Les mutations du judaïsme tunisien après la Seconde Guerre mondiale par Claude Nataf

Les mutations du judaïsme tunisien après la Seconde Guerre mondiale
par Claude Nataf

Claude NATAF, titulaire d’un DEA d’histoire du XXe siècle (IEP Paris), préside la Société d’histoire des Juifs de Tunisie.

 

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Commencée au début du XIXe siècle, la marche des communautés juives de Tunisie vers l’Occident a été accélérée par la création en 1878 d’une école de l’Alliance israélite universelle dans la capitale et l’établissement du Protectorat français sur la Régence en 1881. Les mutations profondes apportées par le modèle occidental dans les institutions, la culture, la pratique religieuse, les mœurs des communautés juives du pays ont peu à peu entraîné l’émergence d’un type d’individu bien différent du Juif arabisé dont l’image a été largement véhiculée par les écrivains voyageurs, les peintres et les cartes postales [1][1] Cf. Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie des origines....

Le traumatisme de la guerre
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La Seconde Guerre mondiale a constitué un choc pour ces communautés qui tendaient de plus en plus à s’identifier au colonisateur et à reproduire le modèle du Juif métropolitain. La défaite de la France, considérée jusqu’alors comme invincible, invincibilité qui expliquait et justifiait sa présence en Tunisie, a remis en question le bien fondé du Protectorat. Les lois raciales, appliquées en Tunisie du 30 novembre 1940 au 10 juin 1943, ont détruit l’image de la France républicaine, égalitariste, émancipatrice des Juifs, garante des libertés et qui, en 1881, avait aboli toutes les discriminations qui pesaient encore sur les Juifs de la Régence. Le statut discriminatoire imposé par Vichy n’est abrogé que le 8 août 1943, soit deux mois après la libération de Tunis, et non sans que la communauté juive ait eu à livrer combat. Les réticences des autorités giraudistes d’Alger à mettre fin à la législation de Vichy laissèrent un goût amer aux responsables du judaïsme tunisien qui avaient milité pour l’assimilation française, leur donnant à penser que les lois raciales n’avaient pas été un gage donné par Vichy aux occupants allemands mais l’expression d’une volonté politique propre [2][2] Sur la période de la guerre, cf. Paul Ghez, Six mois....

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La Tunisie a été occupée par les troupes de l’Axe durant six mois où, dans les camps de travail forcé institués par les Allemands, plusieurs milliers de jeunes – entre dix-sept et trente ans pour la plupart – vécurent dans des conditions difficiles, souvent victimes de mauvais traitements et d’actes de barbarie. Si le bilan final n’est pas trop lourd puisque le nombre de tués dans les camps d’internement se limite à quarante-trois jeunes gens, les Juifs de Tunisie ont ressenti douloureusement, pendant cette période dramatique, leur abandon par les autorités françaises qui, en dépit de quelques gestes ponctuels, ne sont pas intervenues pour empêcher ou limiter les mesures prises à leur encontre par les Allemands.

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L’image de la puissance protectrice est donc atteinte et l’on ne peut s’empêcher de considérer que la France a ainsi elle-même porté le premier coup au traité du Bardo signé en 1881 avec le bey de Tunis, qui fondait l’occupation française sur l’engagement de protéger la personne du souverain et ses sujets.

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La Tunisie a été également pendant ces six mois d’occupation un champ de bataille entre les belligérants. Tunis et les principales villes de l’intérieur ont été l’objet de bombardements aériens presque quotidiens. À la Libération, des milliers d’hectares de culture étaient dévastés, des villes à forte population juive comme Sfax, Sousse, Bizerte, Béja, entièrement détruites, la structure industrielle, généralement située dans les zones portuaires, presque totalement endommagée. Cette situation a entraîné d’importants mouvements de la population juive de l’intérieur vers Tunis, l’apparition au sein de la communauté de la capitale d’un nouveau type d’assistés, les réfugiés, et une prolétarisation de nombreux éléments de la petite bourgeoisie, voire de la moyenne et de la grande bourgeoisie, touchés dans leurs emplois ou dans leurs biens. Coupée de la métropole, la Tunisie ne peut commencer sa reconstruction qu’après 1945 et même 1947 pour des villes comme Sfax et Sousse.

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Tous ces bouleversements liés à la guerre eurent des répercussions sur les institutions communautaires, les idéologies, les comportements individuels et il nous a semblé intéressant d’essayer de dégager les mutations et les éléments de continuité.

Des institutions communautaires modernisées et démocratisées
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Au début du XVIIIe siècle, au cours de l’année 1710, suite à de nombreuses frictions entre les Juifs implantés en Tunisie de longue date et ceux qui étaient arrivés plus récemment d’Italie et particulièrement de Livourne, une scission intervint au sein de la communauté jusqu’alors unifiée. Il y eut désormais deux communautés : l’une tunisienne, l’autre livournaise, ayant chacune son grand rabbin, son tribunal rabbinique, son talmud torah, son cimetière. En juillet 1741, les deux communautés, représentées par leur grand rabbin respectif, conclurent un accord arrêtant que tout israélite d’origine tunisienne ou venu d’un pays musulman serait rattaché à la communauté tunisienne et que tout israélite venu d’un pays chrétien serait rattaché à la communauté livournaise [3][3] Cf. Itshaq Avrahami, Pinkas Haqéhila Hayéhudit ha portugesit....

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Cette séparation en deux communautés subsista après l’avènement du Protectorat malgré les efforts des grands rabbins et des notables de la communauté tunisienne pour parvenir à une fusion. La seule modification notable au lendemain de l’établissement du Protectorat réside dans le changement de dénomination : on appela désormais « communauté portugaise » ce que l’on avait jusque-là appelée « communauté livournaise ». Le terme « portugais » présentait l’avantage de rappeler la lointaine origine de ceux qui ne faisaient pas partie de la communauté tunisienne, mais surtout de ne pas affirmer l’italianité de cette communauté à une époque où la rivalité franco-italienne était vive en Tunisie ; celle-ci était d’ailleurs composée certes d’une majorité d’Italiens mais également de fidèles d’autres nationalités [4][4] À partir du Protectorat et jusqu’à la Seconde Guerre.... Le décret beylical du 30 août 1921 qui instituait un conseil de la communauté israélite de Tunis élu au suffrage à deux degrés, consacra l’existence en son sein d’une section dite portugaise composée de quatorze délégués.

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Après la libération de la Tunisie (mai 1943), la communauté portugaise se trouve amputée d’une bonne partie de ses membres. Une grande part des 3 200 Juifs italiens recensés au début de la guerre avait demandé la naturalisation française à la suite des lois raciales instituées en 1938 par le régime mussolinien. D’autres avaient été expulsés en raison de leur adhésion au parti fasciste. Enfin l’abrogation des conventions franco-italiennes de 1896 conféra automatiquement la nationalité française aux enfants italiens nés en Tunisie après le 10 juin 1940, si l’un des parents y était lui-même né. Le maintien d’une communauté distincte ne se justifie donc plus quantitativement. Politiquement, il est également difficile de maintenir une institution à dominante italienne alors que les organismes italiens sont qualifiés d’« ennemis » et soumis à des mesures discriminatoires. Moralement enfin, après la Shoah qui a frappé indistinctement les Juifs de toutes origines, la distinction choque et apparaît à certains blasphématoire. Aussi le décret beylical du 17 février 1944 met-il fin à l’existence de la section portugaise et le conseil de la communauté élu en 1947 ne connaît pas de distinction entre membres tunisiens ou portugais. À titre symbolique, le mur qui séparait dans la nécropole du Borgel le cimetière tunisien du cimetière portugais est abattu.

