La disparition des Dhimmis
Le traumatisme des chrétiens du Moyen-Orient
par Daniel Pipes
Une nouvelle tendance se développe dans la pensée musulmane sunnite : le nettoyage ethnique. La propagation de cette tendance qui consiste non pas en un génocide mais bien en l'expulsion des populations non sunnites, annonce un avenir bien sombre voire dans certains cas la fin de toute perspective d'avenir pour les minorités non-musulmanes des pays à majorité musulmane.
Je vais retracer ici les origines du nettoyage ethnique au Moyen-Orient pour ensuite observer son impact particulier sur les chrétiens et envisager des solutions à ce problème.
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Pour commencer, examinons le statut des non-musulmans dans les pays à majorité musulmane avant 1800.
Les musulmans classaient les non-musulmans en deux catégories : d'une part, les monothéistes reconnus par l'islam comme adhérant à une religion valide (c'est-à-dire la plupart du temps les juifs et les chrétiens) et d'autre part, les polythéistes (surtout les hindous), une catégorie ne bénéficiant pas de cette reconnaissance. La première catégorie qui est le sujet du présent article, est connue sous le nom de Gens du Livre (Ahl al-Kitab).
Les musulmans étaient relativement tolérants envers les Gens du Livre mais seulement à condition que ces derniers acceptent de devenir des dhimmis (personnes protégées) et de reconnaître de ce fait l'autorité des musulmans et la supériorité de l'islam. En d'autres termes, il s'agissait pour ces non-musulmans d'accepter un statut d'infériorité aux termes duquel ils étaient astreints au paiement d'impôts spéciaux (appelés djizya) ainsi qu'à l'interdiction de servir dans l'armée ou la police et, plus généralement, d'exercer une quelconque autorité sur les musulmans. Les lois somptuaires étaient nombreuses : un juif ou un chrétien devait se déplacer à pied ou à dos de mulet mais jamais à cheval et, dans la rue, il devait céder le passage au musulman. Bien entendu, les pratiques ont varié selon le pays et l'époque.
La reconnaissance accordée aux minorités religieuses rendait les pays sous domination musulmane très différents de la chrétienté prémoderne. Les chrétiens placés sous l'autorité des musulmans bénéficiaient de meilleures conditions que les musulmans vivant sous l'autorité des chrétiens. Ainsi vers l'an 1200, il valait bien mieux être chrétien dans l'Espagne musulmane que musulman dans l'Espagne chrétienne. La situation était semblable pour les juifs : Mark R. Cohen observe que « les juifs de l'islam, particulièrement durant les siècles constitutifs de l'époque classique (soit jusqu'au XIIIe siècle) ont subi beaucoup moins de persécutions que les juifs vivant dans la chrétienté. »
Toutefois, il ne faut pas idéaliser le statut du dhimmi qui, certes, accordait un degré de tolérance permettant une certaine cohabitation et un certain respect mais à la condition que soient reconnues et acceptées la supériorité des musulmans et l'infériorité des non-musulmans. Par ailleurs, ce statut dépendait du bon vouloir des musulmans qui pouvaient abuser de la situation. À l'heure actuelle, aucun citoyen ne pourrait accepter les discriminations qui accompagnaient la vie du dhimmi.
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D'ailleurs, le statut du dhimmi a décliné à l'époque contemporaine, c'est-à-dire après 1800, au moment où les puissances européennes (Britanniques, Français, Néerlandais, Espagnols, Italiens, Russes et autres) ont submergé pratiquement l'ensemble du monde musulman. Même les rares pays – comme le Yémen, l'Arabie, la Turquie et l'Iran – qui ont échappé au contrôle direct des Européens ont ressenti la prédominance de l'Europe.
Les impérialistes chrétiens ont inversé la logique du statut du dhimmi en accordant la préférence aux chrétiens et aux juifs. Juifs et chrétiens étaient en effet plus enclins à accepter les nouveaux dirigeants, à apprendre leurs langues et leurs techniques, à travailler pour eux et à leur servir d'intermédiaires avec une population à majorité musulmane bien entendu dépitée face à ce statut revalorisé des chrétiens et des juifs.
