblesses de quelqu'un d'autre. Si une personne fait de son mieux pour surmonter ses défis personnels, c'est là la vraie grandeur, même si elle se retrouve sur une île déserte. C’est un défi que de définir nos succès et nos victoires sur nous-mêmes et non en regard des autres. Mais procéder autrement revient à mal interpréter comment bien évaluer et utiliser notre potentiel et nos talents uniques.
Revenons à l'excitation des nations. Le Rabbi d’Ishbitz affirme que leurs qualités uniques doivent être exploitées et dirigées dans un contexte approprié par le peuple juif. L’enthousiasme dont nous avons besoin n’est pas d’être plus fort, plus riche, plus intelligent que le prochain. Le but est de maximiser les cadeaux uniques qu’on porte en nous.
Dans la Paracha de Beh’oukotaï, la Torah dit : soyez « complètement impliqués » dans votre apprentissage. Aucun athlète olympique n’a jamais remporté la médaille d’or par sa complaisance. La grandeur est accomplie en utilisant toutes nos capacités au maximum. Plutôt que d’être « pleinement impliqué » par rapport au prochain, notre défi est d’utiliser notre moi total pour développer, nourrir et concrétiser notre potentiel latent en nous-mêmes, dans notre esprit, notre cœur et notre corps. Lorsque nous faisons ressortir nos capacités, indépendamment de toute autre personne, nous méritons les bénédictions d’Hachem.
Puissions-nous nous concentrer sur qui nous sommes et qui nous pouvons être, afin que chacun d'entre nous puisse remporter la médaille d'or.