Le dragon chinois, l’ours russe et l’éléphant américain, par David Bensoussan

Le dragon chinois, l’ours russe et l’éléphant américain, par David Bensoussan

 
 

La Chine est une grande puissance qui constitue un défi politique, diplomatique, technologique et militaire pour l’ordre mondial établi. Les avancées fulgurantes de la Chine dans ces nombreux domaines et son influence grandissante ont de quoi donner à réfléchir étant donné que d’une part la Chine s’affirme de façon plus agressive au plan international et que de l’autre l’économie et les entreprises chinoises sont soumises aux volontés du parti communiste chinois. En effet, depuis 2015, la loi chinoise exige les compagnies chinoises à collaborer avec l’armée et les renseignements chinois.

La cachoterie qui a entouré l’éclosion de la pandémie en Chine aura retardé les mesures préventives et provoqué un plus grand nombre de pertes humaines ; sur l’ensemble du globe s’est développé un sentiment de méfiance qu’il sera difficile d’ignorer à l’avenir.

Un pays dominé par le PCC

La Chine est sortie de son isolation en s’intégrant graduellement dans l’économie mondiale pour y occuper un rang de choix. Or, contrairement aux attentes, l’ouverture de la Chine au marché économique mondial ne s’est pas accompagnée d’une ouverture à la démocratie : l’influence du parti communiste chinois (PCC) y est plus forte que jamais.

En Chine même, 40 % du territoire autrefois peuplé par des populations non chinoises – la Mongolie intérieure, le Tibet et le Xinjiang – ont été gobés dans le tissu démographique chinois. L’internement des Ouïghours dans des camps de « rééducation » vise à mater toute velléité non conforme aux désidératas du PCC. L’emprise accrue sur les affaires de Hong Kong visant à y étouffer la mouvance démocratique fait sourciller les pays du Sud-est asiatique.

Un expansionnisme inquiétant

La Chine a placé et armé des îlots flottants dans le Pacifique, parfois à proximité des rivages des pays du Sud-est asiatique. Le gouvernement chinois joue la carte nationaliste pour revendiquer les îles japonaises de Senkaku et Diaoyu et proférer des menaces à peine voilées sur Taiwan qu’il veut fusionner. Cela a poussé l’ensemble des pays voisins à se rapprocher des États-Unis (ÉU).

Entre autres mesures militaires, Tokyo a acquis des avions furtifs F35, la Corée du Sud s’est équipée d’un système anti missile THAAD et l’Inde qui a acquis un système anti aérien russe S-400 est sur le point de se joindre à cette coalition naissante visant à contenir la Chine.

Il semble bien que l’expansionnisme chinois survienne à un moment où le monde devient plus conscient des dangers potentiels qu’il pourrait représenter. En même temps, les possibilités de collaboration sino-américaine sont manquées, tout comme dans le cas du contrôle des développements militaires et balistiques de la Corée du Nord.

Sur le plan militaire

Le budget militaire chinois est passé à 249 milliards venant ainsi en seconde position après les ÉU. Même si le budget militaire américain est trois fois plus grand et plus élevé que celui des 10 pays les plus importants, les investissements chinois massifs en éducation et en recherche vont faire perdre son avantage aux ÉU dans le futur : chaque année, plus de 3 millions de Chinois s’inscrivent dans des facultés de génie, soit cinq fois plus qu’aux ÉU.

Même si de nombreux problèmes de développement existent encore, l’arsenal chinois s’agrandit avec des avions furtifs J-20, des missiles, des missiles destructeurs, de satellites ainsi qu’une flottille de sous-marins dont deux sous-marins atomiques. Un porte-avions est en service, un second est en construction. La Chine a également développé son propre système de navigation satellite BeiDou, mis en orbite la station spatiale Tiangong-1 et s’est lancée dans l’exploration de la planète Mars.

Une route de la soie cahoteuse

Le président chinois Xi Jinping a évoqué l’adage chinois selon lequel le flot incessant des rivières rendent l’océan pus profond pour signifier que la future infrastructure de la nouvelle route de la soie BRI (Belt and Road Initiative) favorisera les échanges internationaux. Beaucoup de pays qui sont attirés par la manne de la nouvelle route de la soie émettent des réserves sérieuses à son endroit.

La Chine a consenti des prêts de plusieurs centaines de milliards à des dizaines de pays qui ont de la difficulté à rembourser leur dette, d’autant plus qu’ils doivent en contrepartie hypothéquer leurs ressources naturelles.

L’Égypte a annulé le projet de centrale thermique à Hamrawwein et la Tanzanie a refusé le projet de port à Bagamoyo de 10 milliards (son président Mahufuri a annoncé que seul un ivrogne aurait pu accepter les conditions).

Beaucoup de pays demandent à renégocier leurs prêts : la Malaisie et le Pakistan se plaignent de ce que les coûts associés au projet ont été délibérément exagérés. Des accusations de corruption – au détriment des intérêts du pays – en Malaisie, au Kazakhstan et ailleurs ternissent la marque de commerce de la nouvelle route de la soie.

Sur le plan économique

Dans les négociations commerciales en cours, les ÉU veulent augmenter les exportations vers la Chine, mais désirent en même temps interdire les technologies 5G chinoises.

Pour ce qui est des échanges économiques, la phase 1 de l’accord sino-américain de janvier 2020 vise à réduire le déficit commercial américain qui est de l’ordre de 420 milliards. La Chine s’est engagée à augmenter ses importations des ÉU et à ne plus exiger le transfert technologique des produits américains pour accéder au marché chinois.

Par ailleurs, les ÉU se sont retirés de l’accord de libre-échange Partenariat transpacifique TPP (Trans-Pacific Partneship) regroupant plusieurs pays (mais non la Chine), lui préférant des accords bilatéraux.

De son côté, la Chine s’investit dans la Banque de développement asiatique et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures pour avoir une influence majeure sur des décisions touchant à l’économie mondiale, influence qu’elle ne possède pas dans la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, profilant ainsi une possible remise en question de la devise internationale qu’est le dollar américain.

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