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Unifiée, cette communauté est aussi réorganisée dans un sens plus démocratique. Le décret du 21 mars 1947 supprime le cens électoral. Désormais, tout israélite majeur de sexe masculin demandant son inscription sur les listes électorales est électeur et apte à désigner les membres du conseil de la communauté, qui constitue un établissement public bénéficiaire d’impôts de consommation levés pour son compte par l’État et qui, indépendamment de ses fonctions cultuelles, a la charge de l’assistance publique concernant les israélites. Le principe de l’élection est également introduit dans les communautés de Sfax et de Sousse.

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Alors qu’avant guerre, même si le conseil de la communauté de Tunis exerçait une prééminence morale qui lui valait d’être consulté par les Pouvoirs Publics sur les problèmes généraux et de désigner le grand rabbin de Tunisie, le législateur s’était toujours refusé à créer un lien organique entre les diverses communautés de la Régence, craignant sans doute le poids d’un organisme central et préférant l’existence de petites communautés dans l’intérieur de la Tunisie, plus malléables et peu aptes aux revendications et aux pressions. En avril 1948, réunis à l’initiative du conseil de la communauté de Tunis, les représentants de toutes les communautés de la Régence créent entre elles une Fédération chargée d’étudier leurs problèmes communs et de coordonner leurs actions tant vis-à-vis des Pouvoirs Publics que des organisations juives internationales [5][5] La Fédération des communautés israélites de Tunisie.... Sans reconnaître une existence légale à cette Fédération, les autorités française la considèrent comme une société de fait, qu’elles consultent à différentes occasions. Elle est, dès sa création, reconnue par le Congrès juif mondial (CJM) comme organisation représentative du judaïsme tunisien.

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Plus démocratiquement organisé, ce judaïsme tunisien est bien ancré dans la Cité. Toutes les discriminations de Vichy ont été abolies et les Juifs de Tunisie participent à la vie politique de la Régence. Le Grand Conseil de Tunisie, assemblée ayant compétence en matière budgétaire et consultée sur la législation, est divisé en deux sections élues, l’une tunisienne, l’autre française. La section tunisienne compte obligatoirement trois israélites élus par leurs seuls coreligionnaires de nationalité tunisienne [6][6] Albert Bessis, avocat, Victor Guez négociant, Gérard.... Pour la section française, on remarque lors des élections de 1945 que dans les centres importants les listes de candidats comprennent au moins un israélite. Ces derniers se partagent donc entre toutes les sensibilités politiques avec néanmoins un plus fort pourcentage à gauche, même si, à Sfax, c’est un dirigeant communautaire, Charles Saada, qui est tête de liste du Rassemblement français, partisan du statu quo en matière coloniale. Sept israélites français sont élus et se partagent entre tous les groupes de l’assemblée [7][7] Rassemblement Français (Charles Saada, Sfax) ; SFIO....

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Ancré dans la Cité, uni, le judaïsme tunisien n’est plus isolé. Il entretient des rapports avec les autres communautés et les grandes organisations juives mondiales. En avril 1948, le grand rabbin de France Isaïe Schwartz rend visite aux Juifs de Tunisie. Ce séjour de plus d’un mois est l’occasion de réflexions avec les dirigeants communautaires et le rabbinat local sur les mesures à prendre pour pallier à une acculturation de plus en plus perceptible au sein de la jeunesse juive. Affiliée en 1948 au CJM, la Fédération des communautés juives de Tunisie participe activement aux travaux de cet organisme. Élie Nataf, président de la Fédération, est élu en 1949 membre de l’exécutif du Congrès, tandis que deux autres délégués, Charles Haddad de Tunis et Mathieu Ganem de Sfax, siègent au Conseil général.

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Sur le plan social, la Tunisie est inscrite dès 1944 dans le programme d’aide aux communautés mis au point par l’American Joint Distribution Committee. Cet organisme propose en 1945 d’aider la communauté de Tunis à secourir les réfugiés de l’intérieur du pays dont elle a la charge. Le conseil de la communauté alors en place, que préside Félix Samama, refuse le principe d’une aide américaine, craignant de froisser les susceptibilités françaises. Le conseil élu en 1947 fait au contraire appel à l’organisation américaine. Un comité consultatif présidé par Paul Ghez est mis en place, et un vaste plan d’aide est préparé et proposé. Le Joint apporte expérience, matériel et fonds et permet en quelques années de profondes transformations tant dans la nature de l’assistance dispensée que dans la structure sociale elle-même de la communauté. C’est en particulier l’action du Joint qui permet la création sur place de l’Organisation de Secours aux enfants (OSE Tunisie) puis de l’Organisation Reconstruction Travail (ORT) [8][8] Cf. Archives Juives, Les Juifs de Tunisie, numéro 32/1,....

Le déclin d’un vieux courant : le parti de la francisation
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Entre les deux guerres, un groupe d’intellectuels issus des universités françaises et réunis autour du journal La Justice joua un rôle important dans la communauté ; ce « Parti de la francisation [9][9] Sur La Justice, cf. Annie Goldman, Les Filles de Mardochée,... » fut un élément moteur dans l’adoption de la loi de 1923 permettant la naturalisation française, dans l’abrogation de toutes les mesures discriminatoires et dans la démocratisation de l’institution communautaire. Il sembla triompher en 1934 lorsque ses membres accédèrent à la direction du conseil de la communauté, mais la guerre porta un rude coup à la montée en puissance de ce courant qui paraissait jusqu’alors aller dans le sens de l’histoire. Ses membres prirent conscience que l’histoire ne se déroulait pas suivant leur vision idéaliste d’une intégration réussie à la France des Droits de l’Homme. Frappés par le statut des Juifs institué par Vichy, abandonnés par la puissance protectrice face à l’occupant allemand, ils ne cessèrent plus de s’interroger sur la réalité de leur intégration au modèle français après la libération de 1943. Ces interrogations sont plus perceptibles et plus pérennes que chez les Juifs d’Algérie, lesquels considérèrent la période de Vichy comme une parenthèse et saluèrent sans état d’âme leur retour à la citoyenneté française.

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Paul Ghez, l’un des apôtres de la francisation, ancien combattant des deux guerres, avouait, lui, dans une conférence : « Nous avons été déçus cruellement. Nous qui avions toujours répondu présents à l’appel de la France, nous nous sommes trouvés seuls, abandonnés, rejetés. Plus que les violences des Allemands, c’est ce sentiment d’abandon, ce sentiment d’avoir été trahi, qui a été le plus dur à supporter… » Et d’ajouter : « Certes nous aimons toujours la France, mais notre amour est sans aucun doute mêlé de tristesse et d’interrogations… Avons-nous eu raison d’engager nos coreligionnaires à nous suivre vers cette Patrie française, si celle-ci a été capable de nous rejeter [10][10] Le Petit matin, 15 juin 1947. ? ». Pour sa part, Serge Moati, militant SFIO et ancien rédacteur en chef de La Justice, de retour de déportation, évoque ses relations passées avec le mouvement sioniste et se demande publiquement s’il n’y a pas lieu sur ce point de procéder « à une révision déchirante [11][11] Bulletin du Centre de documentation juive, n° 2, janvier... ». Une note des Renseignements généraux adressée à la Résidence générale signale avec étonnement que deux anciens leaders du courant de la francisation, Élie Nataf, président honoraire de la communauté, et Paul Ghez participent à des réunions sionistes.

