AURÉLIE SAADA MET LE FEU SUR LES PLANCHES DE LA CIGALE

AURÉLIE SAADA MET LE FEU SUR LES PLANCHES DE LA CIGALE

Par Alain Chouffan

Quel spectacle ! Époustouflant ! Endiablé ! Éblouissant Que dire d’autre ! ! Mardi 7 mars, à 20 heures, pendant deux heures non stop, entourée de cinq musiciens, Aurélie Saada a enflammé les planches , elle s’est déchaînée sur scène, face à une foule d’admirateurs également déchaînés, à La Cigale (1) ou elle se produisait, dans cette immense salle de deux étages, pleine à craquer de jeunes et de moins jeunes. Un vrai délire ce concert. Un concert événement !

C’était la première fois qu’Aurélie Saada se produisait seule sur scène. Jusque là, elle formait un duo dénommé Brigitte, avec Sylvie Hoarau (2). Elle fêtait ainsi son premier album, en solo, Bomboloni un beignet que les Tunes apprécient si bien. Un mot gourmand et joyeux. Bombolini ? “Oui, oui, insiste-t-elle ! Bomboloni ! J’adore ! Et pas seulement ça ! Toute la cuisine juive tunisienne de ma mère.” Aurélie Saada adore la cuisine et sa mère Betty, une psychanalyste renommée et passionnée. A qui elle rend hommage sur scène. Et mieux encore. Elle porte ses robes ! Une robe rouge en dentelle qu’elle portait pour la soirée du henné, puis la bleue à paillettes trois mois après sa naissance, ou la robe blanche, et quelques années après, la Bordeaux en velours (3).

“Si je porte des robes à paillettes, que je m’entoure de plein de musiciens et que je réalise un film ou des clips, je cherche toujours la sincérité, sans m’en cacher, tricher ou mentir" dit-elle (4 ). Elle est comme ça, Aurélie Saada, elle creuse l’intime qui la pousse à créer. Elle veut qu’on sache qui elle est, et elle est prête à vous inviter chez elle. Pour elle, “ les artistes aiment plutôt se protéger, moi j’ai choisi une démarche inverse. J’ai beaucoup de mal à écouter ou à regarder des artistes qui ne parlent pas d’eux”. C’est pourquoi, elle aime Sophie Calle, Romain Gary, ou Annie Ernaux.

Oui, c’est vrai Aurélie Saada aime se livrer entièrement. Elle a le sentiment que plus les gens sont vulnérables, et plus ils sont forts. Ce qui fait sa force, c’est de tout dire, tout chanter, sincèrement. “Parfois, je me demande si je ne joue pas à un jeu dangereux mais telle est la façon de vivre”. Dans Bomboloni elle chante “viens dans mes bras je vais te consoler, j’ai des secrets pour te faire oublier, qu’elle a croqué, ton coeur et l’a laissé, j’ai des recettes pour oublier, Des cornes de gazelle, des montecao, des babas. Des dattes et du miel, des roses en chocolat”.

En une phrase, elle résume Bomboloni. Un album solaire et joyeux, pourtant pétri de doutes et de souffrances. Le tout baigné d’une sensualité vocale et instrumentale assumée. On retrouve dans ces onze titres certains codes qui ont fait le succès du duo Brigitte, qui l’a révélée en 2011. Parmi ces titres, Coeur Cassé dans lequel elle raconte une douleur amoureuse; “Le père de mes enfants m’a dit qu’elle l’avait beaucoup touchée” commente-t-elle évasivement avec un sourire pudique.

Ses deux filles, Scarlett et Shalom, ainsi que sa mère, ont posé leurs voix sur le titre La Merveille, ode à la maternité et la filiation. Sa voix en tremble encore : “J’étais liquide de les voir derrière un micro. On a tellement pleuré, et ri de pleurer, quand on enregistrait en studio”( 5). Avec ce premier album en solo, où il est question de maternité, de résilience, d’amour et de rupture, cette auteure, compositeur, actrice, et réalisatrice (6) et interprète et douée de 44 ans, n’est encore qu’à son décollage. Elle ne tardera pas à s’envoler. Retenez bien son nom !

(1) La Cigale. 120 Bd Rochechouart 75018 Paris
(2) Le duo a reçu le prix Groupe Révélation Scène aux Victoires de la Musique en 2012. Ce prénom Brigitte était un hommage qu’elles rendaient aux femmes notamment Brigitte Bardot, Brigitte Fontaine ou Brigitte Lahaie.
(3) On peut voir les clips en cherchant Aurélie Saada sur YouTube : Tunisie, Bomboloni, Abracadabra..
(4)Interview à Paris-Match du 8 décembre 2022.
(5)Vanity Fair. Novembre 2022
(6)Elle a réalisé le film Rose avec Françoise Fabian, en 2012. Le film est nommé au Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz dans la catégorie meilleur film Grand Prix et gagne le prix Variety Piazza Grande Award au Festival international du film de Locarno.

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