Avec la fin inévitable de la domination européenne, les musulmans revenus au pouvoir ont fait brutalement retomber les minorités dans une situation pire que celle d'antan puisque le statut du dhimmi, rendu entretemps caduc par les Européens, ne pouvait plus être rétabli. Pas très sûrs d'eux-mêmes, les nouveaux dirigeants considéraient souvent d'un mauvais œil les Gens du Livre. Irrités du fait que ces derniers avaient servi les impérialistes, ils les soupçonnaient d'entretenir encore et toujours des liens avec l'Europe (et dans le cas des juifs, de nouveaux liens avec Israël).
On peut dire que le statut de seconde classe attribué au dhimmi était passé désormais à un statut post-dhimmi de troisième ou quatrième classe. L'éclatement de l'Empire ottoman s'est accompagné d'une augmentation inouïe des persécutions à l'encontre des juifs et des chrétiens, depuis les Arméniens de Turquie dans les années 1910 jusqu'aux récents traumatismes subis par les chrétiens en Irak et en Syrie.
Avant de continuer sur le sort des chrétiens, quelques mots sur celui des juifs. Les anciennes communautés juives ont disparu à la suite du déclin du statut du dhimmi et de la création, en 1948, de l'État d'Israël. Les juifs ont fui ou ont été poussés vers la sortie surtout dans les vingt années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. La communauté juive d'Algérie, réduite mais très active, constitue peut-être l'exemple le plus dramatique des changements survenus à l'époque postcoloniale. Les juifs locaux s'étaient liés avec le pouvoir français d'une manière telle que la communauté juive dans son intégralité a fui le pays en même temps que les autorités françaises en juillet 1962 [i]. En 1945, la population juive des pays à majorité musulmane s'élevait à environ un million de personnes. Aujourd'hui, elle oscille entre 30.000 et 40.000 personnes établies presque exclusivement en Iran, en Turquie et au Maroc. Seuls quelques membres de cette communauté vivent ailleurs : peut-être une soixantaine en Égypte, 9 en Irak et encore moins en Afghanistan. D'ici quelques années, ces communautés pratiquement éteintes et composées des plus âgés, auront disparu.
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Comme le dit l'expression : « D'abord les Gens du Samedi, ensuite les Gens du Dimanche. » À présent, c'est donc au tour des chrétiens qui sont aujourd'hui en train de subir le même exode que celui des juifs. De 1500 à 1900, les chrétiens constituaient, selon B. Barrett et Todd M. Johnson, un bon 15% de la population du Moyen-Orient. En 1910, ce chiffre était, selon Todd M. Johnson et Gina A. Zurlo, tombé à 13,6%. En 2010, les chrétiens ne représentaient plus que 4,2% de la population, soit moins du tiers de ce qu'ils représentaient un siècle plus tôt, une tendance à la baisse qui, évidemment, se poursuit de façon accélérée.
Pour reprendre les termes du journaliste Lee Smith : « Être chrétien au Moyen-Orient n'a jamais été facile mais les vagues de soulèvements qui ont balayé la région ces dernières années ont rendu la situation des minorités chrétiennes locales quasiment insupportable. » [ii] Les exemples sont alarmants et à de nombreux égards sans précédent dans la longue histoire des relations entre musulmans et chrétiens. Voici quelques-uns d'entre eux (avec mes remerciements à Raymond Ibrahim) :
Au Nigéria, le groupe islamiste Boko Haram a tué en 2011 au moins 510 personnes, principalement des chrétiens, et brûlé ou détruit plus de 350 églises dans les États du nord.
En Ouganda, la veille de Noël de 2011, des musulmans ont jeté de l'acide sur un homme d'église lui infligeant ainsi de graves brûlures.
En Iran, une église dans laquelle on célébrait Noël, a été prise d'assaut par les services de sécurité et toutes les personnes présentes, y compris les enfants qui fréquentaient l'école du dimanche, ont été arrêtées et interrogées.
Au Tadjikistan, un jeune homme déguisé en Morozko (sorte de Père Noël russe) a été poignardé à mort alors qu'il rendait visite à des proches pour leur offrir des cadeaux.
En Malaisie, des prêtres et des animateurs paroissiaux pour la jeunesse ont dû décliner à la police leur identité complète afin d'obtenir des permis pour pouvoir chanter.
En Indonésie, des « vandales » ont décapité une statue de la Vierge Marie.
