Constantine, la ville au pont suspendu et la ville du rabbin Sidi Fredj Halimi pour les uns et pour d’autres, celle qui a subi, le 5 août 1934, une explosion de violence antisémite, un véritable pogrom.
Cela n’est certainement pas le fait du hasard, car dans les années 1920, les grandes villes d’Oran et Constantine avaient des maires antisémites et la propagande antisémite, elle, se déchainait dans toute l’Algérie.
Alors que s’est-il passé ?
Tout débute par des rumeurs, le vendredi 3 août 1934, près de la mosquée Sidi Lakhdar, dans le centre de Constantine : un soldat Juif Eliahou Kalifa rentre chez lui, rue des Combes, et aurait, selon certains, uriné dans la mosquée. Et c’est ainsi que commence la rumeur. On diffuse même l’assassinat d’un chef nationaliste arabe, le docteur Bendjelloul… qui est, en fait, bel et bien vivant !
Le scenario est classique et l’alerte est lancée dans le ghetto ; entre le 3 et 5
août, une foule d’émeutiers Arabes déferlent sur le quartier Juif, pillent plus de 200 magasins – des bijouteries et des boutiques de barbiers-coiffeurs pour y prendre les rasoirs à lames ; cette même foule incendie quatre immeubles, égorge treize Juifs, en blesse beaucoup d’autres, et, à la fin, le bilan est bien plus lourd – 25 morts dont 6 femmes et 4 bébés, ainsi que plusieurs dizaines de blessés ; les dégâts matériels s’élèveront à 150 millions de « francs Poincaré » de l’époque.
Ou sont les forces de l’ordre ? Se demande-t-on… Et comme d’habitude, elles arrivent en retard.
Très curieusement, le commissaire central avait quitté Constantine la veille, et le maire de la ville Morinaud était absent ; ce même Morinaud qui écrivait la veille de son élection « Sus aux Juifs, assez de paroles, assez de discours et de harangues. Passons aux actes ».
On est en droit de se poser la question – si les forces de l’ordre avaient été là ? Mais il n’y a jamais de « si » dans l’Histoire.
Une des premières conséquences de ce pogrom sera l’exil en nombre des Juifs de Constantine – ils seront plus de 1000 à partir vers Tunis et Paris. Un des blesses
du pogrom, Mr. Zerbib a habité le kibboutz Hanta.
Je me dois de rappeler, qu’entre 1900 et 1948, il y a eu des pogroms dans de nombreux pays musulmans : à Casablanca en 1907, à Fez en 1912 ; en Irak en 1941 ; à Tripoli en 1945 ; à Aden en 1946 et à Oujda en 1948.
J’insiste sur cela pour faire éclater le mythe selon lequel la cause des exactions commises contre les Juifs dans les pays arabes était le mouvement sioniste et l’Etat d’Israël.
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