Une (toute) petite histoire des juifs. - Albert Danan

Une (toute) petite histoire des juifs. - Albert Danan

Le livre des Psaumes, un livre qui fait partie de la Bible juive aussi bien que celle des Chrétiens, a été une source d’inspiration morale et religieuse à ces deux religions. Bien que la moitié semble avoir été écrite postérieurement à l’époque du roi David, ce livre de 150 psaumes est connu sous le nom “les Psaumes de David”.

Psaume 119 est spécial non seulement parce qu’il est le plus long mais aussi  par la façon dont il est écrit. Il est composé de 22 paragraphes ; chacun de ces paragraphes contient 8 versets et chacun de ces versets commence par la même lettre, tous louant Dieu pour ses préceptes et commandements. Les paragraphes sont dans un ordre alphabétique de aleph A, première lettre de l’alphabet hébreu jusqu’à taph T, dernière du même alphabet.

Naturellement, toute traduction fera dissiper cette alphabétique poésie.

Le paragraphe de la lettre [noun] -N- commence par la phrase suivante:
[Ner – littéralement bougie] “Tes paroles sont une lumière à mes pieds, éclairant mon chemin”
Cette parabole merveilleuse, vielle de plus de 25 siècles est, à mon avis, le “moto” qui a servi le peuple Juif pendant près de trois millénaires mais plus spécialement après la destruction du second Temple en l’an 70 CE qui a été suivie par l’expulsion des Juifs de leur terre.
“La civilisation Juive” ou plutôt, ses traditions ont été façonnées par cette même phrase qui veut que les propos divins de la Bible et sa morale sont les préceptes par lesquels l’humanité se doit de vivre.

Après la dispersion du peuple juif, ces paroles ont pris une importance vitale lorsque ce même peuple commença à se retrouver une minorité éparpillée parmi tant d’autres peuples.
Cette “lumière” qui était aux pieds des juifs se trouva brandie bien haut quand les Juifs se sont « donné comme mission » de devenir [Or Lagoyim] -littéralement une lumière pour les nations; c’est à dire un exemple à suivre.

En plus, les Juifs se sont ajouté un autre devoir qui consiste à faire ce que l’on appelle [Tikoun Olam] ou « Amélioration de l’Humanité »; en d’autres termes: chacun se doit de trouver une idée, un domaine, un concept et essayer de l’améliorer pour le « bien de tous ».

Malheureusement cette double mission n’a pas pris en considération le mauvais côté de la Nature humaine qui est toujours celui qui apparait le premier.

Dans la vie il y a toujours des situations qui n’aboutissent pas au but désiré,  des calamités qui arrivent ou des résultats qui n’ont pas suivi les espérances de l’auteur.
Dans ces conditions if faut toujours blâmer quelqu’un, et bien sûr « c’est la faute des autres ».
Dans toute société, ce sera toujours la minorité qui se verra la fautive.

En Europe ce fut d’abord les premiers Chrétiens durant les 3 premiers siècles de l’ère “chrétienne”. Puis quand ceux-ci sont devenus la majorité, ce fut le tour des juifs.
Leur formelle persécution et les pogromes ont toujours été attisés par des dirigeants religieux ou politiques cherchant à blâmer les autres pour leurs propres échecs.
Malgré cela les juifs ont toujours cherché à être “mieux que leur entourage”. Cela faisait partie de cette tradition qui faisait d’eux “cette lumière parmi les nations”
Mais bien sûr cela attisait la jalousie chez leurs hôtes et cela ne peut avoir que des résultats parfois catastrophiques.

Pendant les près de 2000 ans de diaspora, les juifs n’ont jamais perdu l’espoir à un “retour vers Sion”. La fin du 19e siècle a vu l’apparition du Sionisme dont le but était une renaissance de leur patrie, dans son domaine original. Ce domaine qui, pendant près de 2000 n’a connu qu’occupations l’une après l’autre, n’a jamais été un pays indépendant.

Les juifs, pendant l’occupation des Romains, avaient fomenté plusieurs révoltes contre l’occupant. La dernière révolte qui finit avec le siège de Masada - une forteresse dans le désert - coûta tellement aux Romains que, après l’échec de cette révolte, ceux-ci décidèrent de détruire le Temple, expatrier les juifs et changer le nom de la région de Judée en Palestine. Cette dernière mesure fut prise afin de briser tout lien entre les Juifs et la région elle-même.

Cette région, connue aussi sous le nom de « Terre Sainte » était aride et elle avait été délaissée pendant plusieurs siècles. Marc Twain qui la visita en 1867 l’avait décrite comme “une terre désolée et certainement indésirable”.

Malgré cela, des juifs de Russie et le l’Est de l’Europe, fuyant les pogromes qui se répétaient chez eux avaient décidé de venir s’y installer, défricher la terre et bâtir de nouveau une maison nationale. Cela se passait vers la fin du 19e et le début du 20e siècle.

Leur arrivée, au début,  avait été très bien reçue par la faible population locale car la région était très pauvre et ces Européens qui amenaient avec eux des fonds étaient une bénédiction pour eux. Ces juifs, devenus agriculteurs avaient besoin de main d’œuvre qui venait de toute la région et même d’aussi loin que l’Arabie Saoudite (celle-ci n’avait pas encore découvert son pétrole).

Mais la jalousie et la haine ont vite fait leur apparition en la personne du mufti Amin El-Housseini. Ce « religieux » fanatique fut l’instigateur de plusieurs attaques contre les juifs pendant les années 1920 et 30, événements qui sonnèrent le glas de la coopération et l’amitié entre juifs et arabes de la région.
Après avoir mené une révolte contre les Anglais en 1937, le mufti s’enfuit en Italie et puis en Allemagne. Le 28 Novembre 1940 il rencontra Hitler dans l’espoir d’entendre de lui son intention de chasser les Anglais de la Palestine et ainsi le débarrasser des Juifs qui y vivent.
Mais, comme nous le savons, ses espoirs, ainsi que ceux de beaucoup d’autres après lui, sont restés vains.

Napoléon, l’émancipateur des Juifs en France, voyant ces derniers se lamenter et jeûner pour la destruction du Temple à Tich’a Beav, a dit :
« N’importe quel peuple qui pleure sa nation après plus de 1500 ans est garanti d’y retourner un jour ».

Le reste, comme on dit, « est tout simplement l’Histoire ».

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