Le Dialogue judéo-chrétien de Montréal a un nouveau président : Le Dr David Bensoussan

Le Dialogue judéo-chrétien de Montréal a un nouveau président

 

Montréal, 22 octobre 2025. Le Dialogue judéo-chrétien de Montréal s’est donné récemment un nouveau président, le Dr David Bensoussan, une personnalité éminente de la communauté juive.

Le Dr David Bensoussan est titulaire d’un doctorat en génie électrique de l’Université McGill. Il est professeur au Département de génie électrique de l’École de technologie supérieure de l’Université du Québec depuis 1980.

Très engagé dans la vie communautaire, le Dr Bensoussan a été Vice-président du Congrès juif canadien, région du Québec et président de la Communauté sépharade unifiée du Québec. Il participe activement à diverses organisations philanthropiques et civiques. Dr David Bensoussan

C’est aussi un auteur accompli dont l’œuvre comprend des commentaires bibliques (La Bible au berceau, Le livre d’Isaïe, Le Cantique des cantiques), un récit autobiographique (Le Fils de Mogador), un roman historique (L’Énigme du roi Salomon), des essais historiques (L’Espagne des trois religions, Il était une fois au Maroc) ainsi qu’un ouvrage d’art (Un mariage juif à Mogador), réalisé en collaboration avec l’artiste Asher Knafo.

Élu président du Dialogue judéo-chrétien de Montréal lors de l’Assemblée générale du 10 juin dernier, il a exprimé sa conviction que le dialogue entre juifs et chrétiens « s’impose comme une exigence morale, spirituelle, et humaine. Il répond à un besoin profond de vérité, de reconnaissance mutuelle, et d’engagement envers notre société. »
« À l’heure où nos communautés vivent des défis identitaires, culturels, spirituels, parfois même existentiels, relancer ce dialogue signifie redonner un souffle à une mission qui nous dépasse. Il s’agit non seulement de mieux nous comprendre, mais de mieux nous accueillir. Il ne s’agit pas de taire nos différences, mais de les inscrire dans une conversation patiente, exigeante, et féconde. »
Le nouveau président a aussi souhaité que le dialogue judéo-chrétien puisse « inspirer une approche interreligieuse plus large, consciente des réalités de notre monde pluriel », qui permette de « raviver le sens, retisser du lien, et replacer l’éthique au cœur de notre humanité. »

Fondé en 1971, le Dialogue judéo-chrétien de Montréal est composé d’une quarantaine de représentants de diverses organisations qui l’appuient. Ses membres se réunissent régulièrement afin de construire et de renforcer la compréhension et le soutien mutuels entre les communautés chrétienne et juive.

Outre les rencontres entre ses membres, le Dialogue organise annuellement quelques activités publiques, dont une « Commémoration chrétienne de la Shoah », en collaboration avec le Musée de l’Holocauste de Montréal. Il s’associe également à divers partenaires pour proposer, en mai, une Éco-Action interreligieuse au cours de laquelle des membres d’une dizaine de communautés de foi différentes posent un geste concret pour la protection de l’environnement.

En plus de consolider ces activités emblématiques du Dialogue judéo-chrétien de Montréal, le Dr Bensoussan entend resserrer les liens et développer les collaborations avec les institutions et les personnes qui en partagent la vision et les objectifs.

Il compte relancer un projet destiné aux jeunes, « Les ponts du dialogue », créé pour honorer la mémoire et poursuivre l’œuvre du Dr Victor Goldbloom, un pionnier du dialogue interreligieux et interculturel au Québec.

Il souhaite également que le Dialogue identifie et mette à la disposition des institutions religieuses, culturelles ou autres, des personnes-ressources capables d’animer des conférences, débats ou tables rondes favorisant la connaissance, le respect et l’estime de la diversité religieuse et culturelle dans la société québécoise.

Lors de son discours inaugural, le nouveau président a sollicité l’appui de l’ensemble des membres et des partenaires du Dialogue, comptant sur leur expérience et leur engagement pour réaliser ce programme prometteur. Les chaleureux applaudissements qui ont suivi marquaient sans équivoque la volonté de collaborer activement à la réalisation de cette mission.

Le Dr David Bensoussan est disponible pour information ou entrevue. On peut le joindre par courriel (davidbensoussan7@gmail.com). On trouvera en annexe le texte intégral du discours inaugural (10 juin 2025).

Discours inaugural :

Mesdames, Messieurs, chers collègues, chers amis,

C’est avec un profond sentiment d’humilité, mais aussi une claire conscience des responsabilités qui m’incombent, que je m’adresse à vous aujourd’hui en tant que nouveau président du dialogue judéo-chrétien.
Nous sommes les héritiers d’un long chemin, souvent marqué par des malentendus, parfois par des blessures, mais aussi par de précieuses avancées, fruits du courage, de la clairvoyance et de la fraternité. Le dialogue entre juifs et chrétiens n’est pas un luxe intellectuel ni un exercice diplomatique : il s’impose comme une exigence morale, spirituelle, et humaine. Il répond à un besoin profond de vérité, de reconnaissance mutuelle, et d’engagement envers notre société.