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En fait, le Parti de la francisation cesse d’exister en tant que courant dans la communauté. Avant la guerre, la naturalisation française semblait pour l’immense majorité des jeunes gens juifs un idéal à mériter, un but à atteindre. Entre 1923 et 1930, 80 % des israélites tunisiens bacheliers de l’enseignement secondaire s’empressèrent dès leur majorité de solliciter la naturalisation française. Selon Paul Sebag, 6 667 israélites tunisiens ont été naturalisés français entre 1924 et 1939 [12][12] Paul Sebag, op. cit., p. 183.. Entre 1944 et 1955, alors que les conditions d’accès à la naturalisation ont été facilitées, Paul Sebag ne recense plus que 910 naturalisations [13][13] Ibid., p. 257.. Déçus par la France, les Juifs tunisiens semblent chercher ailleurs les conditions d’une émancipation.

De nouveaux types d’engagement : nationalisme tunisien, communisme, sionisme
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Certains, comparant « la trahison » de la France à l’attitude amicale du bey et des grands notables musulmans, estiment qu’il faut désormais prendre en compte le développement du nationalisme tunisien. Ainsi Albert Bessis, l’un des plus éminents notables communautaires, participe-t-il dès la fin de la guerre au comité constitué pour le retour de Moncef Bey, chassé de son trône par les autorités françaises. À la mort de ce dernier, Albert Bessis affirme son allégeance à Lamine Bey qui le consulte souvent. D’autres Juifs tunisiens vont plus loin et se font un devoir de soutenir les revendications du Néo-Destour.

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D’autres enfin espèrent trouver dans l’internationalisme communiste l’intégration que la France leur a refusée. Avant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement communiste en Tunisie, d’ailleurs assez faible, comprenait peu de Juifs tunisiens, pour la plupart des employés, très impliqués dans l’action syndicale, ou des étudiants. La guerre et les discriminations entraînèrent un très grand nombre de jeunes gens, attirés par la propagande anti-nazie du Parti communiste clandestin, à rejoindre ce dernier et à jouer un grand rôle dans la Résistance [14][14] Paul Sebag, Communistes de Tunisie (1939-1943), Paris,.... Les Juifs devinrent majoritaires au sein du Parti communiste tunisien (PCT), et furent chargés plus particulièrement du travail idéologique en direction des masses [15][15] Habib Kazdaghli, « L’Engagement des juifs tunisiens.... Ce recrutement juif ne cessa de croître jusqu’à l’indépendance. À côté des militants, des compagnons de route prestigieux soutinrent, sans aller jusqu’à l’adhésion, l’action du PCT ou participèrent à des cercles qui lui étaient proches [16][16] Ainsi Henri Samama, membre du conseil de la communauté....

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Par ailleurs le Parti s’intéresse aux institutions communautaires : trois de ses membres font partie du conseil de la communauté élu en 1947 ; aux élections de 1951, il est à l’origine d’une liste composée de quelques militants communistes notoires mais aussi de sionistes de gauche et de compagnons de route. Aux élections de 1955, après avoir tenté de présenter une liste autonome, le PCT soutient la liste présentée par le bâtonnier Élie Nataf.

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Cet engagement de nombreux Juifs dans le camp communiste constitue une donne nouvelle du judaïsme tunisien d’après-guerre. Essentiellement composé d’intellectuels bourgeois, mais pas exclusivement, ces militants gênent à la fois les notables communautaires et plus paradoxalement le Parti lui-même qui craint d’apparaître comme le parti des Juifs aux yeux des masses musulmanes. Habib Kazadghli, dans la communication présentée au colloque de La Manouba [17][17] Habib Kazdaghli, op. cit, pp. 231-233., et sur la foi des archives de l’Internationale communiste, souligne combien le Parti communiste français et le Bureau de l’Internationale communiste jugeaient encombrante cette présence juive. Progressivement d’ailleurs, et à une ou deux exceptions près, les militants juifs sont éliminés du comité central du PCT.

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Mais c’est surtout le mouvement sioniste qui connaît après guerre une transformation profonde et un essor considérable. Le courant sioniste était présent dès avant la guerre au sein de la communauté. À côté de deux groupes opposés et relativement actifs, mais numériquement faibles, le Bétar et l’Hachomer Hatsaïr, le sionisme tunisien était surtout un sionisme de sympathie et de solidarité envers les Juifs persécutés pour lesquels la Palestine était un refuge [18][18] Sur le sionisme, cf. Michaël M. Laskier, « Evolution.... Pendant la guerre, la présence d’émissaires de Palestine bloqués en Tunisie permit de développer un sionisme clandestin qui recrutait au sein d’une jeunesse désappointée par l’attitude française et en mal d’identité. Peu après la libération de Tunis une presse sioniste apparaît au grand jour et tout l’éventail des mouvements sionistes avec leurs prolongements jeunes est présent en Tunisie. Une activité intense, frénétique même, se développe et fait de Tunis le centre du mouvement haloutzique (pionnier) qui essaime à travers toute l’Afrique du Nord.

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On constate deux nouveautés par rapport au sionisme de l’avant-guerre. D’une part, les dirigeants sont souvent des Juifs français qui n’auraient sans doute pas rejoint ses rangs avant la guerre [19][19] Sauveur Baranès, avocat à Sousse, engagé volontaire... ; d’autre part, le sionisme n’est plus un mouvement bourgeois mais un mouvement majoritairement populaire. La propagande sioniste rencontre un plus large écho dans les communautés de l’arrière-pays et dans les couches les plus pauvres de la population. Les Éclaireurs israélites de France (EIF), considérés avant 1940 comme le mouvement de jeunesse assimilationniste, voient leur recrutement diminuer au profit des éclaireurs de l’Union universelle de la jeunesse juive (UUJJ), organisation plus favorable au sionisme.

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Le mouvement sioniste participe aux élections communautaires. En 1947, toutes les tendances du mouvement s’unissent au sein de la liste présidée par le bâtonnier Élie Nataf, qui affirme dans son programme sa volonté de voir s’établir « en Palestine un foyer national juif et développer l’enseignement de l’hébreu moderne », alors que la liste du président sortant, Félix Samama, intitulée « Liste d’amitié judéo-franco-musulmane » est muette sur la question, et que l’on reproche à son chef son opposition avérée au sionisme.

Les mutations idéologiques : essai d’évaluation
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Tendance à « la francisation » diminuée sinon disparue, courants nouveaux très importants comme les courants communiste et sioniste, peut-on parler dès lors d’une mutation idéologique de la communauté juive en Tunisie ?

