Royaume-Uni :  les accusations d'antisemitisme contre Jeremy Corbyn s'accumulent

Royaume-Uni :  les accusations d'antisémitisme contre Jeremy Corbyn

Le chef du Labour est une fois de plus taxé d'antisémitisme, accusé d'avoir participé à un hommage aux terroristes palestiniens de Septembre noir. La nouvelle affaire s'ajoute à une suite de scandale au même sujet ayant déjà entaché le parti travailliste.

Les controverses sur l'antisémitisme au parti travailliste britannique n'en finissent pas d'enfler. Le leader du Labour Jeremy Corbyn est accusé d'avoir participé en 2014 à un hommage aux membres de Septembre Noir, l'organisation terroriste palestinienne qui avait mené la prise d'otage d'athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich de 1972. C'est le journal le Daily Mail qui a mis le feu aux poudres en publiant samedi des clichés de Corbyn, gerbe de fleurs en main, lors de la cérémonie organisée à Tunis.

"Présent" mais pas "directement impliqué"

Répondant aux accusations, Jeremy Corbyn a affirmé n'avoir pris part qu'à une seule des deux commémorations de la journée, celle qui honorait les 47 victimes Palestiniennes tuées lors d'une attaque d'Israël dirigée contre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1985. A l'autre, qui a vu fleurir la tombe du fondateur de Septembre noir, il n'aurait été que "présent", sans donc y avoir été "directement impliqué".

Aux photos, le Daily Mail a ajouté une vidéo datée de 2013, dans laquelle Corbyn critiquait la politique israélienne : "La Cisjordanie est sous le coup d'une occupation que de nombreux peuples qui ont souffert de l'occupation pendant la seconde guerre mondiale sont en mesure de reconnaître", y affirmait-il alors. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou y a entendu une comparaison de son gouvernement au régime nazi du troisième Reich allemand. Il a appelé lundi sur Twitter à une "condamnation sans équivoque" du leader travailliste.

"Ce qui mérite une convocation sans équivoque est l'assassinat de plus de 160 Palestiniens à Gaza depuis mars, dont des douzaines d'enfants," a répondu Jeremy Corbyn, toujours sur Twitter. S'il n'a jamais dissimulé ses opinions très pro-palestiniennes - il est l'un des leaders de la Palestine Solidarity Campaign, organisation britannique qui prône entre autre le boycott de toute marchandise en provenance d'Israël et son retrait de territoires considérés occupés – Corbyn s'est aussi toujours défendus avec force des accusations d'antisémitisme dont il fait l'objet depuis son élection à la tête du Labour en 2015. Ces derniers temps pourtant, celles-ci ont encore gagné en intensité et surtout en régularité. Le parti travailliste israélien a annoncé en avril dernier couper tout lien avec Jeremy Corbyn pointant du doigt une "hostilité à l'égard de la communauté juive" et certains agissements qu'il aurait autorisés au sein du parti.

Des messages antisémites au sein de groupes soutiens

Car Corbyn n'est pas le seul membre du Labour soupçonné d'hostilité à l'égard des juifs, loin s'en faut. Début avril, le Sunday Times publiait une enquête menée au sein de groupes Facebook soutenant ardemment le chef du parti. Le journal britannique a comptabilisé plus de 2.000 messages à caractère antisémites, racistes et sexistes, postés par des soutiens anonymes tout autant que par des figures politiques. Patrick Haseldine par exemple, 75 ans et ex-candidat travailliste – exclu du parti pour des affaires sans lien mais antérieures à celle-ci - a été surpris en mars dernier à poster  sur la communauté "Jeremy Corbyn leads us to victory" ("Jeremy Corbyn nous mène à la victoire") une image d'un drapeau israélien sur lequel une croix gammée remplaçait l'étoile de David. Pas moins de 12 personnalités politiques travaillant pour Corbyn ont été repérées dans les listes de membres des groupes Facebook mis en cause par le Sunday Times. Interrogés, les chargés de communication du Labour ont affirmé que ces officiels n'étaient pas au fait de leur contenu.

Au début de l'été, tentant de réaffirmer la respectabilité, Corbyn a décidé d'inclure dans les règles du Labour la définition de l'antisémitisme telle que donnée par l'International Holocaust Remembrance Alliance, chose qu'il s'est auparavant refusé de faire. Une décision largement soutenue dans son principe, mais tout autant critiquée dans son application : le chef du parti a refusé d'inclure la totalité des exemples d'antisémitisme proposés par l'organisation, dont celui consistant à "accuser les juifs d'être plus fidèles à Israël qu'à leur propre pays" et de "comparer les politiques d'Israël à celle des nazis".

Corbyn taxé de "raciste et antisémite" en pleine Chambre des  Communes

Pensant faire un pas vers les communautés juives britanniques, le leader n'a fait que creuser le fossé, et jusqu'au cœur même de son parti. La députée travailliste juive Margaret Hodge n'a pas dissimulé sa profonde désapprobation quant à nouveau code de conduite, taxant Corbyn de" raciste et antisémite" en pleine Chambre des Communes.

Dans une vidéo publiée le 5 août sur sa chaîne YouTube officielle, Corbyn martèle face à la caméra: "Ceux qui utilisent un poison antisémite doivent comprendre : ne le faites pas en mon nom, ou au nom de mon parti. Vous n'êtes pas de nos soutiens." Intitulée "Pas de place pour l'antisémitisme", la publication fait écho à une tribune publiée la veille par le Guardian, dans laquelle Corbyn reconnait un "réel problème" et une réaction "trop lente" pour procéder à des sanction suite à certains propos antisémites tenus par des membres du parti. "Eliminer l'antisémitisme du parti et restaurer la confiance sont nos priorités", ajoute le leader du Labour. 

Mais déjà échaudées par les polémiques de ces derniers mois, les réactions aux révélations du Daily Mail n'ont pas épargné Corbyn. Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Sajid Javid a estimé sur Twitter que si les photos montraient un chef de file d'une autre formation politique majeure, "il serait parti depuis bien longtemps". Jonathan Goldstein, président du Jewish Leadership Council, une organisation britannique représentant les communautés juives du pays, a quant à lui affirmé : "Cet homme n'a pas l'attitude d'un membre du Parlement, encore moins celle d'un leader politique national".

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