Le message est clair : « Chrétiens, vous n'êtes pas les bienvenus. Partez. »
La réponse des chrétiens a été de quitter rapidement le Moyen-Orient au point que la religion chrétienne est en train de mourir à l'endroit même où elle est née. En Turquie, la population chrétienne qui s'élevait à 2 millions en 1920, ne se compte plus aujourd'hui qu'en milliers. En Irak, le Christian Solidarity International (CSI) a constaté en 2007 que près de la moitié du million de chrétiens qui vivait là encore en 2003, avait fui. Le Conseil pour le secours chrétien en Irak a clamé : « Nous sommes sur le point de disparaître » [iii] En Syrie, les chrétiens représentaient, au début du siècle dernier, environ un tiers de la population alors qu'aujourd'hui ils sont moins de 10%. Au Liban, ce nombre est passé de 55% il y a 70 ans à moins de 30% aujourd'hui. Les coptes s'en vont à un rythme inégalé dans leur longue histoire.
En Terre sainte, les chrétiens composaient 10% de la population à l'époque ottomane. Ce chiffre est aujourd'hui descendu à environ 2%. Bethléem et Nazareth, les villages chrétiens les plus symboliques, ont compté une majorité de chrétiens pendant près de deux mille ans. Ce n'est désormais plus le cas : ce sont à présent des villes à majorité musulmane. À Jérusalem, en 1922, les chrétiens étaient plus nombreux que les musulmans. Aujourd'hui les chrétiens de Jérusalem représentent à peine de 2% des habitants de la ville. Malgré cette émigration, Khaled Abu Toameh, un journaliste palestinien musulman, observe que « Israël demeure le seul endroit au Moyen-Orient où les Arabes chrétiens se sentent protégés et en sécurité. » [iv]
Selon le Wall Street Journal, à l'heure actuelle « les Arabes chrétiens sont plus nombreux hors du Moyen-Orient que dans la région. Environ 20 millions d'entre eux vivent à l'étranger alors qu'ils sont 15 millions à demeurer au Moyen-Orient selon un rapport réalisé l'année dernière par trois associations caritatives chrétiennes et la University of East London. » Citant Samuel Tadros du Hudson Institute, le rapport montre que le nombre d'églises coptes aux États-Unis a fait un bond important, passant de 2 en 1971 à 252 en 2017.
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Face à cette crise, les chrétiens d'Orient adoptent différentes attitudes. Je vais en analyser trois.
Les catholiques melkites (qui vivent principalement au Liban et en Syrie) ont essayé d'éviter les problèmes en disant aux musulmans exactement ce que ceux-ci veulent entendre. En 2005, le patriarche d'Antioche Grégoire III Laham déclarait dans un discours mémorable :
Nous sommes l'Église de l'islam... L'islam représente notre environnement, notre cadre de vie. Nous sommes historiquement liés à lui... Nous comprenons l'islam de l'intérieur. Quand j'entends un verset du Coran, cela ne m'est pas étranger. C'est une expression de la civilisation à laquelle j'appartiens. [v]
Grégoire reportait la faute de l'islamisme tout entière sur l'Occident : « Le fondamentalisme est une maladie qui se déclare et s'enracine en raison du vide produit par la modernité occidentale. » [vi] Dans le même esprit, en 2010, Grégoire a reproché à Israël les attentats djihadistes visant les chrétiens d'Orient :
La violence n'a rien à voir avec l'islam... Mais il s'agit en fait d'un complot ourdi par le sionisme et certains chrétiens aux orientations sionistes et qui vise à miner l'islam en donnant de lui une mauvaise image... Il s'agit également d'un complot dirigé contre les Arabes... pour leur dénier leurs droits et particulièrement ceux des Palestiniens. [vii]
En 2011, il a ajouté que le conflit israélo-palestinien est la « seule » raison qui pousse les chrétiens d'Orient à émigrer hors du Moyen-Orient, une émigration qui est en train de provoquer leur « extinction démographique ». [viii]
En somme, le discours de Grégoire revient à dire : Musulmans, ne nous frappez pas s'il vous plaît. Nous dirons tout ce que vous voudrez. Nous n'avons aucune identité propre. En réalité, nous sommes en quelque sorte des musulmans. Il s'agit là d'une supplique digne d'un parfait dhimmi à une époque post-dhimmie.
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Sur le plan historique, ce sont les Maronites qui présentent le contraste le plus saisissant en matière d'autodénigrement. Pour des raisons théologiques (leur attachement à l'Église catholique) et géographiques (leur habitat dans les montagnes), ils constituaient la communauté chrétienne la plus forte et la plus libre du Moyen-Orient. Armés et autonomes, ils ont tenu leurs maîtres musulmans à distance.