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Ce constat satisfaisant pour l’esprit mérite d’être nuancé. Les communistes sont certes actifs et paraissent nombreux. Mais, dans la réalité, la liste qu’ils soutiennent aux élections communautaires de 1951 aura une moyenne de 600 voix. Le courant sioniste n’est pas davantage un mouvement de masse. L’émigration vers Israël ne dépasse pas 3 000 personnes en 1948. Peut-on d’ailleurs parler de courant sioniste alors que les positions des différents mouvements sont souvent très éloignées ? Entre le Bétar qui approuve la politique des autorités françaises à l’égard des Tunisiens, et l’Hachomer Hatzaïr qui regarde avec sympathie le mouvement destourien, le fossé est patent. À y regarder de plus près, et en se reportant aux débats ayant agité la communauté depuis 1881 et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, on peut retrouver les mêmes lignes de force et les mêmes lignes de partage. Pour reprendre une distinction consacrée par François Goguel pour les partis politiques français, nous pouvons remarquer la permanence au sein du judaïsme tunisien non pas d’un parti religieux et d’un parti non religieux, non pas d’un parti sioniste et d’un parti non sioniste, mais d’un parti de l’Ordre et d’un parti du Mouvement.

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Pour le parti de l’Ordre, il s’agit de maintenir les institutions communautaires, d’assurer les besoins du culte et de secourir les pauvres en application du principe religieux de la tsedaka. Pour le parti du Mouvement, il s’agit de réformer les institutions, de faire progresser les individus culturellement et socialement, de lutter contre la misère par l’instruction, l’hygiène, l’amélioration de l’habitat, en un mot d’essayer de l’enrayer par le progrès. La ligne de démarcation traverse tous les partis, tous les courants : il y a des rabbins dans le parti de l’Ordre et des rabbins dans le parti du Mouvement ; il y a des sionistes dans l’un comme dans l’autre.

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Les mutations idéologiques nées de la guerre apparaissent dès lors moins radicales. Mais elles confèrent à ces deux partis – l’Ordre et le Mouvement – des couleurs nouvelles. C’est moins dans la communauté que dans la Cité que les mutations se font sentir : par l’engagement plus radical des Juifs dans la vie politique locale, par la démocratisation des courants communautaires, par une émigration vers Israël.

Du côté des individus
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Pour les jeunes hommes de l’après-guerre, les camps de travail institués pendant l’occupation allemande ont constitué une expérience fondamentale. 90 % des requis n’avaient jamais quitté leur ville, n’avaient jamais pratiqué de sport. La jeunesse juive de l’après-guerre est une jeunesse plus responsabilisée, plus engagée : engagement syndical ou politique ou communautaire. Le Juif de Tunisie s’intéresse au monde où il vit, ne laisse pas à quelques notables le soin de décider de son sort.

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La scolarisation est importante. En 1946, 14 441 enfants juifs tunisiens sont scolarisés dans les établissements publics et privés, dont 4 000 dans les cinq écoles de l’Alliance israélite. À ce chiffre il faut ajouter celui des Juifs français. Mais si la scolarité primaire concerne tous les enfants juifs, une minorité seulement poursuit une scolarité au-delà de quatorze ans.

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La connaissance du français se développe dans toutes les couches sociales et l’usage de l’arabe ne cesse de se restreindre. Pour ceux dont les parents sont passés par l’école française, le français est la langue maternelle, et la langue arabe est ignorée. Comme les Juifs qui comprennent et lisent le français sont de plus en plus nombreux et de moins en moins nombreux ceux qui comprennent l’arabe, la presse judéo-arabe qui comptait au moins cinq titres avant 1940 voit sa clientèle se réduire, et un seul titre, Al Nejma (l’Étoile), publié à Sousse, se maintient après la guerre.

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L’illustration de cette francisation par la langue est fournie par Albert Memmi, né en 1920, qui se revendique « enfant du ghetto », scolarisé en primaire à l’Alliance israélite puis pour ses études secondaires au lycée Carnot ; professeur de philosophie, il publie en 1953 La Statue de Sel, ouvrage loué par Sartre et Camus, autobiographie romancée qui critique toutes les voies entre lesquelles les nouvelles générations peuvent choisir : religion, sionisme, assimilation française, nationalisme tunisien, communisme et dont la conclusion désespérée s’accorde avec la philosophie du temps qui affirme l’absurdité du monde.

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Les traditions religieuses se perdent chez les jeunes générations. Mais en même temps on assiste à un renouveau religieux marqué par la présence de jeunes rabbins, parlant français, habillés à l’européenne, formés à la yeshiva d’Aix-les-Bains ou au séminaire de la rue Vauquelin. Ces jeunes rabbins multiplient les offices pour les jeunes, les cercles d’études et occupent des postes d’aumôniers dans les lycées laïcs comme le lycée Carnot ou le lycée de Carthage. En 1945, après un voyage à Tunis de Théo Klein, on assiste à la création de la section tunisoise de l’Union des étudiants juifs de France qui joue un rôle important dans la diffusion de la culture juive auprès des jeunes intellectuels. Cette création nous permet d’ailleurs deux remarques : une union spécifique des étudiants juifs n’aurait jamais vu le jour avant la guerre, parce qu’à cette époque les jeunes intellectuels juifs n’auraient jamais souhaité affirmer leur particularisme au sein de l’Université ; toutefois la nouvelle association s’appelle Union des étudiants juifs de France : le cordon ombilical avec la France n’est pas coupé ; pour les fondateurs, la Tunisie c’est encore la France.

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L’enseignement de l’hébreu connaît une grande vogue. En 1950, vingt-sept cours sont organisés par la communauté avec le soutien financier du Joint, tant pour l’hébreu classique que pour l’hébreu moderne.

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L’accent est fortement mis sur le sport. Les thèmes de « la nouvelle jeunesse juive », du camping, du scoutisme, de la vie à l’extérieur, sont des thèmes récurrents dans tous les partis et courants de la communauté, des traditionalistes aux esprits les plus avancés. Ce n’est pas tout à fait une nouveauté. L’avant-guerre avait vu la naissance d’un scoutisme juif (UUJJ, EIF) ; le journal La Justice avait lancé des campagnes en faveur de la pratique du sport et du scoutisme. Mais ce mouvement concernait une minorité, la plus bourgeoise, la plus francisée aussi. Hormis le football avec la prestigieuse équipe, majoritairement juive, de l’UST, les Juifs pratiquaient essentiellement des sports individuels (comme les frères Barouch, champions d’escrime, les frères Taïeb, champions de natation, Naccache, champion de tennis). Après la guerre, les groupements sportifs spécifiquement juifs se multiplient tandis que ceux qui existaient déjà se développent considérablement. Le sport n’est plus réservé à une élite de la communauté. En 1948 le conseil de la communauté créé un organisme pour le sport populaire, « Sport et joie », et subventionne les groupements sportifs juifs qui reçoivent du matériel du Joint.

