Ma Allia et mon Intégration (6/6). Epilogue, par Avraham Bar-Shay

Ma Allia et mon Intégration (6/6).

Epilogue

 

Au bout de 6 ans, les patrons avaient décidé de vendre leur compagnie en fin 1997 et les nouveaux ne voulaient pas continuer de m'accorder le privilège de travailler à partir d'Israël pour quelques mois.

 Alors je quittais Los-Angeles et je suis rentré en Israël. D'autant plus que je devais me faire opérer, et je ne voulais pas le faire là-bas, loin de la famille. Et depuis Janvier 1998, à l'âge de 61 ans, j'étais à la retraite, et sans aucune obligation, libre de choisir mes occupations.

Ma mère nous quitta vers la fin de 1998, à l'âge de 84 ans. Durant cet épisode de Kiriat-Yam elle, elle vécut peut-être les plus belles années, depuis très longtemps. Elle avait une maison en son nom, on prenait soin d'elle quand il le fallait et nous venions chez elle faire le Kiddoush, chaque Shabbat et jour de fête.  Elle n'aimait pas nous voir arriver le Shabbat en voiture, elle fermait les yeux, elle savait bien qu'on ne pouvait pas faire autrement.  

 

Même quand j'étais en Californie, je lui téléphonais presque chaque jour. J'avais aussi demandé à un ami qui l'estimait beaucoup, de lui téléphoner, souvent.

Son appartement de 3 petites chambres était très près de la synagogue des tunisiens et elle y était très présente et y faisait souvent des dons.

 

La synagogue des Tunisiens de Kiriat-Yam

Quand elle était fatiguée, elle ouvrait les fenêtres et entendait la lecture de la Thora.

 De l'autre côté de l'appartement, elle avait une belle vue sur la plage et elle passait des heures au balcon. Elle cuisinait bien et on aimait venir gouter sa cuisine les soirs de fête.

Ses voisins étaient, pour la plupart, d'origine marocaine, elle arriva à entretenir des relations très amicales avec eux. Je crois qu'elle avait réussi son intégration.

Permettez-moi de terminer par quelques mots que j'ai gardés en moi, depuis la Allyia.

J'ai parfois des doutes sur ma pleine Intégration, car j'ai laissé une partie de mon Patrimoine entre les murs du quartier juif de Tunis, tout en vivant en tant qu'Israélien-Accompli.

Ce beau fardeau que je portais tout le temps avec moi était la seule tache dans la belle fresque de mon intégration. Mais n'est-ce pas le sort de tous les "déracinés""

Dans un pays où les habitants viennent de plusieurs pays, seule l'élite, politique, médiatique et intellectuelle tient les "clés" de l'hégémonie de son patrimoine, dans un pays en renaissance. Dans sa sagesse, elle encouragera quelques événements «étrangers», comme la "Mimouna," tradition particulièrement célébrée par le Judaïsme Marocain.

 L'école a éduqué mes enfants (et continue avec mes petits-enfants) dans la meilleure tradition des «pères de la nation» et non de leurs pères. Les médias en ont peut-être parlé (des fois à la télévision éducative) et j'ai parfois dû rappeler que nous avons aussi un héritage tout aussi riche.

Mais peu ont entendu parler de "Séudat Jethro", "Rosh Hodesh des filles" ou "la Béssissa" de Rosh H'odesh Nissan" etc. . On peut encore les voir dans de grandes communautés de juifs tunisiens, à Paris ou à Sarcelle. En Israël, on peut les voir à, "Beit Hatfutsot" et "Yad-Ben-Zvi", ou autres lieux de préservation de la culture juive de la Diaspora

J'ai participé à l'éducation et à l'amour du travail bien exécuté, à quelques jeunes fils d'Olim. J'ai fait mon service militaire à un Age relativement avancé et j'ai fait de mon mieux pour l'industrie civile et militaire surtout en Israël, mais aux Etats-Unis aussi.

J'ai reçu du pays, que j'ai choisi pour élever mes enfants et mes petits-enfants, cent fois plus que je n'ai donné. Il m'a offert la possibilité de finir mes études au Technion et une année à l'université, pour mon instruction générale, et, avec beaucoup de chance, j'ai eu l'occasion de connaitre et de me développer tout en travaillant avec des personnes formidables.

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