Tribune | Merci Albert Memmi d’être resté Tunisien dans l’âme

Tribune | Merci Albert Memmi d’être resté Tunisien dans l’âme

Par Radhi Meddeb * - La Presse - Tunis

Albert Memmi, écrivain français, juif d’origine tunisienne, né à la Hara de Tunis, rue Vieille-Tronja en décembre 1920, est décédé le 22 mai à l’âge de presque 100 ans. Il avait quitté la Tunisie en 1956, quelques mois après l’indépendance, tiraillé entre son amour pour la Tunisie, son engagement politique progressiste et son militantisme pour son indépendance, d’une part, et le sentiment d’exclusion pour sa situation de juif en terre d’Islam, d’autre part.

Auteur d’une œuvre monumentale avec ‘‘La statue de sel’’, publié en 1953, le roman autobiographique qui l’a fait connaître du grand public, mais aussi ‘‘Agar’’ (1955), ‘‘Portrait du colonisé’’, précédé de ‘‘Portrait du colonisateur’’ (1966), ‘‘La libération du juif’’ (1966), ‘‘L’Homme dominé’’ (1968), ‘‘Le Scorpion ou la confession imaginaire’’ (1969), ‘‘La Dépendance’’ (1979), ‘‘Le Racisme’’ (1987), ‘‘Le Pharaon’’ (1988) ‘‘Le mirliton du ciel’’ (1990), ‘‘Le Juif et l’Autre” (1995), “Le nomade immobile’’ (2000)…

En 2017, il s’était résolu à publier des notes personnelles prises entre 1955 et 1956, l’année de l’indépendance, sous le titre “Tunisie, An 1 : journal tunisien, 1955-1956, suivi de Tunisie, un pays d’opérette et Autres écrits des années tunisiennes”, Paris, Centre national de la recherche scientifique, coll. « Biblis », 2017, 226 p.

Il y avait consigné quotidiennement ses rencontres, ses échanges, ses impressions et ses sentiments. Tout Tunisien qui s’intéresse à la chose publique devrait lire ce livre de poche. Il y trouverait des clés pour mieux comprendre la réalité et les mutations d’aujourd’hui.

J’avais pris un grand plaisir à le lire. On y voit s’affronter, déjà, le combat de la modernité contre la tradition, de l’ouverture contre le repli sur soi.

Albert Memmi y relate les discussions en cercles réduits entre de multiples personnages appelés alors à assumer les devants de la scène politique et publique pendant les cinquante ans qui allaient suivre.

Merci à Albert Memmi d’être resté Tunisien dans l’âme du haut de ses cent ans.

Paix à son âme.

R.M.

(*) Membre de la société civile

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