À l’heure où nos communautés vivent des défis identitaires, culturels, spirituels, parfois même existentiels, relancer ce dialogue signifie redonner un souffle à une mission qui nous dépasse. Il s’agit non seulement de mieux nous comprendre, mais de mieux nous accueillir. Il ne faut pas taire nos différences, mais de les inscrire dans une conversation patiente, exigeante, et féconde. Le verset Psaumes 85-12 nous invite à ce faire :
מִשָּׁמַיִם נִשְׁקָּׁף ,וְׁצֶדֶק ;מֵאֶרֶץ תִצְׁמָּׁח ,אֱמֶת

La vérité germe de la terre et la justice brille du haut des cieux.
L'idée de la vérité qui germe de la terre nous rappelle que ces vertus ne sont pas abstraites ; elles sont destinées à être incarnées dans le monde matériel, et cela pourrait signifier que chaque action juste et vraie que nous accomplissons fait partie de cette « germination » de la vérité sur terre. Ce verset exprime l’espoir et la vision d’une harmonie parfaite entre les principes spirituels et le monde matériel, et nous appelle à participer à cette réconciliation par nos propres vies.

La vérité germe de la terre est donc toute proche. Il suffit de se baisser pour la cueillir. Mais il faut faire l’effort. L’effort d’humilité consistant à s’abaisser pour cueillir la vérité la fera épanouir jusqu’à la justice céleste.
Le verset précédent נָשָקו וְשָלֹום צֶדֶק « la justice et la paix s’embrassent » nous rappelle que la paix véritable ne se décrète pas : elle se construit pierre après pierre, dans la justice, dans la rencontre et dans la reconnaissance mutuelle. Car si le dialogue judéo-chrétien reste notre socle, il doit aussi inspirer une approche interreligieuse plus large, consciente des réalités de notre monde pluriel.

Mais comment ce dialogue peut-il aujourd’hui nourrir l’éducation aux valeurs éthiques, alors que notre société semble perdre ses repères identitaires en s’éloignant des traditions religieuses ? Dans un monde où les réseaux sociaux relativisent tout, où le matérialisme effréné détourne l’individu de sa vocation profonde, il devient urgent de retrouver un ancrage. La modernité, omniprésente, s’impose dans chaque recoin de notre quotidien, tandis que l’intelligence artificielle transforme notre rapport au monde, au temps, et même à nous-mêmes.

Dans ce paysage mouvant, le dialogue interreligieux peut jouer un rôle salutaire : raviver le sens, retisser du lien, et replacer l’éthique au cœur de notre humanité.

Nous devons nous souvenir. L’histoire et ses leçons sont là pour guider notre discernement : la mémoire de la Shoah, la déclaration Nostra Aetate, les premiers pas d’un dialogue abrahamique… autant de jalons porteurs d’espérance. À nous d’en prolonger l’élan, d’en élargir l’horizon.

Le dialogue judéo-chrétien ne saurait se réduire à des échanges académiques ni à la seule évocation du passé. Il doit devenir une force vive, un ferment d’action face aux défis contemporains. Il doit être un rempart contre l’indifférence, une voix claire et courageuse dans un monde qui marginalise trop souvent la spiritualité.

Alors, quelles pistes concrètes s’ouvrent à nous ?

Il s’agira d’abord de resserrer les liens avec les institutions et les personnes de bonne volonté qui partagent cette vision : le Centre canadien d’œcuménisme, le Dialogue judéo-chrétien du Canada, le Centre de la littératie religieuse et civique, le Centre Dominicum, le McGill Office for Religious and Spiritual Life, le Multifaith and Spirituality Centre de Concordia, le Dialogue judéo-chrétien du Temple Emanu-El-Beth Sholom, et bien d’autres encore. Tous sont unis par la volonté de faire rayonner le respect, la dignité et la diversité.

Nous devons également faire renaître les Ponts du dialogue, ces espaces vivants tournés vers la jeunesse. Là réside l’avenir.

Sur cette base, nous établirons un inventaire de personnes-ressources capables d’animer des conférences, des débats, des tables rondes — tant dans les institutions religieuses que dans la sphère publique. Faisons rayonner nos valeurs. Donnons-leur une parole incarnée.

C’est dans cet esprit que je souhaite inscrire notre action commune.

Je remercie le DJCM pour la confiance qu’il m’accorde. J’ai eu l’honneur de connaître plusieurs de ses anciens présidents, dont l’envergure intellectuelle et morale fut pour moi une source d’inspiration. Je rends hommage tout particulièrement à Jean Duhaime, président émérite, dont l’engagement et la sagesse ont marqué ce dialogue d’une empreinte durable.
Je compte sur chacun de vous. Sur votre appui, sur votre intelligence, sur votre engagement.
Ensemble, faisons croître ce dialogue.
Ensemble, faisons entendre une voix d’espérance.
Le verset 19-3 fait écho à ce vœu :
דָּׁעַת-יְׁחַוֶה ,וְׁלַיְׁלָּׁה לְׁלַיְׁלָּׁה ;יַבִיע ַ אֹמֶר ,יֹום לְׁיֹום .
Le jour en fait le récit au jour, et la nuit donne connaissance à la nuit.
Ainsi, c’est au grand jour que se transmet le récit des temps heureux, sans oublier en même temps les nuits des temps sombres dont il faut tirer conseil.
Toutefois, nous lisons dans la suite (Psaumes 19-5).
יָּׁצָּׁא קַוָּׁם ,הָּׁאָּׁרֶץ-בְׁכָּׁל,
Ce verset signifie « Sur toute la terre s’étend la ligne d’horizon » et aussi « Sur toute la terre s’étend l’espoir », l’espoir d’harmonie du jour et de la nuit. Cela nous invite à nous souvenir et à oublier afin que l’harmonie règne et que l’espoir prenne le dessus.

Je vous remercie.
 

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