LES LARMES DE CHIRAC - UN CHIRAC ÉTONNANT ! SON HOMMAGE A VANESSA, par Alain Chouffan

LES LARMES DE CHIRAC
UN CHIRAC ÉTONNANT !
SON HOMMAGE A VANESSA

C’est une incroyable histoire. Émouvante. Inconnue du grand public. La presse n’en avait pas parlé à l’époque sauf quelques lignes que j’avais écrites dans le Nouvel Observateur. Le 12 février 2002, Jacques Chirac et son épouse avaient participé, à un vibrant hommage, à la grande synagogue de la Victoire, à la mémoire de Vanessa Sarfati, 23 ans, décédée le 13 janvier 2002. Une grande émotion, ce jour là, régnait lors de cette cérémonie religieuse qui marquait le mois de disparition de Vanessa. Près de cinq cents personnes, amis, proches, mais aussi des gens qui ne l’ont pas connue mais qui ont été sensibilisés par son combat contre l’anorexie, ainsi que ceux qu’elle a aidés dans leur détresse, étaient venus lui rendre un dernier hommage. Jacques Chirac, chapeau et manteau noir, le visage grave, et sa femme, assise près de Chantal, la maman de Vanessa, étaient au premier rang. Et moi, ami de Vanessa, juste derrière. Mais quel rapport entre les Chirac et Vanessa ? C’est la question qui explique pourquoi cette histoire est incroyable. Un soir, la première dame de France regarde tranquillement , à la télévision, une émission de Julien Courbet sur l'anorexie. D’un coup, elle est bouleversée par le témoignage éblouissant de cette jeune inconnue de 23 ans, Vanessa, atteinte d’anorexie. Elle parle bien, comme un “professeur de médecine”, expliquant dans les moindres détails, simplement, cette maladie. , et surtout elle donne la recette pour s’en sortir.

Cette maladie, Madame Chirac la connaît trop bien : sa fille Laurence , décédée en 2016, en souffre depuis longtemps. En regardant Vanessa, elle pense bien sûr à Laurence. “Ah! si ma fille pouvait l’écouter” a-t-elle sans doute pensé. Dès le lendemain, Madame Chirac téléphone à Vanessa. Elle lui demande si elle veut bien participer à une réunion sur un projet d’une “ Maison des Adolescents de l'hôpital Cochin”, une unité de soins réservée aux jeunes qui ont des troubles du comportement alimentaire. Vanessa n’en croyait pas ses yeux”. “Quoi ? Madame Chirac, elle-même qui me téléphone ! Quoi ! Tu te rends compte !” répétait en boucle Vanessa en sautant de joie. La rencontre entre Vanessa et madame Chirac a l’effet d’un coup de foudre.

Depuis ce jour, elles ne se sont plus quittées. C’est le début d’une longue amitié. Vanessa avait ses entrées à l’Elysée. Jacques Chirac fut à son tour charmé par le dynamisme et l’intelligence de cette fille. Il l’adopta à son tour. Et c’est ainsi que Vanessa est devenue l’amie du couple. Leur chouchou... jusqu’à sa mort, le 13 janvier 2002.

Les voilà à présent à la grande synagogue de la Victoire. Ils suivent avec attention les interventions des représentants de la communauté juive. Le Grand Rabbin Gilles Bernheim, assurant l’intérim du Grand Rabbin de France Joseph Sitruk sut donner une dimension philosophique à la disparition de Vanessa. Il insista sur l’importance du soutien moral qu’elle avait apporté par son témoignage aux autres malades atteints d’anorexie. Le Grand Rabbin de Paris, David Messas expliqua comment Vanessa avait apporté un éclairage permettant de mieux comprendre le commandement de la Torah : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” quand, elle, affirmait au contraire, qu’il fallait s’aimer d’abord soi-même pour pouvoir aimer les autres. Mais ce fut le discours de Moïse Cohen, président du Consistoire de Paris, qui dressa un portrait si juste et émouvant de Vanessa, qui arracha des larmes - oui des larmes ! - au président de la République. En effet, Moïse Cohen eut recours à une bouleversante parabole :

“Quand vous sortirez de la synagogue, ne regardez pas le sol, mais le ciel. Et lorsque vous verrez des étoiles, celle qui brillera le plus, ce sera Vanessa”. A la fin de la cérémonie, Jacques Chirac, les yeux encore rougis d’avoir pleuré, alla embrasser la maman de Vanessa, ainsi que la grand-mère de Vanessa.

Mais ce n’est pas tout. Jacques Chirac s’occupa des formalités de voyage du cercueil de Vanessa qui devait être enterrée le lendemain en Israël. Il mit à la disposition de la mère de Vanessa non seulement des motards pour l’accompagner à l’aéroport, mais lui facilita toutes les formalités d’embarquement. Voici ce qu’écrivait le journal Maariv du 20 janvier 2002 :
“Chirac a personnellement aidé une famille juive à enterrer sa fille en Israël

Le président français Jacques Chirac et son épouse Bernadette ont aidé une famille juive à faire transporter le corps de leur fille en Israël. Les parents de la fille, avec qui Bernadette s’était liée d’amitié pendant sa maladie, ont souhaité enterrer leur fille en Israël et ont bénéficié de la pleine assistance de la famille Chirac dans leur démarche administrative auprès des pouvoirs publics. Dimanche dernier, M.Chirac a téléphoné le soir au domicile de l’ambassadeur d’Israël à Paris, Eli Barnavi, pour lui expliquer que la famille demandait de transporter le corps le plus rapidement possible en Israël afin d’y procéder à l’enterrement.

Le président français ne s’est pas contenté de cette conversation, et lundi dernier, il a appelé lui-même l’ambassade d’israël en France afin de s’assurer que le corps pourrait bien être transporté le jour même. “Bonjour, ici Jacques Chirac” a-t-il dit à la secrétaire de l’Ambassadeur, Nicole, qui une fois la première surprise passée, a réalisé qu’il s’agissait bien du président en personne. Après quelques heures, il a de nouveau rappelé l’ambassadeur d’Israël en France, Eli Barnavi, afin de le remercier personnellement, ainsi que l’équipe de l’Ambassade et du Consulat. “Chirac a fait preuve d’une grande sensibilité” a-t-on indiqué à l’Ambassade”. A.C
 

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