Flavius Josèphe, par Mireille Hadas Lebel

Lectures de Jean-Pierre Allali - Flavius Josèphe, par Mireille Hadas Lebel

 

Quelle idée géniale ! Mais aussi, quel pari ! Il faut féliciter Mireille Hadas-Lebel de mettre à notre portée la totalité de l’œuvre de ce témoin privilégié d’une époque charnière pour la destinée du peuple juif que fut Flavius Josèphe.

C’est à Jérusalem que naît, en l’an 37 de l’ère vulgaire et sous le règne de l’empereur romain Caligula, Yosef ben Mattitiaou, fils de Matthias, membre d’une grande famille sacerdotale. Il aurait dû devenir prêtre mais, comme on le sait, il deviendra, au fil des ans, un courtisan romain, général en Galilée puis historien protégé par Vespasien, produira une œuvre monumentale et, devenu Titus Flavius Josephus, mourra à Rome en l’an 100.

En préambule, dans un texte particulièrement fouillé et plein d’enseignements, Mireille Hadas-Lebel brosse un portrait édifiant de Flavius Josèphe en nous décrivant par le menu l’homme et son œuvre. Flavius Josèphe ne fut pas, loin de là, un homme facile à vivre, ne supportant pas que d’autres que lui, racontent cette tranche d’histoire où l’on rencontre les Pharisiens, les Saducéens, les Sicaires et les Zélotes avec les conflits judéo-syriens (déjà !), l’épisode tragique de Massada, l’attitude de l’occupant romain, les quatre mois de siège de Jérusalem jusqu’à l’été 70, période pendant laquelle Flavius Josèphe fut l’interprète attitré de l’armée romaine, l’incendie du Temple de Jérusalem, le jour anniversaire de sa première destruction par les Babyloniens en - 586. C’est au lendemain de cette catastrophe que Flavius Josèphe choisira de s’exiler à Rome.

L’œuvre proprement dite de Flavius Josèphe, dont Mireille Hadas-Lebel n’hésite pas à mettre en évidence la partialité, est également précédée d’introductions très utiles.

Voici, tout d’abord, « La guerre des Juifs contre les Romains », en latin « De bello judaico ». La révolte des Macchabées, la campagne de Galilée avec la chute de Jotapata, le siège de Jérusalem et sa destruction. Cet ouvrage réellement fondateur comporte sept livres.  

Deuxième ouvrage proposé : « Les Antiquités Judaïques », un traité de vingt livres postérieur de vingt ans au précédent. L’auteur le considère comme une simple traduction des écrits saints du judaïsme. « Elles comprennent les traditions qui vont de la naissance du premier homme jusqu’à la douzième année du règne de Néron et tout ce qui nous est arrivé à nous, Juifs, en Égypte, en Syrie et en Palestine. Tout ce que nous avons subi du fait des Assyriens et des Babyloniens, comment les Perses et les Babyloniens nous ont traités et, après eux, les Romains ». En troisième lieu, voici « Autobiographie », une œuvre qui se veut polémique et que Mireille Hadas-Lebel considère comme lacunaire et déroutante. Enfin, pour couronner ces œuvres complètes, le « Contre Apion », un titre trompeur, dit Mireille Hadas-Lebel, car Apion, Egyptien hellénisé hostile aux Juifs, n’est pas le seul visé par le courroux de Josèphe.

« Le "Contre Apion" de Flavius Josèphe, atteste de l’existence d’un antisémitisme païen antérieur au christianisme ». Une publication monumentale qui mérite de prendre place dans toutes les bibliothèques.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Édition établie et présentée par Mireille Hadas-Lebel, Éditions Bouquins, Septembre 2022, 1 510 pages, 34 €

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