Foot sous haute tension à Tirana : Albanie-Israël 0-3

La "Nivkheret", l’équipe nationale israélienne de football, a remporté ce soir (samedi) en Albanie un match important dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde qui se déroulera en Russie en 2018.

 

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Les bleu et blanc l’ont emporté sur le score de 3 à 0 à l’issue d’une rencontre qui aurait pu tout aussi bien se terminer sur un écart de 5 à 6 buts, tant la domination des footballeurs hébreux fut évidente. Ils ont par exemple tiré 23 fois en direction des buts de leurs hôtes, contre neuf tentatives de la part de ces derniers.

 

En fait, ce match se déroula de façon dramatique, tant sur la pelouse que lors de l’avant-match.

 

Tout d’abord la confrontation aurait dû se dérouler à Shkodra, au nord-ouest de l’Albanie. Mais des rumeurs d’attentats et d’autres problèmes de sécurité ont poussé les autorités locales, avec l’assentiment de la Fédération Israélienne de Football, à transférer la partie, dans le courant de cette semaine, dans le stade d’Elbasan, une ville de la banlieue de la capitale Tirana.

 

A la fédération israélienne, on expliquait qu’on n’allait pas soulever des problèmes pour des raisons de menace terroriste, car on en avait souvent subi les conséquences, étant parfois forcé de disputer nos matchs à domicile à Chypre ou dans d’autres pays de substitution. De plus, on s’est déclaré satisfait de la coopération sérieuse et professionnelle des organes sécuritaires albanais. Ceux-ci n’ont pas hésité à mobiliser 3 000 policiers et soldats autour du stade qui contenait une dizaine de milliers de spectateurs.

 

Tirana avait aussi autorisé les Israéliens à envoyer autant d’agents de sécurité qu’il leur plaisait, et il y en avait effectivement beaucoup, ce soir, dans et autour de la "Elbasan Arena".

 

Il n’empêche que les conditions d’accueil étaient très spéciales, et que la Nivkheret n’est pratiquement pas sortie de son hôtel depuis son arrivée. Les joueurs ont dû, comble de cocasserie, effectuer les entrainements tactiques sur les tapis du lobby.

 

La partie s’est disputée du début à la fin sous une pluie battante, qui relevait encore, si c’était nécessaire, l’aspect dramatique de cet évènement. Et puis, comme il fallait s’y attendre dans ce pays musulman, l’Hatikva (l’espoir), l’hymne national israélien, a été copieusement sifflé par les spectateurs présents. Les joueurs de l’Etat hébreu ont remarquablement réagi à ces circonstances, car, pendant que résonnait l’hymne albanais, ils s’étaient tous départis de leurs vestes de survêtement pour protéger de la pluie les enfants qui les accompagnaient sur la pelouse.

 

Puis on passa au sport. La barre à franchir était très haute pour la sélection israélienne, puisque l’Albanie, qui a participé au récent Championnat d’Europe en France, et qui y a fait bonne figure, la devance de 43 rangs au classement des équipes nationales.

 

Pour ne rien arranger à nos affaires, tous les joueurs adverses évoluent dans des clubs européens de premier ordre ; Bekim Bala est actuellement le meilleur buteur du championnat de Russie, et Azdren Llullaku, de celui de Roumanie. Et le gardien, qui fera parler de lui dans le déroulement de la rencontre, Etrit Berisha, est l’un des meilleurs portiers d’Europe, lui qui garde les poteaux de l’Atalanta de Bergame.

 

En fait, le championnat national albanais est insignifiant, ce qui pousse les meilleurs talents à quitter très jeunes le pays pour rejoindre les académies de formation, notamment en Allemagne et en France.

 

Face à cette forte opposition, la Nivkheret n’alignait que quatre "mercenaires" : le défenseur Rami Gershon, de Gent, en Belgique, les milieux, Bibras Natcho, du CSKA Moscou, et Almog Cohen d’Ingolstadt, en Allemagne, ainsi que le capitaine et avant-centre, Eran Zahavi, qui évolue en Chine, à Guangzhou.

 

Reste que, dès l’entame de la partie, les Israéliens pressaient leurs adversaires, qui, sous la surprise, multipliaient les maladresses, ne parvenant pas à menacer les goals défendus par Doudou Goresh.

 

C’est au contraire les Israéliens qui se ménageaient les premières chances de buts et, à la 17ème minute, Zahavi, sur une ouverture lumineuse de Natcho, se présentait seul devant le gardien albanais ; cela obligeait le défenseur Djimsiti à crocheter par derrière le capitaine hébreu.

 

Non seulement le penalty était indiscutable, mais, en plus, l’arbitre allemand, M. Aytekin, n’avait d’autre choix que de renvoyer l’Albanais au vestiaire. Zahavi transformait lui-même la sanction et permettait à ses couleurs d’atteindre la mi-temps avec l’avantage d’un but. Ses coéquipiers se ménagèrent par ailleurs de très nettes occasions d’aggraver la marque, mais se montraient empruntés à la finition.

 

La deuxième période ressemblait dans son entame à la précédente, les joueurs locaux ne parvenant toujours pas à inquiéter les visiteurs.

 

Bis repetita à la 55ème minute, lorsque Zahavi se présenta une nouvelle fois seul devant le but albanais et était à nouveau projeté irrégulièrement à terre. C’est à ce moment que le portier Berisha perdit le contrôle de ses nerfs et administra un coup de tête à l’attaquant hébreu. M. Aytekin sortit son second carton rouge de la soirée, tout en indiquant le point de penalty. Mais Zahavi manqua cette fois-ci la réalisation face au portier remplaçant qui venait de faire son apparition sur le terrain.

 

A 11 contre 9, les dés étaient définitivement jetés, et Einbinder, puis Eliran Atar accrurent tour à tour le score en faveur de la Nivkheret.

 

Cela faisait de nombreuses années qu’Israël n’avait pas battu à l’extérieur une formation mieux classée qu’elle au palmarès mondial. Le mérite en revient aux joueurs, très disciplinés et motivés ce soir, ainsi qu’à l’entraineur Elisha Levy, qui a su sélectionner les éléments les plus en forme et les préparer parfaitement du point de vue tactique en dépit des circonstances difficiles.

 

La Nivkheret va ainsi passer l’hiver en ayant accumulé 9 points sur les 12 possibles, ce qui lui permet d’occuper la 3ème place du groupe G, derrière l’Italie et l’Espagne, qui comptabilisent 10 points chacune.

 

En mars prochain, les Israéliens se rendront en Espagne pour y rencontrer la Roja, lors d’un match qui s’annonce autrement plus difficile. En théorie, Israël ne devrait pas avoir son mot à dire en ce qui concerne la qualification pour les Championnats du monde, mais le football réserve souvent des surprises. Ce qui compte surtout, après la belle victoire de ce soir, c’est de reprendre confiance en ses moyens, et de sortir de la période de vaches maigres que traverse le football israélien depuis maintenant plus d’une vingtaine d’années. Dans cette optique, les joueurs ont fourni ce soir une très belle prestation qui réjouit tout le monde dans les chaumières de l’Etat hébreu. 

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