LE LYCEE CARNOT, par Philippe Seguin

LE LYCEE CARNOT, par Philippe Seguin

 

Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, ancien élève du lycée Carnot de Tunis, explique cette communauté d'esprit: «Regardez les noms derrière n'importe quelle photo de classe du lycée: vous avez des Français, des Siciliens, des juifs, des Arabes, des Maltais... Aujourd'hui, cette relation entre gens issus de ces lycées va au-delà de tous les clivages nationaux, religieux, politiques; nous partageons des souvenirs et des références qui peuvent être qualifiés de mêmes valeurs'.

Valeurs enseignées par des «maîtres» qui les ont marqués durablement. «Justement parce que nous n'étions pas en France, les professeurs avaient à c?ur que l'on soit les meilleurs du monde. Ils étaient là non seulement pour faire de nous de bons élèves, mais aussi pour nous former en tant qu'êtres humains avec des valeurs humanistes», reconnaît un ancien élève.

Montaigne, Voltaire, Baudelaire, un éblouissement que reconnaissent tous les anciens: la découverte de la langue française et de sa littérature. «En mettant la plus belle langue du monde à votre disposition, j'ai voulu faire de vous les citoyens d'un monde régi et éclairé par la langue française. Les frontières de ce monde s'appellent la culture et l'intelligence. Je vous ai raconté un pays qui maintenant est devenu le vôtre, car vous êtes nourris de ses livres et de ses traditions. Je vous ai lu des textes de nos plus grands écrivains et je vous ai montré l'usage qu'ils ont fait des mots, j'ai attiré votre attention sur la hardiesse de leurs trouvailles. Le moment est venu d'écrire à votre tour.» C'est l'héritage qu'un professeur du lycée Carnot de Tunis léguait à ses jeunes élèves.

Le linguiste Claude Hagège, ancien élève, pion et professeur au lycée Carnot de Tunis, qui jongle avec le français, l'arabe, l'hébreu, et 40 autres langues, s'interroge sur cette occasion ratée de bilinguisme et de véritable société multiculturelle: «Quelle étrange histoire que celle de ce pays qui a conquis militairement des territoires étrangers et qui, une fois installé, les exploita tout en y construisant des écoles pour enseigner sa langue avec un mélange de profit et de philanthropie très étonnant. Pourtant, sans vouloir faire un plaidoyer en faveur de la colonisation - parce qu'il est indéniable que la France mena au Maghreb, avant tout, une politique d'intérêt commercial, et non une mission civilisatrice - elle a quand même laissé un héritage et des valeurs dont les Etats du Maghreb ont pu profiter. Tous les anciens élèves des lycées français sont représentatifs de ce paradoxe. J'en suis un peu le produit moi-même.» 

Commentaires

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53 années 8 mois
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il est indeniable que les annees que j'ai passees au Lycee sont les annees cruciales du developpement se ma personnalite.

ce sont et seront tout le restant de ma vie les annees qui ont servi de base a mon education, ce dont je remercie  nes professeurs.

 

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53 années 8 mois
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La France nous a sauvé la vie .

Que serions nous devenus sans la France ?

Des dhimis comme nous l'étions avant et après le protectorat .

Oui merci à la France .

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