En essence, l’accord des 5 +1 sur le nucléaire iranien permettait à l’Iran de développer librement la technologie nucléaire dans les 10 ans, soit en 2025. La nouvelle administration américaine a déclaré vouloir réintégrer cet accord dont le président Trump s’était retiré en 2018. Depuis cette date, les sanctions américaines contre l’Iran ont causé de plus grands dommages à l’économie iranienne et le radicalisme iranien n’a pas diminué pour autant.
Du gourdin à la carotte douce
À la politique du gourdin de Trump a succédé celle de la carotte douce de Biden. L’un des premiers gestes du nouveau président américain a été de rayer les Houtis du Yémen – qui sont soutenus par l’Iran – de la liste des entités terroristes. Le lendemain même, les attaques de drones et de missiles houtis contre l’Arabie ont repris de plus belle, visant les aéroports, les installations pétrolières et les villes.
Celles des milices chiites qui ciblent des objectifs américains en Irak ont substantiellement augmenté. L’Iran a installé de nouvelles centrifuges qui enrichissent l’uranium 50 fois plus vite que les anciennes. Tout se passe comme si l’Iran se sentait libre de continuer sa politique de déstabilisation à outrance et de développer ses capacités nucléaires.
Il semble que l’administration américaine n’a rien compris. Le président Obama a entériné l’accord des 5+1 alors même que les masses scandaient « Mort à l’Amérique ! » Il a défendu l’accord en citant une fatwa voulant qu’il était interdit aux musulmans de construire une bombe atomique, fatwa que personne n’a jamais vue. L’optimisme aveugle qu’il a affiché en regard du régime des Mullahs a mis en danger la région et le monde ; ce fut un remake de l’Accord d’apaisement fièrement ratifié à Munich de 1938 par Chamberlain, accord qui fut suivi l’année suivante par l’annexion de la Tchécoslovaquie et l’attaque de la Pologne, déclenchant la Seconde Guerre mondiale.
Les puissances européennes ont soutenu l’accord du fait que le marché iranien était de nouveau accessible, bien que de très grandes réserves aient été émises par la France notamment. Le fait que les 5+1 ont entériné un accord en ignorant les appels génocidaires de l’Iran contre Israël n’est pas à leur honneur. Depuis 2016, l’Iran a violé l’esprit de l’accord des 5 +1 en testant des missiles balistiques 30 fois.
Toujours est-il que l’accord des 5 +1 a également permis à l’Iran d’augmenter son influence dans la région, de soutenir la dictature assassine du président syrien Assad, de catastropher le Liban et le Yémen et de réprimer cruellement la population iranienne jugulée par le fanatisme des Gardiens de la Révolution iraniens qui forment un État dans l’État.
Ouverture américaine et rebuffade iranienne
Le président américain a remis en poste ceux qui ont été impliqués de près à la négociation l’accord des 5 +1 de 2015, dont William Burns, Jake Sullivan, Anthony Blinken ainsi que Wendy Sherman connu pour sa grande largesse envers la Corée du Nord ; cette largesse américaine fut octroyée mais demeura sans conséquence.
Qui plus est, les alliés les plus proches de l’Amérique que sont Israël et l’Arabie saoudite qui vivent sous la menace iranienne ont été snobés, laissant entendre que la priorité américaine était la réintégration au traité des 5 +1. L’administration Biden a également limité ses ventes d’armes à l’Arabie. Pourtant, l’Iran développe un programme de missiles balistiques de longue portée (qui peuvent atteindre l’Europe) et agit par l’intermédiaire de milices chiites dans le Croissant Fertile et celui des Houtis au Yémen.
Bien des observateurs notent que Biden semble vouloir donner des leçons des droits de la personne à l’Arabie tout en ignorant complètement ceux de l’Iran. Même l’Union européenne (UE) a gelé les actifs et interdit de visa huit responsables de la sécurité iranienne qui ont pris part à la répression violente des manifestations populaires de novembre 2019 en Iran. Le gouvernement iranien a réagi en suspendant tout dialogue sur les droits de la personne avec l’UE.
Par ailleurs, un journal koweïtien a publié les 7 conditions de l’Iran pour retourner à la table des négociations des 5 +1, soit la levée des sanctions relatives aux développements de missiles balistiques, le soutien au Hamas et au Hezbollah, l’interdiction aux pays de la région de participer aux discussions des 5 +1, ni même le refus de la solution des deux états à laquelle bien des puissances œuvrent pour mettre fin au conflit israélo-palestinien.
De surcroît, les officiels iraniens ne veulent pas négocier directement avec les Américains à Vienne ; les représentants américains sont dans un hôtel séparé et sont contactés par l’intermédiaire des autres puissances. Il faut préciser que le gouvernement iranien est stimulé par la réduction de sa dépendance de l’Occident grâce à un accord d’investissement chinois de 400 milliards sur 25 ans.
Affrontements irano-israéliens
Le lendemain de la journée internationale de la technologie nucléaire au cours de laquelle la prouesse technologique iranienne a été célébrée, une panne d’électricité a endommagé les centrifugeuses de Natanz, retardant de plusieurs mois le développement d’uranium enrichi.
Pour la première fois, le Mossad a reconnu ne pas être étranger à cette opération alors qu’il n’était guère d’usage de confirmer ou d’infirmer des opérations de ce type. Il est fort probable que cela a été fait en vue d’en dissocier les États-Unis. C’est le troisième événement qui survient en une semaine après l’explosion d’un navire-espion iranien en mer Rouge et le bombardement d’entrepôts de munitions iranien près de Damas.
Ces dernières années, Israël a attaqué des douzaines de bases de milices parrainées par l’Iran en territoire syrien ainsi que des convois d’armes destinés au Hezbollah libanais. De son côté, l’Iran a continué de surarmer le Hezbollah libanais et attaqué de nombreux navires marchands israéliens dans le Golfe persique. Une guerre cybernétique est aussi en cours.
Les confrontations récentes affaiblissent la position iranienne dans les négociations du 5+1 mais pourraient rapprocher l’échéance d’un conflit généralisé entre Israël et l’Iran. Ils mettent en évidence que la ligne rouge effective d’Israël en vue d’empêcher l’Iran de se munir d’armes atomiques ne se limite pas à des vœux pieux.
Après la signature des accords des 5 +1, Bibi Netanyahou était intervenu dans une session spéciale du Congrès américain pour lancer l’alerte. Cela n’a guère plu à l’entourage d’Obama qui maintenant semble vouloir poursuivre sa politique antérieure.
Israël a lancé un signal tant à l’Iran qu’aux grandes puissances.