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Mais c’est surtout sur le plan social avec l’action de l’OSE et de l’ORT que les modifications sont notables. En dispensant des soins à l’enfance, en organisant des visites médicales systématiques, en lançant des campagnes contre la teigne, la tuberculose, le trachome, l’OSE arrive à éradiquer ces fléaux et à favoriser l’éclosion d’une jeunesse physiquement saine. L’ORT, en scolarisant et en préparant au CAP 300 jeunes chaque année à partir de 1951, en donnant à des adultes une formation professionnelle, permet d’offrir des métiers qualifiés et rémunérateurs à une population souvent vouée à des métiers de fortune, au chômage et à la misère.

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Dans toutes les publications juives on idéalise la figure du Juif résistant, du Juif combattant. Les récits sur la lutte du ghetto de Varsovie, sur les combattants de la guerre de 1948, sont reproduits à l’envie. Nous voulons, écrit Élie Nataf en 1947, « former un nouveau type de juif, fier de sa judéité, sans complexe, sportif, libéré du ghetto [20][20] Le Petit matin, 27 juin 1947.. »

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Pour certains observateurs de la vie communautaire tunisienne, les mutations que nous avons tenté de dégager ne sont que les conséquences du développement économique. Cette explication est sommaire car elle ignore le poids de la guerre et de l’occupation allemande qui ont bouleversé les mentalités et mis à mal l’inclination pour la France. Elle excepte aussi le rôle des institutions juives internationales et fait abstraction des différences que l’on peut constater avec les deux autres pays d’Afrique du Nord qui ont connu les mêmes conditions économiques. En Algérie, le courant sioniste a été très faible et même si Vichy a abrogé le décret Crémieux, la guerre n’a pas remis en cause l’appartenance des Juifs d’Algérie à la nation française. Au Maroc, l’imprégnation religieuse est beaucoup plus importante, le mouvement sioniste est plus nombreux même s’il compte moins de courants ; mais le judaïsme marocain amorce un mouvement culturel plus important vers la France pendant la période où le judaïsme tunisien remet en question le modèle français.

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La distinction entre le parti de l’Ordre et le parti du Mouvement au sein de la communauté que nous avons mis en lumière nous conduit à relativiser l’influence des mutations sur le destin communautaire. Réelles et importantes, chacune mériterait d’être l’objet d’une étude. Sans influence sur le destin communautaire, elles permettent cependant à la jeunesse juive tunisienne, au moment où la Tunisie accède à l’indépendance, d’être prête à affronter les conditions de vie en Israël ou en Europe.

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?

NOTES
[1]
Cf. Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie des origines à nos jours, Paris, L’Harmattan, 1991 ; Jacques Taïeb, Sociétés juives du Maghreb moderne (1500-1900), un monde en mouvement, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000 ; Juifs et Musulmans en Tunisie, fraternité et déchirements, actes du colloque international organisé par la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie et l’université de Tunis I, 22-25 mars 1999, Paris, Somogy, 2003.

[2]
Sur la période de la guerre, cf. Paul Ghez, Six mois sous la botte, Tunis, SAPI, 1943 ; Robert Borgel, Étoile jaune et croix gammée, Tunis, SAPI, 1944 ; Jacques Sabille, Les Juifs de Tunisie sous Vichy et sous l’occupation allemande, préface de Daniel Mayer, Paris, Éditions du CDJC, 1954 ; Michel Abitbol, Les Juifs d’Afrique du Nord sous Vichy, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983 ; Claude Nataf, « Les Juifs de Tunisie face à Vichy et aux persécutions allemandes », Pardès, numéro spécial Les Juifs de France dans la seconde guerre mondiale, sous la direction d’André Kaspi, Annie Kriegel, Annette Wieviorka, 1992, pp. 203-231.

[3]
Cf. Itshaq Avrahami, Pinkas Haqéhila Hayéhudit ha portugesit betunis (en hébreu, sommaire en français), Lod Orot Yahdut hamagreb, 1997 ; Lionel Lévy, La Nation juive portugaise. Livourne, Amsterdam, Tunis (1591-1951), Paris, L’Harmattan, 1999.

[4]
À partir du Protectorat et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la communauté dite portugaise n’eut que deux présidents, tous deux de nationalité française : Gabriel Valensi auquel succéda en 1922 son fils Raymond Valensi, membre du comité central de l’Alliance israélite universelle et ancien député de la Nation française de Tunisie.

[5]
La Fédération des communautés israélites de Tunisie a été présidée de 1948 au 10 mai 1951 par Élie Nataf président de la communauté de Tunis, auquel succéda en 1951 Charles Saada, président de la communauté de Sfax. En 1953, une fédération scissionniste fut présidée par Charles Haddad, président de la communauté de Tunis. En 1955, la fédération réunifiée fut présidée par Isaac Hayat, président de la communauté de Sousse. Cf. Archives du bâtonnier Élie Nataf détenues par l’auteur.

[6]
Albert Bessis, avocat, Victor Guez négociant, Gérard Mamou industriel.

[7]
Rassemblement Français (Charles Saada, Sfax) ; SFIO (Serge Moati, Tunis ; Docteur Boujnah et Albert Scetbon, Sousse) ; Parti radical (Albert Karila, Bizerte) ; Parti communiste (Georges Attal, Tunis, et Fernand Zermati, Sousse).

[8]
Cf. Archives Juives, Les Juifs de Tunisie, numéro 32/1, 1er semestre 1999, et en particulier les articles de Claude Nataf, « La communauté juive de Tunisie sous le Protectorat français » pp. 4-19, et de Lucien Moatti « l’OSE Tunisie : un exemple de solidarité juive internationale envers le judaïsme séfarade après la Shoa », pp. 63-76.

[9]
Sur La Justice, cf. Annie Goldman, Les Filles de Mardochée, Paris, Denoël-Gonthier, 1979, et Claude Nataf, « La tentation de l’assimilation française : les intellectuels du groupe de La Justice », in Juifs et Musulmans en Tunisie : fraternité et déchirements, op. cit.

[10]
Le Petit matin, 15 juin 1947.

[11]
Bulletin du Centre de documentation juive, n° 2, janvier 1946.

[12]
Paul Sebag, op. cit., p. 183.

[13]
Ibid., p. 257.

[14]
Paul Sebag, Communistes de Tunisie (1939-1943), Paris, l’Harmattan, 2001.

[15]
Habib Kazdaghli, « L’Engagement des juifs tunisiens dans l’anticolonialisme 1919-1956 », in Histoire communautaire : histoires plurielles, la communauté juive de Tunisie, actes du colloque de Tunis, 25-27 février 1998, CPU, 1999.

[16]
Ainsi Henri Samama, membre du conseil de la communauté israélite, le bâtonnier Castro, Georges Bijaoui, avocat et président de France-Tunisie-URSS.

[17]
Habib Kazdaghli, op. cit, pp. 231-233.

[18]
Sur le sionisme, cf. Michaël M. Laskier, « Evolution of Zionist Activity in the Jewish Community of Marocco, Tunisia and Algeria : 1897-1947 », Studies in Zionism, n° 8, octobre 1983 ; Armand Attal, « 1897-1947 : 50 ans de sionisme en Tunisie », Archives Juives, Les Juifs de Tunisie, n° 32/1, 1er semestre 1999, pp. 53-62.

[19]
Sauveur Baranès, avocat à Sousse, engagé volontaire en 1917, président du Dror ; Moïse André Saal, professeur à l’Alliance, ancien combattant de la campagne de 1940, prisonnier de guerre, président du Bétar ; William Jaoui, ancien combattant de la 1re Armée, président de l’Hachomer Hatzaïr.