En 1926, chose unique, ils ont incité une puissance impériale, la France, à créer un État, le Liban, en leur faveur. Mais les maronites étaient gourmands : plutôt que d'accepter un « Petit Liban » dans lequel ils représentaient avec d'autres chrétiens 80% de la population, ils ont demandé et obtenu un « Grand Liban » dans lequel ils constituaient moins de 40% de la population. Cinquante ans plus tard, en 1976, les maronites ont payé le prix de leur démesure quand les musulmans ont mené une guerre civile de 15 ans qui a brisé la puissance maronite.
La réaction des maronites a été de se tourner les uns contre les autres. Alors que certains demeuraient méfiants, la faction la plus importante est devenue semblable aux melkites. En 1991, l'ancien général Michel Aoun s'est opposé aux Syriens. Aujourd'hui, il fait alliance avec le Hezbollah et sert le djihad. Pour reprendre de nouveau les mots de Lee Smith :
De tout temps, les maronites se sont distingués des autres comme étant la communauté confessionnelle la plus farouchement indépendante de la région. Cependant, la crainte, le ressentiment et les calculs politiques à courte vue les ont amenés à chercher la protection et le patronage des éléments les plus dangereux et rétrogrades du Moyen-Orient, à savoir la Syrie, l'Iran et le Hezbollah. [ix]
Bref, les maronites sont passés de l'état de chrétiens libres à celui de dhimmis partiels.
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Depuis la conquête islamique de l'Égypte il y a près de quatorze siècles, les coptes d'Égypte ont eu un parcours presque à l'opposé de celui des maronites. Leur situation géographique (habitat en plaine), historique (gouvernement central fort) et sociologique (vie parmi les musulmans) était tout à fait défavorable à leur indépendance, ce qui les a contraints à courber l'échine. En acceptant pleinement le statut de dhimmi, les coptes ont survécu et résisté à l'islamisation beaucoup mieux que la plupart des autres peuples chrétiens d'Orient, ainsi que l'atteste leur nombre relativement important.
Boutros Ghali fut Premier ministre de l'Égypte de 1908 à 1910.
L'époque coloniale leur a permis de jouer un rôle plus important. Ce rôle, ils l'ont assumé pleinement à l'instar du grand-père de l'ancien Secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros Ghali, qui a occupé le poste de Premier ministre de l'Égypte de 1908 à 1910. Cette courte période d'exercice du pouvoir s'est terminée avec le départ des Britanniques dans les années 1950.
Aux environs des années 1980, deux dynamiques parallèles se sont mises en place. D'un côté, les islamistes ont systématiquement visé les coptes par toutes sortes d'actes de coercition et de violence à leur encontre, encouragés par le gouvernement égyptien qui a coutume de privilégier le maintien de bonnes relations avec les islamistes plutôt que de protéger sa minorité chrétienne. Les chrétiens sont devenus comme un ballon de foot politique. Ainsi, Hosni Moubarak a joué un double jeu en affirmant être le protecteur des coptes alors qu'il faisait tout sauf ça.
De l'autre côté, après des siècles d'un silence presque complet, les coptes se sont mis à donner de la voix et à organiser leur propre défense. Ils ont commencé à parler de leurs malheurs et ont mené des actions de protestation au moment où le président égyptien se rendait en visite à Washington. En dépit d'une très longue tradition de quiétude, les Coptes sont en train de prendre la relève des maronites.
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Nonobstant la diversité des attitudes face à l'adversité – super-dhimmi, dhimmi ou résolu – l'avenir du christianisme au Moyen-Orient apparaît globalement sombre. L'acceptation de la place de dhimmi a permis une amélioration passagère qui a fait place à une mentalité disposée au nettoyage ethnique.
On entend souvent parler de haine et de crainte par rapport à l'islam, une attitude appelée désormais « islamophobie ». Mais pour Ayaan Hirsi Ali, cette ex-musulmane et ancienne députée néerlandaise, le vrai problème est quelque chose de tout à fait différent, à savoir la christianophobie.
