Et l’éternité, c’est Jérusalem, par Rav Adin Even Israël – Steinsaltz
Même lorsqu’elle n’est pas entièrement construite, même lorsque la crainte de Dieu n’y est pas parfaite[1], Jérusalem constitue, depuis qu’elle existe et jusqu’à la fin des temps, un endroit spécial, au centre de l’univers.
Jérusalem, comme le pluriel de son nom en hébreu l’indique (Yérouchalyim), présente un double caractère. La cité d’en bas, « bâtie d’une harmonieuse unité »[2], se dirige vers celle d’en-Haut : davantage encore, les deux Jérusalem, la céleste et la terrestre, s’embrassent et se rejoignent. Même sans son sanctuaire, Jérusalem reste à jamais la porte du Ciel, marquant le lieu matériel et géographique où le ciel et la terre entrent en contact, où notre monde d’en bas perce une ouverture jusqu’au monde d’en-Haut. C’est pourquoi, d’un côté, elle nous offre un lien avec ce monde supérieur, comme la Bible[3] l’affirme : « Ils t’adresseront leur prière, Seigneur, tournés vers la ville que tu as élue » ; et, d’un autre côté, elle nous permet d’écouter la voix qui nous parle depuis les hauteurs célestes.
Heureux celui qui demeure à Jérusalem, qui participe à sa construction et qui constitue ainsi une part de « l’échelle dressée sur la terre, dont le sommet atteint le ciel »[4]. Dès lors, il s’inscrit lui-même dans l’éternité de Jérusalem.
Rav Adin Even Israël Steinsaltz
Traduction de Michel Allouche, Jérusalem
[1] Une allusion au nom de Jérusalem en hébreu, « Yérouchalyim », qui porte la racine du terme « la crainte parfaite ».
[2] Psaumes 122, 3.
[3] I Rois, 8, 44.
[4] Genèse 28, 12.