Le Juif Tune, par Albert Simeoni

Le Juif Tune, par Albert Simeoni

 

Le juif tune, celui d’autrefois, de par sa nature ne se distingue pas seulement en étalant sa passion pour la Boukha, la boutargue ou le vin ainsi que tous les condiments qui vont avec. Ou son accoutrement.

Il était remarquablement instruit par la vie et non par l’école, averti malgré son ignorance culturelle, je parle des anciens qui n’ont pas eues la chance de faire de grandes scolarités mais qui avaient cette envie d’aimer et de bruler la vie en pensant que tout peut s’arrêter du jour ou l’autre.

Lorsque je pense que mon papa, il y a encore 30 ans ne signait que d’une croix ou d’un signe incompréhensible, je me dis qu’il n’en avait besoin de grandes signatures pour paraitre. Il avait cependant cet humour, que nombre de ses amis avaient aussi.

Une école, une académie dirais-je de bons mots qui déridaient. Autour d’un apéro.

Il y avait le culte de la VIE. Vivre en plaisantant, plaisanter tout en travaillant, fier d’avoir des garçons, peu fier s’ils avaient que des filles, heureux de s’exprimer dans leur langue, heureux de rentrer la soir et de présenter à leurs épouses, le salaire journalier durement gagné.

Combien même, malgré leurs petits moyens financiers? de pourvoir parfois à une grande famille nombreuse.

Il ne parlait pas chèques eux, mais argent comptant, il était rare qu’il signait de contrats entre eux, mais juste de se donner la parole et de se serrer la main.

Il avait cette manie de vivre entre copains, des amis fidèles qui ne trahissaient pas.

Il n’avait qu’une vie. Pas mille.

La veuve souvent était celle qu’on respectait le plus et il n’était pas permis qu’elle aille vadrouiller ailleurs au vu et au su des gens du quartier. La veuve du quartier était celle qu’on aidait le plus à cette époque bien plus que les indigents. Elle était celle qui était ‘ MECBOUBA’ (couvait) ââla zghara et même si elle n’ en avait pas, elle était en tous points discrète dans son chagrin. Effacée. Et digne et surtout, elle ne se mêlait pas aux hommes.

La tête basse sans signes ostentatoires.

Le tune d’avant, celui de mon pays aimait la fête, le chant, la danse, les rigolades même dans des circonstances pénibles mais ce qui faisait l’admiration de cet ancien tune, c’est la solidarité à toute épreuves qu’ils avaient entre gens de quartiers. C’étaient des BAHBOUHINS (généreux).

Et tant et tant d’autres choses.
Aujourd’hui, c’est le chacun pour soi et Achem, je disais rabbi dans mon pays, pour tous.

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