[20]
Le Petit matin, 27 juin 1947.

Commentaires

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53 années 8 mois
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1) En septembre 1942, quelques semaines après la criminelle rafle du VEL d'HIV à Paris voici ce que furent les funérailles de Raymond Valensi à la Grande Synagogue de Tunis en présence des autorités françaises politiques, militaires et religieuses , telles qu'elles furent décrites par le quotidien LE PETIT MATIN:

FUNERALE RAYMOND VALENSI

(da Le Petit Matin – Tunisi – settembre 1942: data da precisare)

(su tre colonne)

documento spedito da Elia Boccara, nipotino di Raymond Valensi

 

     C’est en présence d’une assistance particulièrement dense et émue qu’ont été célébrés hier matin les obsèques de M. Raymond Valensi, ingénieur des Arts et Manufactures [Ecole Centrale], Chevalier de la Légion d’Honneur, doyen de la colonie française, ancien député de la Nation, ancien Vice-Président de la ville de Tunis [selon d’autres sources maire de Tunis], Président de la communauté Israélite Portugaise, président honoraire des Pionniers français de Tunisie et du groupe des centraux de Tunisie. Bien avant l’heure des funérailles de nombreuses personnalités de la Colonie Française et Israélite se trouvaient déjà devant le domicile mortuaire de la rue d’Espagne.

     La levée du corps a lieu à 9 h. 30.

     Le char funèbre est recouvert de couronnes et de fleurs offertes par les divers groupements dont le regrétté défunt faisait partie.

     Les cordons des poèles sont tenus le premier par la mère supérieure des Soeurs de Saint Joseph, le frère Denis, supérieur des Frères, M. Guénier, président actif, M. Jourdan, secrétaire général et Marcel Gandolphe, des Pionniers Français de Tunisie, et le deuxième par M. Moïse Borgel, président du Conseil de la Communauté Israélite [Tunisienne] ; M. Victor Chalom, M. [Clément] Ouziel, M. Tahar, directeur des Ecoles de l’Alliance Israélite ; M. Boisset et M. Signouret.

     Le deuil est conduit par son fils M. Victor Valensi, son frère, sa fille et son gendre M. Victor Bessis, qu’entouraient les membres de la famille.

     Parmi les nombreuses personnalités qui avaient tenu à témoigner leurs sympathies aux familles en deuil nous notons la présence de MM. Le commandant Durande, représentant l’Amiral Esteva, Résident Général de France en Tunisie ; le capitaine Chauffardet, représentant le Général Barré, Commandant supérieur des troupes en Tunisie ; le sous-préfet Hugon, représentant M. Binoche, Secrétaire Général du Gouvernement Tunisien ; le colonel Heym, vice-président délégué à la Municipalité de Tunis ; M. Lamotte délégué à la Justice Tunisienne ; M. Barron, délégué à la Section d’Etat.

     M. le Grand Rabbin de Tunisie Rebbi Haim Bellaïche, M. Bernard, secrétaire Général à la Municipalité de Tunis ; M. Jean Ventre, président de la Chambre de Commerce Française de Tunis ; MM. Eugène Bessis et Elie Nataf, Présidents Honoraires de la Communauté Israélite ; Me Albert Bessis, MM. Nessim Nataf et Victor Guez, membres du Grand Conseil.

     MM. les rabbins David Bembaron, Salomon Sitruk, David Berdah et Iehoua El Malih, respectivement président et juges du Tribunal Rabbinique de Tunis ; MM. Couderc, Keller, Chollet, Parrentin et Albert Bondin, vice-présidents et membres de la Chambre de Commerce de Tunis ; MM. Hignard et Ellul, conseillers municipaux.

MM. Lassau, des Services Economiques, Hachim ben Khelifa, Caid de Mateur ; MM. David Hassid, Moïse Abitbol et Achille Berdah, membres de la Communauté Israélite ; MM. Les docteurs Hayat, Scialom, Darius Calo, Boulakia, Emilio Molco et Emilio Levy. Maîtres Eyquem et Victor Sebag, avocats-défenseurs ; M. Jacques Halom, MM. Tanti, directeur de la Société Générale ; Guérin, directeur de la Banque Nationale de Crédit et de Commerce (Afrique), M. Curtelin, consul des Pays-Bas et Michel Uzan, consul du Brésil, M. Poinsot, M. Sylvain Moutton, M. Joseph Enriquez, M. Salomon Fiorentino, M. Moreno Rego [ ?] M. Alfred Coen, M. Barsotti, M. Yom Tob, M. Khalfon.

     Des délégations des Institutrices et Instituteurs des Ecoles de l’Alliance Israélite, du Comité Scolaire de Perfectionnements des Ecoles de l’Alliance Israélite, du Comité de l’Association des Anciens Eleves des Ecoles de l’Alliance Israelite, des Pionniers français de Tunisie, du Conseil de la Communauté Israélite de Tunis, du Conseil d’Administration de la Communauté Israélite Portugaise, de l’Association des Architectes de Tunis, du groupe des Centraujx de Tunisie.

    Le « Petit Matin » était représenté par son directeur, M. Simon Zana et son rédacteur en chef, M. Max Zetlaoui.

     Le cortège funèbre quitte la maison mortuaire en se dirigeant vers le dépositoire de la rue de Navarin, empruntant les rues du Portugal, de Hollande, de Naples, la Place de l’Ecole Israélite et enfin la Rue d’Athènes.

 

Les discours

Avant de procéder aux prières rituelles prennent successivement la parole M. Moïse Borgel, Président de la Communauté Israélite [tunisienne], qui, dans un discours de belle tenue, rend hommage à la grande figure disparue.

M. Borgel

 

     C’est avec une profonde tristesse que la population tunisienne a appris hier le décès de M. Raymond Valensi, grande et belle figure française en Tunisie, conseiller unanimement respecté de notre Communauté Israélite.

     Il était de ces personnalités que l’on est surpris de voir disparaître, tant elles participaient avec bonheur à la vie de la cité, à la vie de notre Communauté.

     C’est près d’un siècle d’histoire tunisienne qui se déroulerait devant nous à retracer les étapes d’une longue carrière si dignement remplie : Député de la Nation, Vice-Président de la Municipalité de Tunis, Président des Pionniers Français de Tunisie, son activité, animée par un patriotisme ardent, fut partout inlassable et toujours féconde. Il était l’un des derniers survivants de ces Français qui, bien avant l’installation du Protectorat, avaient oeuvré de tout leur coeur en faveur de l’idée nationale en ce pays.

     Aux oeuvres israélites son rôle est connu de tous : constamment sur la brêche, il mit au service du bien et de la charité une âme d’élite, en même temps qu’un esprit objectif, ennemi des luttes partisanes. Que ce fut au Conseil de la Communauté ou à l’Alliance Israélite il devait servir de guide aux générations qui montaient, l’entourant de l’affection la plus respectueuse.

     Alerte et l’esprit vif, il participait encore, malgré son âge à nos travaux et nous l’avons vu, lors de récentes réunions, apporter le concours de son expérience et de son dévouement à la cause des humbles et des déshérités.

