Elle est si “entraînante” que, plus d’un siècle après avoir été composée, on la joue à Monaco, Mykonos, Ibiza, dans les stades de base-ball ou lors des matchs de hockey sur glace. Comme le souligne The New York Times, la chanson juive Hava Nagila (“Réjouissons-nous”) est devenue un “hymne qui résonne à l’occasion d’événements sportifs, dans les bars, les festivals de musique et les soirées privées”.
Le morceau a été écrit en 1918 par le compositeur Abraham Zvi Idelsohn, selon qui “le peuple juif avait besoin d’une nouvelle musique à une époque où la revendication d’une patrie juive prenait de l’ampleur”, poursuit le quotidien américain. Mais, dans les années 1950, le chanteur américain Harry Belafonte, dont la femme, Julie Robinson, était juive, reprend la chanson, et Hava Nagila devient alors “un tube”.
Simple et reconnaissable en quelques notes, l’hymne séduit toujours lors d’événements sportifs, soutient Julia Baxley, porte-parole de l’équipe de base-ball des Mets de New York : “Il est joué de temps en temps au Citi Field [le stade des Mets], en particulier lorsque nous avons un organiste.”
“Il fallait absolument qu’on la rejoue”
La chanson traditionnelle juive jouit d’un attrait non négligeable auprès du public, même lors d’événements laïcs. Brian St. John en a fait l’expérience dans le New Jersey, aux États-Unis. Accompagné de son groupe plutôt enclin à proposer des reprises de Grateful Dead, le trentenaire a joué les premières notes du morceau “par hasard, pendant un concert”, explique The New York Times.
Les réactions ont été immédiates, se réjouit le jeune homme :
“Vu la réaction du public, on a décidé qu’il fallait absolument qu’on la rejoue.”
Même dans les boîtes de nuit, les reprises de Hava Nagila semblent rencontrer un “franc succès” auprès des jeunes. Interrogé par le journal new-yorkais, le DJ allemand Alex Megane, à l’origine d’un remix du morceau sorti en 2005, atteste de son attractivité. “Je l’ai joué en Australie, en Allemagne, en France, en Italie, en Estonie, en Pologne – globalement partout en Europe, raconte-t-il. Le morceau attire vraiment les gens.”
“C’est une chanson qui parle de transformation et de réinvention, elle était donc prédestinée”, décrypte James Leoffler, professeur d’histoire juive à l’université de Virginie cité par The New York Times. Depuis plus de cent ans, à chaque décennie sa version de Hava Nagila, retrace le titre new-yorkais :
“Dans les années 1940, les Juifs de la diaspora ont commencé à l’entonner après la Shoah. […] Puis, dans les années 1990, on l’a entendu dans les stades de foot et des gymnastes d’Europe de l’Est s’en sont servis comme musique d’accompagnement.”
Au-delà d’apporter de la bonne humeur, les reprises de ce classique musical rassemblent des inconnus le temps d’une chanson. Un processus salué par Marie Salomé, une conservatrice d’art à Brooklyn, citée par le titre américain : “J’adore le principe de faire danser des gens sur des chansons d’autres cultures. C’est une forme de partage et un moyen de se rapprocher.”