"Jérusalem sera bientôt arabe à 50%"
La capitale de l'état juif pourrait bien très prochainement avoir une majorité arabe.
Le conseil national de sécurité israélien pense à diverses options pour préserver la majorité juive à Jérusalem, les experts avertissant qu'un flot continu de migration arabe venant de l'autorité palestinienne remodèlera complètement l'équilibre démographique dans la capitale.
Les juifs sont la population majoritaire à Jérusalem depuis au moins le 19e siècle. En 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage, quatre ans avant l'indépendance de l'état d'Israël, les juifs représentaient environ 62% de la population totale de la ville.
Suite à la réunification de la ville sous souveraineté israélienne en 1967, trois habitants de Jérusalem sur quatre étaient juifs.
Au cours du dernier demi-siècle, cependant, l'équilibre démographique dans la capitale israélienne a radicalement changé, avec une migration juive nette hors de la ville et une migration arabe vers Jérusalem.
Alors que les juifs représentaient 72% de la population de la ville en 1980 et 68% en 2000, au cours des 15 dernières années le changement démographique s'est accéléré de manière spectaculaire. Malgré la forte population juive religieuse de la ville et son taux de fécondité élevé, la population juive n'a augmenté que de 17% entre 2000 et 2015, en raison de la migration des juifs hors de la ville alors qu'explosait le prix des habitations (pour les juifs).
Selon le Bureau Central des Statistiques d'Israël, la majorité juive est tombée à seulement 61% en 2015. Depuis 2015 ce chiffre a encore baissé.
"Nous approchons rapidement vers la situation dangereuse dans laquelle 50% de Jérusalem sera arabe," a déclaré Nadav Shragai, chercheur au centre pour les affaires publiques de Jérusalem.
Alors que le taux de natalité parmi les résidents arabes musulmans a contribué à une partie du changement démographique, Shragai suggère que l'immigration non autorisée de dizaines de milliers de résidents de l'autorité palestinienne dans la ville pourrait être le principal moteur de l'augmentation rapide de la population arabe.
En 2003, Israël a construit une barrière de sécurité, une partie sous forme de clôture, une partie sous la forme d'un mur, autour de la frontière orientale de la ville dans le cadre de la plus grande barrière de sécurité séparant Israël des territoires occupés par l'autorité palestinienne.
Alors que la plupart des quartiers arabes de la ville sont à l'ouest de la clôture, plusieurs quartiers ont été effectivement séparés de la ville par la barrière, se trouvant à l'est du mur.
Depuis lors, les soi-disant "quartiers isolés", une compris une partie de Shouafat et Kfar Akab, sont devenus de plus en plus anarchiques, avec des taux de criminalité élevés, une présence policière insuffisante et de moins en moins de services municipaux fournis par la ville de Jérusalem alors que la situation sécuritaire s'est détériorée.
Pourtant, les quartiers arabes du côté Est de la barrière ont connu un niveau de croissance explosif, triplant leur population totale depuis 2003 pour se situer à 140 000 habitants. En comparaison, note Shragai, la population totale des quartiers arabes "à l'intérieur" de la barrière n'a augmenté "que" de 71% au cours de cette même période.
Non gênés par les inspecteurs en bâtiment ou par l'intervention de la police, des projets massifs de logements illégaux ont été construits dans des quartiers comme Kfar Akab et Shouafat, y compris des immeubles à appartements de plus de 10 étages.
En raison du vide juridique dans les quartiers isolés, les projets de construction sauvage ont prospéré et le prix moyen des nouveaux appartements est tombé à moins de 400 000 shekels (environ 100 000 euros), moins cher que de nombreux appartements comparables dans les villes contrôlées par l'autorité palestinienne.
Cela a provoqué une vague d'immigration depuis l'autorité palestinienne, avec des dizaines de milliers d'arabes résidant illégalement dans des quartiers à la périphérie de Jérusalem, en dehors de la barrière de sécurité mais toujours sous la souveraineté israélienne et à l'intérieur des limites municipales de Jérusalem.
Selon Shragai, pas moins de 40% des 140 000 arabes vivant dans les quartiers de Jérusalem à l'est de la barrière sont en réalité des résidents de l'AP. Ces quelques 56 000 résidents arabes illégaux représentent environ 18% de la population arabe totale de la ville. En les écartant des statistiques démographiques de la capitale, la population juive de Jérusalem est d'environ 66%, comparé à 31% ou 32% des résidents arabes légaux.
Compte tenu du changement démographique dans la capitale, les dirigeants politiques israéliens ont proposé une série d'actions visant à préserver la majorité juive de Jérusalem.
L'année dernière, le maire de Jérusalem, Nir Barkat, aurait poussé à la démolition de six immeubles d'habitation illégaux à Kfar Akab. La démolition, qui serait effectuée à l'aide d'une série de charges explosives, ouvrirait de la place pour une route planifiée et démontrerait que la souveraineté israélienne s'applique toujours à la région.
Depuis le rapport initial sur la démolition prévue, le tribunal du district de Jérusalem a placé une ordonnance temporaire bloquant l'opération.
Les législateurs ont proposé des solutions plus globales, y compris la proposition de "Loi du Grand Jérusalem" proposée par le ministre des transports Israël Katz.
La loi, si elle est adoptée, étendrait les frontières municipales de Jérusalem pour inclure la ville de Maalé Adumim à l'est, qui abrite actuellement environ 40 000 israéliens. En outre, les villes de Givat Zeev au nord-ouest, Betar Illit au sud, ainsi qu'Efrat et d'autres villes du Goush Etzion, seraient toutes incorporées à Jérusalem.
Cependant, ce geste annexerait officiellement ces zones à Israël.
Selon le ministre Katz, le plan ajouterait 150 000 juifs à la ville, ce qui porterait la population totale de la capitale à plus d'un million.
Le ministre des affaires de Jérusalem, Zeev Elkin, a proposé un plan alternatif, qui établirait un organe municipal distinct chargé d'administrer certains quartiers arabes de la ville et d'y appliquer la loi israélienne.
Une troisième option, proposée par Anat Berko, cèderait l'autorité municipale sur les quartiers arabes situés à l'extérieur de la barrière de sécurité, comme Kfar Akab, à l'autorité palestinienne.