L'importance du Talmud

L'importance du Talmud

 

Que représente le Talmud dans le judaïsme ?

À la différence de la Torah (l'ensemble formé par les cinq premiers livres de la Bible, ou Pentateuque), à laquelle se réfère aussi le christianisme, le Talmud représente un patrimoine propre au judaïsme. Sous forme de discussions et de récits qui peuvent sembler anecdotiques, il traite de la nature de toute chose dans l'optique de la Torah. On y trouve une masse d'informations sur la législation, la culture, l'histoire du peuple juif, au point que l'on peut y voir une véritable encyclopédie du judaïsme. Maintes fois censuré, interdit et brûlé en place publique (à Paris en 1244, à Rome en 1553, en Pologne en 1757...), il n'a cessé de jouer un rôle d'unité dans la vie intellectuelle et spirituelle juive. Son étude constitue toujours l'objet principal, voire exclusif, de l'enseignement dans les « yeshivot » (écoles talmudiques) à travers le monde.

 

Comment est né le Talmud ?

La Loi orale, révélée par Dieu à Moïse et transmise ensuite de génération en génération, a été mise par écrit après le retour de l'exil de Babylone (200 av. J.-C.) et jusqu'à la destruction du Temple de Jérusalem (70 apr. J.-C.) : c'est la « Mishna » (répétition, en hébreu). Celle-ci fut ensuite compilée vers 220 à Tibériade, sous l'égide de rabbi Yehuda Hanassi. Puis, jusqu'au VIIe siècle, elle fut enrichie de la « Guemara » (complément en araméen, langue dans laquelle elle est rédigée) qui représente 90 % du Talmud.

La consignation de la Mishna en hébreu et de la Guemara en araméen se poursuivit sur plusieurs siècles, par étapes et en deux lieux principaux : la Galilée (Talmud dit de Jérusalem) et la Mésopotamie (Talmud dit de Babylone). Le premier, surnommé « Yerouchalmi », a été terminé à la hâte au milieu du IVe siècle, tandis que le second, appelé « Babli », a vu sa rédaction achevée au VIe siècle. Le Talmud de Babylone (imprimé intégralement pour la première fois à Venise entre 1520 et 1523 par le chrétien Daniel Bomberg) est réputé avoir une autorité supérieure à celle du Talmud de Jérusalem. Les parties normatives du Talmud forment la « Halakha » («cheminement »), et les parties narratives constituent la « Haggada » («récit ») ; ces deux ensembles sont indissociables.

 

Comment est organisé le Talmud ?

Son plan n'a rien à voir avec celui d'un manuel ; il obéit à une logique par associations d'idées et digressions. Le Talmud de Babylone est organisé en six grandes parties ou « sédarim » (ensembles) : « Zéraim » (Semences) traite des lois relatives à l'agriculture, aux bénédictions, à la dîme et aux prémices ; « Moèd » (Fêtes) porte sur le calendrier, les diverses fêtes et le shabbat ; « Nachim » (Femmes) traite du mariage, du divorce et de la fidélité conjugale ; « Nézikin » (Dommages) du droit civil et pénal, de l'idolâtrie et de l'éthique ; « Kodachim » (Choses sacrées) de l'abattage rituel, des sacrifices et du Temple ; enfin, « Teharot » (Puretés) parle des ustensiles, des lois de pureté et d'impureté. Ces six ensembles sont eux-mêmes divisés en traités et en chapitres.

 

En quoi le Talmud est-il actuel ?

Le Talmud - et la Halakha qui en découle - met à mal le principe selon lequel la Bible, texte sacré, ne saurait être touchée. Il actualise en effet les enseignements bibliques, en situant le sens de la Bible à l'intersection du texte et de sa réception par les lecteurs. Il constitue ainsi l'une des premières entreprises d'herméneutique moderne. Le Talmud est devenu la base de la jurisprudence à partir de laquelle ont été composés les codes de la loi juive.

Les différents courants du judaïsme contemporain ne le perçoivent cependant pas tous de la même manière. Pour le judaïsme orthodoxe, le Talmud est l'exacte expression de la Loi orale ; il est donc essentiel de l'étudier, mais on ne doit pas l'utiliser pour élaborer de nouvelles jurisprudences. Dans le judaïsme libéral, il n'est qu'une référence morale - et non pas la base incontournable du code de conduite de la vie juive. Depuis une trentaine d'années, le rabbin Adin Steinsaltz en publie une traduction en hébreu moderne (retraduite ensuite en anglais, français, espagnol...) qui a contribué à relancer l'intérêt pour le Talmud.

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