     Il eût pu cependant, depuis longtemps, aspirer au repos et se retirer dans une retraite paisible, jouissant de l’art d’être grand-père, mais il mettait un point d’honneur à poursuivre sa tâche, toute d’altruisme, avec une clarté de vue qu’il conserva jusqu’à la fin.

     Fervent patriote, Israélite fidèle aux traditions du passé, bien qu’ouvert à tous les enseignements nouveaux, puisse sa vie servir d’exemple aux jeunes uxquels il remet le flambeau !

     Inclinons-nous pieusement devant sa pure mémoire.

     Dans le sommeil suprême qui nous attend tous, il a trouvé le repos qui est donné à tous les justes !

 

M. V. Chalom

     M. Victor Chalom évoqua en termes émouvants la noble figure de celui qui fut l’âme de la Communauté Portugaise, déclarant notamment :

    Raymond Valensi laisse partout où son activité s’est déployée un vide immense, d’autres plus qualifiés vous parleront de sa vie publique.

    Il est de mon devoir de ne pas laisser partir notre vénéré Président sans dire l’oeuvre considérable qu’il a accomplie dans la sphère de notre Communauté depuis près d’un demi-siècle.

     Fidèle à sa tradition de famille il était toujors secourable aux malheureux et on ne faisait jamais appel en vain à lui : sa générosité était légendaire.

     Dans nos réunions il ne manquait jamais de présider avec cette grande autorité puisée dans l’exercice des fonctions publiques ; son intelligence et sa grande bonté lui faisaient trouver les solutions aux questions angoissantes que posent tous les jours les misères d’une population qu’étreint le paupérisme aggravé par les circonstances malheureuses que nous traversons.

     C’est grâce à lui que des améliorations dans les services de notre bienfaisance ont été introduites.

     Sa perte sera ressentie pendant longtemps, mais nous inspirant de son exemple, fidèles à sa mémoire, nous ferons de notre mieux pour continuer et développer l’oeuvre à laquelle il a consacré le meilleur de sa vie.

 

M. Huc

 

     M. Huc, Vice-Président des Pionniers Français de Tunisie, salue au nom de M. Pietri, Président des Pionniers, la mémoire de celui qui fut le fondateur et le Président pendant onze ans et l’âme du groupement.

     C’était lui – dit-il – qui avait repris l’idée de perpétuer le souvenir des premiers français et de leur oeuvre civilisatrice ; en instituant cette société des Pionniers Français, reflet fidèle des premiers pas d’harmonie et de travail de la France dans la Régence.

     Il était plus qualifié que quiconque pour concrétiser cette idée , en raison de la place considérable qu’il avait occupée ici avant et à l’origine du Protectorat.

     « Nous perdons en lui – conclut-il – irréparablement, les pauvres et les malheureux, un ami dévoué, les anciens  un contemporain des plus aimés, les jeunes un guide et un conseiller averti, Tunis un citoyen éminent et la France un de ses meilleurs fils. »

 

M. Tahar

 

     M. Tahar, Directeur des Ecoles de l’alliance Israélite de Tunis, prend la parole pour souligner le rôle que le défunt a joué au sein de l’Alliance Israélite, déclarant notamment :

     « Débarqué il y a à peine deux heures du bateau qui me ramenait de France où j’avais été appelé par mon Administration, j’étais loin de m’attendre à me trouver devant le triste et douloureux devoir de dire un dernier adieu au chef et au guide que nous venons de perdre et que nous pleurons tous ; ma douleur n’en est que plus profonde .

     « L’oeuvre de l’Alliance a souvent attiré à elle par son seul rayonnement, des personnalités éminentes qui lui ont spontanément apporté leur collaboration ; mais rares sont ceux qui, comme M. Valensi, lui ont voué toute une vie, car c’est pendant plus de soixante ans qu’il a prêté son dévoué concours aux institutions scolaires que l’Alliance a créées en Tunisie.

     « Ce qu’il faut admirer chez M. Valensi, ce n’est pas sa foi profonde dans l’oeuvre scolaire de l’Alliance, mais la convictions absolue qu’il avait de servir en même temps la France . Il voyait dans nos écoles le creuset puissant où s’élabore dans le calme et la tranquillité avec le concours du Gouvernement du Protectorat, au profit de la France, l’avenir même du Judaïsme tunisien ; qu’il s’agisse de l’instruction française de notre jeunesse, ou de la formation professionnelle de nos garçons et de nos filles appelés à fournir au pays une main d’oeuvre habile et instruite, M. Valensi, en bon français qu’il était, voyait comme but final de tous nos efforts notre contribution au développement de l’influence française en Tunisie. C’est cette pensée qui toujours guidé ses actes et ses décisions.

     « Sa mort laissera un grand vide parmi nous, mais sa mémoire restera gravée dans nos coeurs et figurera à jamais dans les annales de l’Alliance. »

 

M. Seignouret

     M Seignouret, au nom des architectes de Tunisie, et M. Boissée, au nom du groupe des Centraux de Tunisie, mettent en relief l’activité et la valeur du regretté disparu, qui n’avait cessé d’apporter au sein de leurs groupements une clairvoyance attentive et une louable activité.

 

M. le Dr. Scialom

 

     M. le Docteur Scialom, au nom des Anciens Elèves de l’Alliance a pron oncé à son tour un discours, déclarant en substance :

     Le Président Valensi n’est plus. Il s’est éteint comme un zadik (un saint) sans souffrir. Dieu dans sa haute justice en a décidé ainsi.

     Comme Conseiller Municipal, comme membre du Comité de Perfectionnement je sais la part prépondérante qu’il prenait dans nons réunions.

     C’est surtout comme Président des Anciens Elèves que je perds en lui un guide sûr et un conseiller incomparable.

     A la Société des Secours aux blessés militaires dont j’ai été le médecin et où il fut le premier Président, sa voix autorisée était écoutée.

     Devant la dépouille mortelle de notre Président ses collègues et amis prennent l’engagement solennel de continuer sa belle oeuvre basée sur la devise : « Patrie et Religion ».

     Dieu seul peut panser toutes les plaies.

     Comme lui travaillons pour l’Eternel et pour la Cité.

 

M. Ventre

 

     M. Ventre, Président de la Chambre de Commerce Française prend le dernier la parole.

     Je ne puis que répéter avec la tristesse de sa tombe ouverte ce que, lors du Cinquantenaire de la Chambre de Commerce j’avais l’affectueuse satisfaction de lui exprimer, vivant, quant à sa qualité de Doyen représentatif des mérites et du caractère des anciens Français de Tunisie.

     Les Députés de la Nations étaient chargés de gérer les interêts de la Communauté Française, de veiller à l’interêt du Commerce, de conférer sur ces matières avec les Consuls : ils étaient en outre tenus d’accompagner le Consul « aux audiences du Bey dans toutes les occasions utiles. »

     Les Députés de la Nation furent les ancêtres des Membres de la Chambre de Commerce et de la Conférence Consultative.

     Monsieur Raymond Valensi fut en 1880. 1881 et 1882 deuxième, puis premier Député de la Nation.

     Nous retrouvons et nous devons saluer en Monsieur Raymond Valensi toutes les qualités de ces vieux Français d’avant le Protectorat.

