L E T I R E T
Lorsque nous visitons un cimetière, nous voyons que toutes les tombes portent le nom de la personne avec deux dates. La première celle de sa naissance, la seconde celle de sa mort. Cependant, ces dates sont espacées par un tiret (-) qu’on appelle en anglais dash
J’ai décidé de donner une explication à ce tiret, car pour moi, il représente la vie de cette personne. Et n’est-il pas malheureux que toute cette vie se résume par un tiret. Je vais donc, dans mon cas attribuer à ce tiret ce qu’a été la vie de mon père et de ma mère, leur rendant ainsi un hommage qui leur est bien dû.
Oui, nous les regrettons, oui, ils nous manquent comme tous les disparus. Nous sommes là, encore vivant et ne réalisons pas que notre tour viendra et que nous hériterons nous aussi de ce fameux tiret. Comment faire pour que celui-ci puisse laisser un souvenir, une marque de ce qu’a été notre vie?
Depuis que j’y pense, ce tiret me donne tant à penser. Il est petit, jamais long ni gros. Est-ce qu’il représente la petitesse de notre vie? Sommes- nous si infimes? En effet, une fois partis, que sommes-nous? Qu’avons-nous laissé derrière nous? Et même si c’était des millions, à quoi servent-ils?
Oui, je crois que je ferai l’éloge de mes parents, une dernière forme de respect qu’ils méritent tant. Nous oublions combien ils ont bavé pour nous nourrir, nous éduquer, faire de nous de bonnes personnes. Eux sont partis et nous, nous sommes encore là. Pensons souvent à eux qui nous ont laissé un simple petit tiret.
Je suis persuadé que si nous nous arrêtons a réfléchir, à penser, à nous mettre à leur place, peut-être réussirons-nous a les mieux comprendre, car de leur vivant nous n’avions pas cette capacité, cette présence d’esprit. Sans le savoir, nous avons été égoïstes, cette drôle de nature qui vit dans chacun de nous.
J’ose croire que j’ai accordé à ce petit tiret une importance qu’il mérite. Il sera toujours là, accompagnant gentiment nos chers disparus. Il restera cependant gravé en nous, nous les rappelant et nous incitant à leur donner le respect qu’ils méritent même une fois loin de nous.
Jacques Hadida