La prière juive sur le mont du Temple « entraînera la guerre », dit le chef de Raam

La prière juive sur le mont du Temple « entraînera la guerre », dit le chef de Raam

Mansour Abbas s'est dit "inquiet" face au nouveau nouveau gouvernement qui se profile et qui devrait inclure des membres de l'extrême-droite à de hauts postes

Par Times of Israel Staff 

Toute tentative de la part du prochain gouvernement d’autoriser la prière juive sur le mont du Temple « entraînera la guerre », a indiqué le leader du parti Raam, Mansour Abbas.

Abbas a indiqué devant les caméras de la Douzième chaîne, jeudi, qu’il était « inquiet » au sujet du nouveau gouvernement qui se profile et qui devrait être le plus religieux de toute l’Histoire d’Israël et qui devrait comprendre des membres de l’extrême-droite à de hauts postes.

Alors que les membres de HaTzionout HaDatit et d’Otzma Yehudit évoquent souvent l’imposition d’un plus grand pouvoir juif à Jérusalem et la possibilité de lancer des initiatives considérées comme provocantes par les Arabes dans la Vieille Ville, Abbas a indiqué que permettre la prière juive sur le mont du Temple – comme le désirent la plupart des membres de la droite religieuse, dont le leader d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, qui devrait devenir ministre dans la nouvelle coalition – « entraînera la guerre ».

« Ne soyons pas naïfs », a déclaré Abbas dont le parti islamiste était un membre déterminant de la coalition sortante. « Quand vous parlez de l’un des sujets les plus sensibles, celui des lieux saints… les esprits cessent de fonctionner et ce sont les sentiments religieux qui prennent le pas. Nous avons vu combien d’escalades de violence ont été entraînées par des provocations au sein de la mosquée Al-Aqsa », a-t-il déclaré.

Cela fait des décennies qu’Israël a accepté de maintenir le statu-quo sur le mont du Temple – qui prévoit que les Juifs ont le droit de s’y rendre sous escorte policière sans pouvoir y prier. Les visites des Juifs sur le mont ont été limitées pendant des années, mais elles se sont accrues depuis que les autorités ont discrètement commencé à y permettre la prière juive.

Les musulmans, de leur côté, ont fait part de leur colère de manière croissante et ils ont tiré le signal d’alarme face à ce qu’ils considèrent comme une tentative de la part de l’État juif de prendre le contrôle du site. Un nombre record de Juifs a fait l’ascension du mont du Temple pendant les Grandes fêtes récentes.

Les Palestiniens et le Hamas s’opposent à cette présence de Juifs sur le site et ils ont mis en garde contre les « conséquences » violentes qu’entraîneraient ces visites pendant les fêtes juives. Plusieurs échauffourées mineures ont eu lieu à cette occasion.

Le député Ben Gvir, à la tête de la faction extrémiste Otzma Yehudit, l’homme qui a émergé comme le grand vainqueur du scrutin de cette semaine, s’est rendu souvent sur le mont tout en demandant à Israël d’y appliquer sa totale souveraineté.

Pendant la période récente de fêtes, Simcha Rothman, de HaTzionout HaDatit, est allé souffler le shofar dans un cimetière musulman situé aux abords du mont du Temple, une initiative qui a été très critiquée par la police pour son potentiel incendiaire mais qui a néanmoins été autorisée par les tribunaux.

Prenant la parole lundi, le leader du Likud Benjamin Netanyahu – qui doit former le prochain gouvernement – a indiqué qu’il « maintiendra le statu-quo » sur le mont du Temple et ce, malgré les pressions de Ben Gvir. Le chef d’Otzma Yehudit cherche à devenir ministre de la Sécurité intérieure, ce qui lui donnerait la responsabilité du maintien du calme dans le lieu saint de Jérusalem.

Le mont du Temple est le lieu le plus saint du judaïsme – il accueillait les deux anciens Temples bibliques. Le complexe est aussi le troisième sanctuaire le plus sacré de l’islam et il est administré par la Jordanie – à laquelle Israël avait capturé la vieille Ville et le reste de Jérusalem-Est pendant la guerre des Six jours, en 1967 – dans le cadre d’un arrangement délicat avec Israël.

Dans l’entretien télévisé accordé à la Douzième chaîne, Abbas a aussi salué le travail réalisé par la coalition sortante.

« Nous avons diagnostiqué les problèmes de la communauté arabe et c’est pour cela que nous avons voulu faire avancer – et que nous avons fait progresser – un processus de coopération civile. Il a eu pour objectif de rapprocher les Juifs et les Arabes et de faire naître un nouvel espoir pour l’avenir », a-t-il indiqué.

« Nous avons voulu être partenaires pour trouver des solutions [pour les Arabes] dans le Neguev et dans les villes mixtes », a-t-il précisé.

Raam était entré dans l’Histoire, l’année dernière, en devenant le premier parti arabe à rejoindre une coalition israélienne placée sous l’autorité du Premier ministre d’alors, Naftali Bennett, faisant fi du rejet des autres factions arabes.

Malgré les protestations du Likud, Abbas a fait savoir que Netanyahu avait tenté de le courtiser lorsqu’il avait tenté, en vain, de former une alliance au pouvoir, l’année dernière. Dans le passé, Abbas n’avait pas exclu siéger aux côtés du leader de l’opposition dans le cadre d’un gouvernement mais il a récemment changé de ton sur la question.

Les soutiens d’extrême-droite de Netanyahu n’accepteraient probablement pas d’intégrer une coalition avec Raam, formation islamiste conservatrice au niveau social – ce qui rend nulle toute perspective d’une telle alliance.

Le chef de HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, avait déjoué le partenariat entre Raam et Netanyahu qui avait été envisagé après les élections de 2021, privant Netanyahu d’une coalition potentielle. Après le scrutin du 1er novembre, le Likud, HaTzionout HaDatit (qui comprend Otzma Yehudit de Ben Gvir et les deux factions ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah) disposent de 64 sièges à eux tous à la Knesset, forte de 120 membres – formant une majorité décisive – sans besoin de faire appel à des partenaires supplémentaires.

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