     Groupés autour de leur Consul, par la longue expérience de l’Orient, ils lui apportaient non seulement l’appui de leurs sages conseils, mais celui plus précieux encore d’un sentiment exact de la justice, d’une vie irréprochable d’honnêteté et de droiture. Vertus morales, forces qui, au service de leur activité, de leur sens pratique, de leur infatigable énergie  consacrés à la régénération materielle du pays, nous ont acquis, avec l’amitié des Tunisiens, des droits indiscutables qui justifièrent le normal établissement du Protectorat Français.

    Par la suite, tout naturellement, il fut un des premiers douze membres Fondateurs de notre Chambre de Commerce Française de Tunis.

     Celle-ci, doyenne de nos Assemblées élues au début du Protectorat, en droit et en fait représentait la Colonie française.

     Monsieur Raymond Valensi a été de ceux qui, tout en montrant au Pouvoir la vérité même importune , collabora avec le plus entier dévouement à l’oeuvre civilisatrice entreprise en Tunisie. Tout était à faire, à créer, à réformer, à organiser. Le champ si vaste de l’oeuvre à accomplir nous donne la mesure de l’effort  et de la variété de l’activité qu’il fallut dépenser, action véritablement efficace, n’encensant aucun idole, s’affranchissant de toute la féodation et consciente de la force que représentait son honnêteté.

     Qu’importe les longues énumérations et les fastidieuses nomenclatures . Ce qu’il faut marquer, c’est la richesse et la qualité de cette activité.

     La vie de Raymond Valensi fut un exemple. Elle nous laisse un enseignement. Nous en garderons le souvenir.

     Tant au nom de la Chambre de Commerce qu’en mon nom personnel je prie sa famille d’agréer l’expression de notre respectueuse sympathie et de nos sincères condoléances.

 

     Après quoi on procède à la cérémonie religieuse à la fin de laquelle la famille reçoit les condoléances.

     En  cette triste circonstance Le « Petit Matin » renouvelle aux familles frappées par ce deuil l’expression de ses sincères condoléances.

 

 

(da La Dépêche Tunisienne – stessa data)

 

(su una colonna con, in alto: una foto di Raymond Valensi)

 

La mort

de M. Raymond Valensi

 

     Lundi est décédé à Tunis, à l’âge de 95 ans M. Raymond Valensi, ingénieur des Arts et Manufactures, chevalier de la Légion d’Honneur, doyen de la colonie française et une des figures les plus marquantes de la Régence.

     Appartenant à une famille qui, depuis 1790, de père en fils, servit avec dévouement la cause de la France, il suivit la tradition et son ardent patriotisme ne se démentit jamais. Il fut député de la Nation, Vice-Président de la Municipalitéde Tunis, de 1883 à 1887, membre de la Chambre de Commerce Française de Tunis, Président de l’Association des Pionniers Français de Tunisie, Ingénieur Conseil, Expert auprès des Tribunaux. 

     Sa grande érudition, sa droiture et sa probité étaient devenus légendaires et dans tous les postes officiels qu’il occupa ses conseils, souvent demandés, se révélèrent des plus précieux. Ses avis faisaient autorité.

     Dans la vie privée il fut bon, juste et philantrope, s’occupant de nombreuses oeuvres de charité et de bienfaisance.

     Esprit délicat et subtil, sa conversation était pleine d’enseignements. Il avait conservé jusqu’à ces derniers temps son allure jeune, sa vivacité, son entrain que tous connaissaient.

     Il sera unanimement regretté dans tous les milieux de la Régence.

     En cette triste circonstance nous saluons la mémoire de celui qui fut un ardent patriote et un homme de bien et adressons à sa veuve, à ses enfants, à sa famille l’expression de nos très vives et très sincères condoléances.

 

[La Dépêche Tunisienne, journal de la Colonie française, a réussi l’exploit de parler de Raymond Valensi sans jamais préciser qu’il était ...juif, Président de la Communauté israélite Portugaise, ex Président de l’AIU-Tunis et actuellement membre du Comité Central de cette mème AIU à Paris : cela en pleine période de lois raciales de Vichy peut se comprendre...].

 

2)

Témoignages oraux d'Albert Bessis à Renato Bensasson et témoignages écrits de Paul Sebag aux pages 242 et 244   "Histoire des Juifs de Tunisie-Des origines à nos jours"  publié par  l'Harmattan en 1991

------------------

En Juillet 2007, lors d'une réunion de famille à PISE, Renato Bensasson a présenté une communication sur les italiens et en particulier les "Livournais" de Tunisie entre 1800 et 1950.

Deux diapos  sur Moncef Bey ont été projetées et j'ai développé les commentaires suivants :

Pendant l'occupation de la Tunisie par les troupes de l'Axe, et alors que l'Amiral Esteva est le Résident Général de France en Tunisie, le 1er Janvier 1943 Moncef Bey (1880-1948) remplace le gouvernement de Hédi Lakhoua (grand vizir), Abdeljelil Zaouche (ministre de la justice) et Habib Djellouli (ministre de la plume) par un nouveau gouvernement dirigé par M'hamed Chenik (1889-1976), associant des destouriens dont Mahmoud Materi et Salah Farhat. Ce 1er Janvier 1943, Moncef Bey fit preuve d'un très grand courage politique. En effet,

les hommes de ce gouvernement de M'hamed Chenik n'ont pas une grande sympathie pour le nazisme, le fascisme et le pétainisme. En particulier, Mahmoud Materi, nommé Ministre de l'Intérieur dans ce gouvernement a été membre du Parti socialiste en France, membre de la Ligue des Droits de l'homme et de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, et membre fondateur du Néo-Destour au Congrès de Ksar Hellal en 1934. De plus, pendant ses études de médecine en France (1920-1926), le Dr Mahmoud Materi avait collaboré à plusieurs journaux dont Le Progrès de la Côte-d'Or, Le Rappel socialiste et Le Populaire de Paris.

Corroborant ce que les fils de Sadok Zmerli avaient développé dans leur article publié par l'hebdomadaire tunisien "Réalités" du 13 mars 2009, j'ai cité deux passages du livre
  "Histoire des Juifs de Tunisie-Des origines à nos jours" par Paul Sebag, publié par  l'Harmattan en 1991

PAGE  242:        "Contrairement aux Juifs de la plupart des pays qui ont connu l'occupation allemande, les Juifs de Tunisie ne furent pas astreints au port d'une étoile jaune….."

PAGE  244 et suivantes:        "De son côté, le Bey MONCEF, qui avait succédé au  Bey AHMED, décédé le 19 Juin 1942, avait plus d'une fois signifié que tous ses sujets, qu'ils fussent musulmans ou juifs, avaient droit à sa sollicitude…."

Paul Sebag ajoute:
         " Au cours de la visite que le Résident  général de France fit à Moncef Bey, en son Palais de La Marsa, le 24 Juin 1942, le souverain tint à affirmer que sa haute sollicitude était aquise à toute la population de la Régence. LE PETIT MATIN du 25 Juin 1942, en publiant le communiqué officiel en première page en caractères gras, lui donna le sens d'une manifestation d'amitié à l'égard des Juifs."
.

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