Tunisie : « On nous fait croire que la situation des femmes a changé ! »
Marie Verdier, envoyée spéciale à Tunis , La Croiix
En dépit des conquêtes féministes, les Tunisiennes peinent à être les égales des hommes d’autant que le printemps arabe s’est accompagné d’une montée du conservatisme.
Bouchra et Amal, étudiantes en journalisme à l’Université de la Manouba, à Tunis. / Nicolas Fauqué pour La Croix
À bien des égards, Faten Boucharara incarne la femme tunisienne moderne et accomplie si souvent vantée et enviée dans le monde arabo-musulman : gérante d’une agence immobilière, investie dans une association de promotion du leadership féminin et mère de deux enfants.
Pourtant jusqu’à récemment, Faten Boucharara s’exécutait le soir dès que son mari hélait du canapé « qu’est-ce qu’on mange ? ». Elle enjoignait sa fille, d’être docile et obéissante, de servir son père à table. Pendant qu’elle flattait son fils, 11 ans, de compliments virils et le laissait sortir le soir. « Je n’avais absolument pas conscience d’être dans la reproduction avec mes enfants », reconnait-elle.
Cette inégalité d’éducation entre filles et garçons lui a sauté aux yeux en retournant sur les bancs de l’université de la Manouba suivre le master « genre, culture, société ». « J’ai changé à 360°. Et mon mari, un garçon gâté au milieu de trois sœurs, m’encourage ! », se félicite-t-elle.
Une mainmise des hommes sur les femmes
« On croyait, à tort, que la question de la femme était réglée en Tunisie », rapporte le doyen de la faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, Habib Kazdaghli. Lorsque sa faculté subit la pression salafiste dans les années 2011-2013, après la chute du président Ben Ali et voit le campus investi par des étudiantes en niqab (voile intégral), il réagit à la menace fondamentaliste en créant plusieurs formations pour ouvrir les esprits.
« On nous prend pour des gauchistes », constate Mayssa Joabli, 23 ans, étudiante du master « genre ». Seule fille encadrée par deux frères de 27 et 18 ans, elle a fait sa révolution personnelle. « Maintenant je m’exprime. Mais pour mes frères, en parlant je leur manque de respect et dépasse les limites », témoigne-t-elle. Au point qu’ils ne se parlent plus. « On nous a beaucoup menti sur le fait que Dieu a voulu la supériorité des hommes », poursuit Mayssa.
La liberté acquise avec le printemps arabe en 2011 a aussi permis aux femmes de se voiler et aux hommes de resserrer leur mainmise sur les femmes. « Les Tunisiennes sont libres et modernes, elles participent à la vie sociale », clame Amal, 19 ans, étudiante voilée en journalisme. Mais d’ajouter : « l’égalité n’est pas nécessaire, on ne peut pas être l’égale d’un homme dans un pays musulman ».
Amal et son amie Bouchra condamnent la possibilité depuis mi-septembre pour les Tunisiennes, considérées comme forcément musulmanes, d’épouser un non-musulman (1) et s’opposent au projet de l’égalité en matière d’héritage.
Une Tunisie parallèle cosmopolite et moderniste
À quelques encablures de la banlieue populaire de la Manouba, Sirine, Rim, Anissa, Nahla et Souad, revendiquent leur liberté. « Je sors quand je veux, je vis complètement à l’européenne », s’enorgueillit Anissa qui laisse son mari pour rejoindre son club d’amies. Rim aussi jouit de sa vie « sans pression ». Elle a vécu plusieurs années à Paris avec un compagnon qui venait en vacances en Tunisie.
Toutes sont issues des milieux aisés et cosmopolites de Carthage, Sidi Bou Saïd, La Marsa ou Gammarth, communes huppées du nord de Tunis surnommées « la principauté » où évoluent intellectuels, dirigeants, expatriés et figures des mouvements féministes. « On est sur le Rocher, avec nos lieux, nos sorties et nos mœurs libres », reconnaît Sirine.
Cette Tunisie parallèle qui cohabite avec l’autre Tunisie fait office de figure de proue d’une société moderniste qui bouscule sans cesse les lignes du droit et des droits. Mais la liberté ne s’exhibe pas. « Je cache ma vie, je ne bois pas devant mes frères et ma mère », rapporte Souad.
« Quand ma mère vient, je ne sors pas. J’ai un mari donc je ne suis pas censée jouir de ma liberté », poursuit-elle. Ahlem, elle, a osé dire « non ». Elle a divorcé. Pour ne pas subir l’opprobre et pouvoir louer un appartement avec sa fille, elle déclare que son mari « travaille dans le Sud ». « Mes voisins me rendent la vie infernale parce que je suis seule. Ce sont les féministes tunisoises qui m’ont sauvée, m’ont permis de me reconstruire autour d’un cercle d’amis. »
« Même quand elles travaillent, les femmes restent soumises »
« La situation régresse depuis 2011 », soupire Meriem qui à 33 ans se définit comme une « célibattante », qui a gonflé les rangs des diplômés chômeurs avec sa thèse en biologie. « Nous sommes plus diplômées que les hommes mais on ne peut rien en faire. Quand on parle du statut des femmes, on nous rétorque que vu la crise ce n’est pas le moment ou que les Tunisiennes sont des femmes trop gâtées », dit-elle. Or sans autonomie financière la liberté de mouvement se tarit plus encore.
