La pandémie du COVID 19 démontre une nouvelle fois, s’il était nécessaire, le besoin de gouvernance mondiale.
L’épidémie est partie de Chine et s’est progressivement étendue à l’ensemble de la planète. Quelle que soit son intensité dans chacun des 177 pays, le COVID 19 a fini par devenir une pandémie. Face à la soudaineté et à la brutalité du virus, chaque pays a pris ses dispositions en fonction de ses propres intérêts, de ses propres capacités hospitalières.
Les réponses ont été différentes malgré des points communs. Sans être exhaustif, les points de questionnement portent sur les masques, les tests, le confinement et ses conditions de fonctionnement, les installations hospitalières, les capacités techniques en matière de respirateurs, les qualités de la chloroquine…
Certes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fini par donner des indications, par décréter que le phénomène était une pandémie. Néanmoins, une fois celle-ci dépassée, il faudra comprendre les conditions de fonctionnement de l’organisation internationale et en tirer les conséquences.
Pour faire taire toutes les rumeurs et autres « fake news », il conviendrait de connaître, le moment venu, la cause, le point de départ de l’épidémie ainsi que les responsabilités. Et pourquoi ne pas appliquer le principe environnemental de « pollueur–payeur ». Il serait peut-être temps et opportun de créer une responsabilité environnementale et sociale au niveau international.
Pour pouvoir se projeter dans le futur, remémorons-nous les origines de la création de la Croix rouge. L’idée en incombe à l’homme d’affaires suisse naturalisé français Henri DUNANT. Au cours d’une visite à Solferino, lieu de la bataille du 24 juin 1859, il découvre les drames humains des 40 000 victimes de guerre. Au-delà de son engagement personnel pour secourir le maximum de blessés, il va être un des fondateurs en 1863 de la croix rouge. Un an plus tard est signée la première convention de Genève relative aux blessés de guerre.
Inspirons-nous de cet exemple historique pour concevoir et bâtir une nouvelle gouvernance mondiale sanitaire.
Combien de temps devons-nous attendre l’Europe, notamment pour avoir une réponse européenne à ce type de situation inédite ?
Il est également grand temps de rénover l’organisation des Nations-Unies (ONU). Créée au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’ONU était censée corriger les défaillances de la Société des Nations (SDN) mise en place par le Traité de Versailles mais qui n’a pas empêché la seconde guerre mondiale. Dirigée par le conseil de sécurité et un directoire des cinq vainqueurs, l’ONU va se révéler toute aussi inefficace que la SDN. Qui pourrait citer un « success story » ?
L’impossibilité des grandes puissances de s’entendre va conduire à marginaliser l’ONU. Les exemples sont nombreux :
Des guerres engagées sans autorisation du Conseil de sécurité, seconde guerre d’Irak à l’initiatives de Georges BUSH Jr, intervention russe en Syrie et en Lybie, conquêtes chinoise des îlots de la Mer de Chine, interventions d’Erdogan en Syrie et en Lybie…
Les forces d’interposition mises en place par l’ONU dans certains lieux n’ont pas permis de limiter les tensions, sans oublier l’exemple des soldats népalais qui ont apporté le choléra en arrivant à Haïti pour aider la population à faire face aux effets collatéraux du séisme.
Les tentatives de résolution des conflits comme ceux du Proche Orient ne viennent pas de l’ONU et de ses émissaires.
Enfin, l’organisation s’est déconsidérée en acceptant que sa commission des droits de l’homme soit présidée par des pays problématiques en la matière.
L’échec de l’ONU est une des raisons des tentatives de gouvernance mondiale par différents groupes représentant les principales puissances économiques, G5, G7 G8, et depuis la dernière crise financière G20. Ce mode de gouvernance a eu quelques succès, notamment dans les années quatre-vingts avec la gestion du contre choc pétrolier et la gestion des changes.
La semaine dernière, dans une chronique sur le « Coronavirus, le scénario catastrophe », j’appelais votre attention sur l’augmentation importante des déficits publics par la conjugaison des diminutions des rentrées fiscales et de l’explosion des dépenses, et par voie de conséquence de l’envolée de l’endettement public. J’écrivais alors :
« Tout cela ne sera possible que si la Banque centrale fournit les liquidités nécessaires. Les banques centrales américaine, britannique, européenne et japonaise sont en mesure d’assumer ce rôle. La BCE vient d’annoncer le nécessaire après des premières mesures mal reçues par les marchés. Qu’en sera-t-il des autres pays et banques centrales ?»
La réponse à la question posée la semaine dernière est le Fonds monétaire international (FMI). Les nombreux pays qui n’ont pas les moyens américain, britannique, européen ou japonais n’ont que le FMI pour les aider. Comme dans les années quatre-vingt-dix pour les pays africains, pour le Mexique ou pour l’Argentine, il faut mobiliser le FMI pour accompagner tous les pays en difficultés et éviter la propagation de la crise.
Dans un monde globalisé, il ne peut y avoir de démarche solitaire ; toute stratégie nationale doit s’inscrire dans des démarches collectives pour avoir une chance de succès. Nous sommes condamnés à vivre ensemble et à être de plus en plus nombreux. En conséquence, l’instinct de survie doit conduire à la coordination internationale et à éviter toute solution nationale.
C’est facile à dire, à écrire, mais plus difficile à faire avec des dirigeants, Donald Trump, Vladimir Poutine, Hu Jintao… arc-boutés sur l’intérêt national et peu enclins à se projeter dans l’universel.
Cette crise fera peut-être bouger les lignes.