« Juifs et Musulmans en Tunisie : des origines à nos jours », d’Abdelkrim Allagui
Elles sont la plupart du temps plutôt bonnes, si ce n’est à l’époque très difficile de la domination des Almohades. Bien qu’ayant un statut propre et des obligations y afférent, les Juifs de Tunisie jouissent en effet le plus souvent d’une certaine liberté. Ils ont aussi des opportunités sociales non négligeables, que ce soit dans le monde des affaires ou au service des Grands du pays.
Leur présence n’y est d’ailleurs pas anecdotique, puisque des Juifs étaient déjà là à l’époque romaine, rejoints plus tard par ceux d’Espagne, du Portugal ou de l’Italie.
Puis avec la modernité, de grands courants vont traverser le pays et différentes idées s’opposer chez les Musulmans comme chez les Juifs.
Avec l’arrivée des français, qui transforment le pays en protectorat, se crée une tension supplémentaire. Ils sont en effet une source d’antisémitisme, d’une part en raison de leurs convictions, mais également du fait que seuls les Musulmans sont concernés par les décisions liées à la victoire française sur ce pays.
Malgré cela, une partie des Juifs se sent proche de la France. Par la suite, lors de l’occupation de la Tunisie par les nazis, si les Juifs y furent tragiquement victimes des allemands, les tunisiens furent quant à eux exemplaires dans leur protection et leur soutien, ce qui mérite d’être souligné.
Mais d’autres périodes conflictuelles se préparent.
Au final, un sentiment d’insécurité accompagne le départ de la presque totalité des Juifs de Tunisie. Celui-ci se fait à partir de 1947 en plusieurs vagues, qui dureront trente ans, lié à la fois aux mouvements d’indépendance de la Tunisie, mais aussi à la création de l’Etat d’Israël.
L’auteur, tout en soulignant la nostalgie engendrée de part et d’autres par les vagues successives de départs des Juifs, rappelle tout au long de l’ouvrage la longue période d’entente initiale.
Sophie MASSON