Le palais d'Erlanger

Le palais d'Erlanger - Khaled Hizem

Je trouve qu'il y a tant de poésie, lors de ces moments précédant le coucher du soleil, en particulier quand le lieu est privilégié.

Certains joyaux, appartenant au splendide patrimoine de ma chère contrée, subjuguent par leur attrait. Avant-hier, de passage à Sidi Bou Saïd, j'ai pris plaisir à fixer le superbe extérieur d'un édifice enchanté : le palais d'Erlanger.

Mécène et esthète, le Baron Rodolphe d'Erlanger (1872-1932), également peintre et musicologue, disait de Sidi Bou Saïd, situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tunis, « je ne connais pas de plus beau village ». C'est dans cet endroit à part, merveilleux balcon sur la méditerranée, qu'il fit construire sa résidence préférée.

Achevée en 1921, après une décennie de travaux, sa demeure, appelée affectueusement Ennajma Ezzahra, signifiant littéralement « l’étoile resplendissante », nom soigneusement choisi par son propriétaire, ne fut guère conçue comme l'anodine habitation d'un riche oisif aux goûts raffinés.

Le Baron d'Erlanger, pris de passion pour la Tunisie, ainsi que pour sa culture et son architecture, étant parmi les premiers à militer pour la protection de son héritage arabo-musulman, voulut que son palais, dont il fit son principal lieu de séjour, soit une œuvre d'art des plus admirées.

Aux traditions artistiques locales, il associa harmonieusement, grâce à des artisans virtuoses, issus de divers horizons, des influences hispano-mauresques et orientales. Remarquablement conservé, le monument renferme, en outre, des collections variées.

Bien peu de temps avant le crépuscule, j'ai pris ce cliché, en contemplant ce palais aux adorables moucharabiehs. Tout en blanc et bleu, il est rehaussé de quelques touches de vert de ses tuiles vernissées.

Au loin, derrière les arbres, j'ai distingué, avec bonheur, la charmante silhouette de l'ancienne cathédrale Saint-Louis de Carthage, de brume enveloppée.

Une telle féerie ne manqua point d'exercer son pouvoir sur mon regard et sur mon esprit. J'ai contemplé la beauté...

Par M. Khaled Hizem

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