Les enfants d’Oslo
Par Shimshon SARFATI.
La catastrophe aérienne qui coûta la vie aux « enfants d’Oslo » en novembre 1949 et l’unique rescapé.
Au mois de mars 1945, une organisation norvégienne, la « Europa Hilfen », en collaboration avec la Croix-Rouge norvégienne, proposa à Monsieur Perets Léchem, directeur de l’Alyah des jeunes, l’ « Alyat Hanoar » de faire guérir des enfants sur lesquels pesait la menace de la tuberculose. On mit à leur disposition un camp dans l’une des plus belles régions de la Norvège. On offrait une couverture totale des frais de vol et de séjour des enfants. Cette proposition ouvrit dès lors, l’Afrique du Nord à l’Alyah des enfants.
En Tunisie, agissait une section de l’Alyat Hanoar, sous la direction de Lydie Gozlan. Cette même année, 1949 ; les négociations entre l’organisation norvégienne, le « Joint » et la section de l’Alyat Hanoar aboutirent enfin, et il fut conclu que les enfants seraient transférés au sanatorium en Norvège pour y passer leur convalescence avant de partir en Israël. L’intention était de protéger de la maladie des enfants affaiblis qui auraient pu en être victimes. En collaboration avec le dispensaire de l’ «O.S.E. » on fit subir des examens aux candidats à l’Alyat, y compris aux enfants.
A la tête de l’organisation médicale se tenaient le Dr Léon Moati et l’infirmières Suzette Cohen-Coudar. Lydie Gozlan, représentante de l’Alyah des Jeunes en Tunisie assistée de Perets Léchem, se chargèrent de convaincre les parents de leur confier les enfants en âge d’immigrer. On espérait ainsi que les parents suivraient les enfants, ainsi que les autres membres de la famille. C’était une tâche difficile que de convaincre les parents, surtout qu’ils s’agissait d’enfants habitués à la vie de famille, âgés de 7 à 11 ans, et qui étaient très liés à leurs parents. Soudain, ils allaient se retrouver sans leur papa, sans leur maman et dans un pays froid et lointain. On garantit aux familles des candidats pour l’Alyat que leur serait accordée la priorité pour réaliser leur rêve
Parmi les famille qui acceptèrent d’envoyer leurs enfants se trouvait la famille Allal qui confia à l’Alyat des jeunes, ses quatre enfants dont son fils aîné Isaac, âgé de 11 ans. Cette famille avait par ailleurs perdu tous ses biens avec la destruction de leur maison lors d’un bombardement allemand en 1943. Soixante petits enfants juifs faisaient la queue pour monter dans l’avion. Ils attendaient avec impatience leur départ pour l’étranger. C’était la première fois qu’ils quittaient leur maison.
Les enfants étaient accompagnés de l’infirmière Suzette Cohen-Coudar de Tunis, et de Lusa Schwarts-Jansen d’Oslo, une jeune norvégienne qui travaillait au camp de vacances, et Myriam Zayonts d’Israël , employée de l’Agence Juive.
Deux avions « Dakota » d’une société hollandaise de charters avaient été affrétés. Les deux avions décollèrent de Tunis, à intervalle de 10 minutes à cinq heures du matin en ce 20 novembre 1949. Le second tournait en l’air dans le ciel aux alentours de la capitale, lorsque le pilote tenta de se frayer un passage à travers un épais brouillard, pour atteindre la piste d’atterrissage. En cours de vol, il s’avéra que l’équipe hollandaise ne connaissait pas suffisamment les aéroports norvégiens. Il s’avéra également que sur la carte dont le pilote disposait, était indiquée la présence d’une colline haute de 164 mètres, alors que dans la réalité, il s’agissait de 343 mètres de hauteur.
Le brouillard était des plus denses. L’équipe de pilotage envoya des signaux de détresse à la tour de contrôle, mais cette dernière ne les capte pas correctement.
L‘avion perdit tout à coup de l’altitude et percuta la colline de plein fouet. En raison du choc, l’avion se retourna et la plupart des passagers en furent éjectés, le nez de l’avion prenant alors feu.
Lorsque l’on apprit la disparition du deuxième avion, des milliers de personnes sortirent par une pluie battante pour commencer les recherches dans les régions marécageuses. En ce mois de novembre en Norvège, la garde civile, la police et la Croix-Rouge mobilisèrent toutes leurs forces. L’armée royale de l’air norvégienne envoya force avions et les bateaux des gardes-côtes ratissèrent l’eau. Même le roi Hacon en personne demanda à être tenu au courant de l’évolution des recherches heure après heure.