Monia et Sonia le savent plus que tout autres. Elles ont toutes deux été licenciées en 2013, pour avoir créé un syndicat dans leur entreprise, fait appliquer la loi pour les heures supplémentaires, les congés payés et fait adopter une nouvelle grille de salaires. « Les entreprises étrangères demandent de la main-d’œuvre féminine parce que les Tunisiennes acceptent toutes les conditions », fulmine Monia.
Depuis toutes deux figurent sur la liste noire des personnes à ne pas embaucher. « Pour mes parents aussi je suis fautive, car les filles ne doivent pas manifester, ne doivent pas hausser le ton et encore moins parler aux médias. J’ai, me disent-ils, perdu mon image et la possibilité de me marier car “ les hommes n’aiment pas les femmes têtue” »,explique Sonia.
« On nous fait croire que la situation des femmes a changé ! » persifle Raga Hedhili, directrice d’une usine de confection près de Monastir. « Même quand elles travaillent, les femmes restent soumises, la majorité d’entre elles donnent leur salaire à leur mari sans forcément s’indigner. » Dans son usine, des femmes viennent parfois la supplier de ne pas mentionner la totalité de leur salaire sur la fiche de paie pour pouvoir garder pour elle une petite somme en liquide. Et de conclure : « les filles apprennent à ne pas parler devant leur père, devant leur frère et devant leur professeur, comment deviendraient-elles libres et indépendantes une fois mariées ? »
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L’égalité dans les textes
• Dans la constitution de 2014, l’État s’engage à protéger les droits acquis de la femme et œuvre à les renforcer et les développer.
• Dans le code du statut personnel, le mari reste chef de famille et tuteur des enfants.
• Les femmes représentent 28 % de la population active et 42 % des chômeurs.
• 67 % des diplômés de l’enseignement supérieur sont des femmes. Mais 41 % d’entre elles sont au chômage contre 21,4 % pour les hommes.
• L’écart de salaires hommes-femmes est de 40 % dans les très petites entreprises et de 25,4 % dans le privé.
• La Tunisie est classée au 126e rang (sur 144 pays) dans le rapport Davos 2016 sur l’égalité de genre.
Marie Verdier, envoyée spéciale à Tunis
(1) La circulaire de 1973 interdisant le mariage d’une musulmane avec un non-musulman a été abrogée le 14 septembre.
Commentaires
L'égalité est une conséquence du développement pas l'inverse.
On a perdu trop d’hommes au chainby, en Libye et en Syrie.
On nous a dit que changer le premier article n’est pas important. Qu’on à d’autres priorités, tel l’égalité entre les deux genres.
Est-ce le choix de mentir ?
De toute façon les personnes entre 25 et 55 ans en Tunisie se composent aujourd’hui de plus de femmes que d’homme ce qui n’est pas normal.
La demande sur la femme diminue. Elle perd sa valeur. Elle essaye de la diminuer pour avoir un mari.
Donc hijab nikab tout est bon.
Après 55 ans un hijab c’est un peut compréhensible mais pas avant.
Passer le droit de se marier a plusieurs femmes pour faire l’équilibre peut sembler une bonne idée.
Ceux qui l’on passé (la péninsule arabique) entre 25 et 55 vont de 3 hommes pour 2 femmes jusqu'à 5 hommes pour 1 femme.
Dans cette autre extrême les femmes manquent beaucoup et de ce fait commence à perdre leurs droits
La manipulation d’hormones est très mauvaise. Il faut appliquer la constitution sur les lois il est vraiment temps.
En Tunisie nous avons une démocratie ou une dictature ?
La distribution de la population: (du Factbook)
0-14 ans: 25.15% (mâles 1 482 303/femelles 1 385 407)
15-24 ans: 13.99% (mâles 805 376/femelles 790 119)
25-54 ans: 43.38% (mâles 2 410 724/femelles 2 536 015)
55-64 ans: 9.54% (mâles 543 865/femelles 543 642)
65 ans et plus: 7.95% (mâles 429 681/femelles 476 668) (2017 est.)
La moyenne d'âge est de 32 ans.
99.7% sont musulmans bien que je ne le suis pas.
La tunisienne à 2 enfants.
Quand un tunisien entame ses études il est supposé devenir technicien.
En Tunisie le vote est sur la nature des gens pas sur la volonté des gens.
Donc notre présidente a 32 ans, 2 enfants, elle est technicienne et surtout musulmane.
Surtout musulmane pour trouver une application au premier article de la constitution tunisienne.
La religion de la Tunisie est l’islam ne s’applique pas sur la terre car ça va détruire les cimetières des autres religions. Il ne s’applique pas sur le peuple car ça va imposer une religion à 0.3% de la population. Donc il doit s’appliqué a notre présidente. Ce n’est pas un jeu.
Le première article de la constitution aurait put être basé sur l’identité géographique pour avancer dans l’histoire:
La Tunisie est un pays libre et indépendant situer dans le nord d’Afrique entourer par l’Algérie, la Libye et la méditerranée, l’arabe est sa première langue, ne prend part ni pour ni contre une religion, pépinière de toutes les religions, garantie la liberté d’expression et de la presse. (Écrit en arabe a l’origine).
La démocratie ne peut pas être imposée. La démocratie est méritée. La croissance économique et la démocratie sont garanties dans une société où la majorité ne ment pas. Je pence qu’un référendum avec une simple question : Est ce que tu as déjà arrêté d’une façon définitive le mensonge ? [ ] Oui [ ] Non
Répéter assez souvent pourra développée la Tunisie. L’égalité entre les deux genres n’est qu’une conséquence. Le plein grès n’a pas de prix.