Le destin du nageur toulousain Alfred Nakache, rescapé des camps de la mort, interprété par Amir au théâtre
Pour rendre hommage aux victimes des attentats de Toulouse et Montauban en 2012, une grande commémoration est organisée dimanche 20 mars. Après une cérémonie en hommage aux victimes de Mohamed Merah, une pièce de théâtre sera présentée pour la première fois en France - la première a eu lieu à Tel Aviv - à Toulouse à 20h30 à la Halle aux Grains. Cette pièce : "Sélectionné, l'incroyable destin du nageur d'Auschwitz" est mise en scène par Steve Suissa, avec le chanteur et interprète Amir dans le rôle principal.
C'est important pour vous de venir présenter cette pièce à Toulouse le 20 mars prochain, lors de cette date anniversaire si particulière et douloureuse ?
Je suis d'abord très ému parce que ça fait trois ans que je travaille sur ce sujet, retracer la vie de l'immense nageur Alfred Nakache, qui a été déporté, sauvé et qui a passé une partie de sa vie à Toulouse. J'ai déjà travaillé au théâtre sur des destins tragiques, comme celui d'Anne Frank, celui de Simon Wiesenthal. Et là, il me semblait très important que les gens et les nouvelles générations rencontrent l'histoire de ce personnage qu'est Alfred Nakache, Français et Algérien, juif et qui a fait de son destin une chose incroyable puisqu'il avait peur de l'eau et son père l'a jeté dans l'eau. C'était un jeune garçon courageux, volontaire qui est devenu un champion de natation.
Qui vous a proposé de jouer la pièce à Toulouse dans le cadre des commémorations ?
Depuis quelques années, je suis l'un des parrains de l'école Ozar Hatorah à Toulouse, et au tout début le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) m'a demandé si je voulais mettre en scène l'hommage de l'après-midi. Finalement, on finira cette journée avec un spectacle sur la résilience.
Revenons sur l'histoire d'Alfred Nakache : il a commencé son immense carrière de nageur à Paris, puis avec sa famille juive il est venu se réfugier à Toulouse, en zone libre. Que représente-t-il pour vous ?
Il incarne des valeurs qui ne doivent surtout pas disparaître dans le monde dans lequel nous vivons. C'est le respect, la justice, la volonté, le courage, le dépassement de soi. Des valeurs qui aujourd'hui sont fondamentales pour la construction d'un être humain et pour un monde meilleur.
Vous avez choisi le chanteur et interprète franco-israélien Amir pour jouer le rôle d'Alfred Nakache. Pourquoi ?
Parce qu'il lui ressemble à Alfred Nakache dans sa volonté de réussir, dans son courage, il lui ressemble dans sa détermination. Je n'aime pas respecter trop les codes ni les cases. Il m'est arrivé de mélanger sur scène Régis Laspalès et Francis Huster ou de faire monter sur scène Michel Sardou. Je n'ai pas de problème avec ça. Je pense qu'un artiste peut tout, je crée des défis et des challenges, et il sera encore plus performant.
Il n'a jamais fait de théâtre, comment a-t-il fait pour se mettre dans la peau d'un personnage pareil ?
Il est entré en immersion totale avec une concentration absolue. On a beaucoup travaillé. Il a fait une préparation digne d'une préparation physique, c'est-à-dire qu'il a même eu des cours de natation avec un champion. Et il a eu envie de se prêter au jeu des grands acteurs de théâtre, ce n'est pas du tout la même chose que de tourner dans un téléfilm. [
La première de votre pièce a été jouée à Tel-Aviv, en Israël. Est-ce que la famille d'Alfred Nakache était là ?
Il y avait des cousins et cousines qui sont montés sur scène à la fin, qui étaient très très émus. On a considéré la famille Nakache depuis le début. Ils ont lu la pièce, on en a parlé. On est resté dans un respect total. Ils ont trouvé que c'était fidèle à l'homme qu'il était, le but est que ce soit un honneur et rien d'autre.
Marion Chantreau
France Bleu Occitanie