Flifla Chamia : Moute Habiba Messika (Disque Gramophone, 1930)

Flifla Chamia : Moute Habiba Messika (Disque Gramophone, 1930)

Pendant l'entre-deux-guerres, il y a eu un quasi-consensus sur le fait que Flifla Chamia était la plus grande danseuse de sa génération. Les brillantes performances de l'artiste juive tunisienne, tant en Tunisie qu'en Algérie, ont été largement couvertes par la presse de l'époque.

Sa renommée lui vaut même d'être mentionnée dans la littérature de l'époque, notamment dans l'ouvrage de Vitalis Danon, “Ninette of Sin Street” (1937), soit « Ninette de la rue du péché », récemment publié en anglais avec une introduction de Lia Brozgal et Sarah Abrevaya Stein. En 1937, Flifla Chamia peut également prétendre à l'écran tunisien. Cette année-là, elle joue dans Le Fou de Kairouan, le premier film parlant tunisien et une référence du cinéma nord-africain. (Le Fou de Kairouan a été perdu après 1939 et retrouvé en 1989 grâce au travail du chercheur tunisien Hichem Ben Ammar.)

Mais Flifla était aussi une chanteuse accomplie. En fait, la quasi-totalité de sa famille l'était. Sa sœur Bahia Chamia a enregistré pour Pathé, tout comme sa nièce Ratiba Chamia, qui a également prêté sa voix aux labels Baidaphon et Rsaissi. La fille de Flifla était la célèbre artiste du milieu du siècle dernier, Hana Rached.
Malgré son succès, les disques de Flifla, comme ses archives, sont difficiles à trouver. Ceci est d'autant plus surprenant que l'un de ses disques, "Moute Habiba Messika", produit pour Gramophone en décembre 1930, a largement circulé dans le Maghreb. Ce disque, présenté ici et qui se traduit par " la mort de Habiba Messika ", était l'un des nombreux disques de ce type à l'époque. En effet, au lendemain de l'assassinat de la superstar de vingt-sept ans, une avalanche de poèmes arabes, de chants funèbres judéo-arabes imprimés et d'enregistrements commerciaux ont exprimé la douleur nationale qui a accompagné la mort de Messika. Ce chagrin, palpable et atroce sur l'enregistrement de Flifla, dans lequel elle exhorte les gens à "écouter" les circonstances étranges (ghriba) et sans précédent (âjiba) qui ont frappé (Habiba), résonne encore quelque quatre-vingt-dix ans plus tard.
Ici deux détails émergent et doivent être mentionnés: Premièrement, la chanson de Flifla est racontée du point de vue de Habiba Messika elle-même. Ainsi, par exemple, dans sa troisième ligne, Flifla chante "Elli jara li ana Habiba" ("Ce qui m'est arrivé, moi Habiba") - ce qui rend cet enregistrement encore plus déchirant. Deuxièmement, il semble que Flifla s'inspire directement d'une complainte (qina) écrite (et probablement enregistrée) par le chanteur et ‘hazzan (cantor) tunisien Acher Mizrahi, né en Palestine. Ces paroles sont reproduites ci-dessous. (Les sources de ce texte sont les petits-enfants de Mizrahi, Yaacov Assal et Acher Mizrahi.)
Quina ala Hbiba Msika par Acher Mizrahi :
“Ya ness essmeou el ghriba
Eli gara li ana Hbiba
Zit men el khedma farhana
Tkhelt el farchi nassanna
Tkel aliya ouahad rhadar
Rma aliya el nar
Ma tkelouch el denia nassiana
Tkel aliya ouahad rhadar
Rma aliya el nar
Ma tkhelouch el denia nassiana
Eli ameli ma khalitouch
I kamel el shar”
Traductions et adaptation par A. Bichiou.
Sources Gramophone et Jewish Journal.

Commentaires

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53 années 8 mois
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Ya Harissa esmaa kilami.

Qui etait Kiki Guetta dit Tchicoulate,vendeur ambulant de sucreries.

I want to know more.

Paul

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