Miami : « Beaucoup de Français Juifs sont très inquiets pour l’avenir »

 Miami : « Beaucoup de Français Juifs sont très inquiets pour l’avenir »(Rabbin Frankforter)
 

En septembre Le Courrier des Amériques était allé faire un point d’étape avec le rabbin Yisroel Frankforter, depuis très longtemps au cœur de la communauté juive francophone de Floride qui compte plusieurs milliers de personnes. Le rabbin expliquait alors que, de nouveau, comme avant la pandémie de Covid, des Français israélites mettaient le cap vers Miami. Ce n’était pas ce qu’on aurait pu appeler « un exode », mais une tendance bien réelle qui s’était interrompue durant la pandémie. Impossible de se douter à ce moment-là qu’il faudrait de nouveau se revoir avec le rabbin Frankforter pour en parler après la tragédie du 7 octobre. Et, cette fois, il est beaucoup plus inquiet.

« Les gens ont peur en Europe, et en particulier en France. Ils veulent partir.  L’idée se répand qu’il n’y a pas de « futur juif » en France. Ce n’est pas partagé par 100% des Juifs, mais quand même par beaucoup.» Est-ce qu’il aurait formulé ce désarroi de la même manière il y a un an ? « Non, je ne pense pas. Le 7 octobre, beaucoup de gens ont découvert une réalité. » Est-ce que les Juifs qui souhaitent partir pensent à Miami ? « Ils se renseignent. Beaucoup sont intéressés par Israël. Pour le moment on n’a pas de vague d’arrivées supplémentaires sur Miami, mais bien sûr certains vont nous rejoindre. Des images circulent aussi sur les actes antisémites aux Etats-Unis, et beaucoup se posent des questions sur la vie ici. » Est-ce que le climat a vraiment changé aux Etats-Unis ? « Il y a plus de tensions dans certains endroits : universités, Californie, New-York, mais en Floride par exemple ça a peu changé. Les gens découvrent aussi qu’en fonction de la tendance politique des Etats ça peut être très différent.

Les USA sont toujours un pays amical pour nous, mais il y a quand même un discours qui a changé par rapport aux années précédentes. Certains silences sont assourdissants dans les Universités, et on trouve même certains professeurs qui soutiennent le Hamas. C’est nouveau. »

Autre problème : gérer les réfugiés Israéliens qui ont dû quitter le pays après le 7 octobre. « Il y a eu deux sortes de problèmes : d’abord les familles qui ont mis femmes et enfants dans les avions à destination de Miami pour se mettre à l’abri, à commencer par ceux qui habitent dans les zones où pleuvent les roquettes du Hamas. Il a fallu organiser la solidarité. Et puis, second problème, depuis le 7 octobre de grandes parties de l’économie israélienne ont été arrêtées. On a donc des gens qui cherchent du travail, et pour certains c’est un besoin vital. Pendant la Covid j’avais ouvert trois groupes Whatsapp afin de mettre en relation les gens qui offrent un travail et ceux qui en cherchent un. Donc ça a bien aidé. »

Voilà : pas de message fataliste, mais beaucoup d’inquiétude, et un besoin de solidarité. Ceux qui ont besoin d’aide à Miami savent où se tourner. Un dernier message ? « Oui, un message de solidarité, un message d’espoir et de confiance, un message de paix, d’amour, de joie et ce pour tout le monde. Et pour qu’Israel et ses voisins puissent vivre en paix. Chacun d’entre nous peut être le vecteur d’un avenir meilleur par des gestes de bonté autour de nous. »

Le Courrier des Ameriques

Français