Tunisie : la tempête «Daniel» témoigne de l’influence du «mouvement sioniste», juge le président Saïed
Lors d'une réunion ministérielle le 18 septembre, le chef d’État tunisien a déploré le nom «hébreu» donné à l’ouragan en Méditerranée, signe pour lui que le sionisme a «infiltré et altéré complètement la pensée intellectuelle».
Nouveau dérapage du président Kaïs Saïed au sujet d’une supposée influence «sioniste» en Tunisie. Lors d'une réunion ministérielle lundi, les discussions ont notamment porté sur la tempête «Daniel» qui, après avoir dévasté la Grèce et la Turquie début septembre, a semé le chaos en Libye, tuant des milliers de personnes. Le chef d’État a exprimé ses réserves sur le choix du nom donné au phénomène météorologique, dont il déplore l’origine hébraïque.
« N'ont-ils pas réfléchi à la signification du nom Daniel ? C'est un prophète hébreu !», s’est insurgé le chef d’État en référence au prophète des 7e et 6e siècles avant JC. «Cela démontre que le mouvement sioniste a infiltré et altéré complètement la pensée intellectuelle, la faisant passer à un état de coma intellectuel total… de Daniel à Abraham», a continué le président.
Suite à cette sortie du chef d’État, le journal électronique tunisien Business News a rappelé dans un article de «fact checking» que la dénomination des tempêtes dépend aujourd’hui d’une liste de noms féminins ou masculins rangés alphabétiquement. Des cycles sur six ans ont été établis, prévoyant 21 noms courants de A à W, à l’exception du Q et du U - plutôt pauvres en prénoms.
En 2005, année record, la liste fut totalement utilisée jusqu'à la lettre grecque Zêta, expliquait Le Figaro dans un article sur le sujet. «Ainsi, contrairement aux déclarations du président de la République, le nom choisi pour la tempête en Libye n'a rien à voir avec le mouvement sioniste», conclut le média Business News.
Des attaques récurrentes
L’extrait de la réunion ministérielle a fait réagir plusieurs internautes sur Twitter. «Nouveau délire complotiste & antisémite du président tunisien», a tancé l’auteur et militant d’origine tunisienne Amine Snoussi sur X, taxant la sortie d’«indécence qui surfe sur des milliers de morts en Libye».
Kaïs Saïed n’en est pas à sa première sortie au sujet d’une soi-disant menace «sioniste». En janvier 2021, le président tunisien publiait sur sa page Facebook un clip dans lequel il évoquait les juifs comme cause de l'instabilité du pays. Le président, notoirement antisioniste, considère en outre qu'une normalisation avec Israël serait la «trahison suprême».
En mai dernier, après l’attaque terroriste à la synagogue de Djerba, île tunisienne habitée par la communauté juive, le président avait assuré que la Tunisie était un pays de «tolérance et de coexistence», mais avait refusé de qualifier cette attaque d’antisémite. Face au reproche qui lui en était fait, Kaïs Saïed avait assuré «faire la distinction entre judaïsme et sionisme», mais ajouté qu’il rejetait toute «normalisation» avec Israël au nom de la «tragédie du peuple palestinien».