Une analyse impartiale des événements et des tendances de ces dernières années conduit à la conclusion suivante : l'ampleur et la gravité de l'islamophobie font pâle figure quand on les compare à la christianophobie sanglante qui court actuellement à travers les pays à majorité musulmane des différents continents. La loi du silence qui enveloppe cette expression violente de l'intolérance religieuse doit cesser. Ce qui est en jeu, c'est bien le destin des chrétiens et en fin de compte de toutes les minorités religieuses (vivant parmi les musulmans). [x]
Considérés conjointement, les nettoyages ethniques pratiqués sur les juifs et les chrétiens marquent la fin d'une époque. La diversité qui faisait l'attrait de la vie au Moyen-Orient est réduite à la triste monotonie d'une seule et unique religion et d'une poignée de minorités assiégées. Et c'est la région dans son ensemble, et pas seulement les minorités, qui se voit appauvrie par cette tendance.
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Dès lors que peuvent faire les Occidentaux – et plus particulièrement la CSI – face à ce problème ?
Il n'existe que deux options : protéger les non-musulmans – chrétiens et autres – pour qu'ils continuent à vivre dans des pays à majorité musulmane, ou les aider à quitter leurs terres ancestrales.
De toute évidence, la première option est préférable à la seconde. Les chrétiens ont un droit inaliénable à rester là. Mais pour que les Occidentaux puissent les y aider il faut non seulement une réelle implication de leur part mais aussi une volonté de changer de la part des musulmans. Or aucun de ces deux éléments ne semble pour le moins du monde constituer une perspective réaliste. Et surtout quand il s'agit de défendre les droits de l'homme pour d'autres que soi, les gouvernements démocratiques ne peuvent à eux seuls prendre les décisions et ont besoin du soutien populaire. Pour le moment, les Occidentaux apparaissent peu enclins à prendre les mesures qui s'imposent – telles que les pressions économiques et militaires – pour assurer la survie sur place des chrétiens d'Orient.
Dès lors, il ne reste que l'option la moins attractive : aider les chrétiens à quitter leur pays en ouvrant les portes pour les laisser entrer. L'émigration est par nature une expérience douloureuse et les démocraties éprouveront des difficultés à élaborer des politiques donnant la priorité aux membres de certaines religions. En dépit de cette difficulté et d'autres inconvénients, la migration constitue une réelle option, celle qui est d'ailleurs appliquée au quotidien.
Et c'est ainsi que les chrétiens d'Orient disparaissent de leurs antiques foyers, une tragédie qui s'opère sous nos yeux.
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Ouvrages cités
Ali, Ayaan Hirsi. "The Global War on Christians in the Muslim World." Newsweek. 6 février 2012.
Berger, Judson. "Mob Attacks on Iraqi Christian Businesses Raise Security Concerns." Fox News, 9 décembre 2011.
Lloyd C. Briggs and Norina Lami Guède, No More For Ever: A Saharan Jewish Town, (Cambridge, Mass: Papers of the Peabody Museum of Archaeology and Ethnology, 1964).
Cohen, Mark. Under Crescent and Cross – The Jews of the Middle Ages (Princeton: Princeton University Press, 1994).
Fowler, Jack. "Melkite Patriarch Absolves Islam, Blames 'Zionist Conspiracy.'" National Review, 13 décembre 2010.
The Free Library. "Catholic patriarch warns Christians face 'extinction'." The Free Library. Sans date.
Toameh, Khaled Abu. "Arab Spring Sending Shudders Through Christians in the Middle East." Gatestone Institute, 20 décembre 2011.
Valente, Gianni. "We are the Church of Islam. Interview with the patriarch of Antioch Grégoire III Laham." Synode des évêques no. 10 (2005).
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[i] Lloyd C. Briggs and Norina Lami Guède, No More For Ever: A Saharan Jewish Town, (Cambridge, Mass: Papers of the Peabody Museum of Archaeology and Ethnology, 1964).
[ii] Lee Smith, "Agents of Influence," Tablet, 4 janvier 2012, http://www.tabletmag.com/ jewish-news-and-politics/87240/minority-interest (consulté le 17 février 2017).
[iii] Cité d'après Judson Berger, "Mob Attacks on Iraqi Christian Businesses Raise Security Concerns," Fox News, 9 décembre 2011, http://www.foxnews.com/politics/2011/12/09/mob-attacks-on-christian-bus… (consulté le 17 février 2017).
[iv] Voir Khaled Abu Toameh, "Arab Spring Sending Shudders Through Christians in the Middle East", Gatestone Institute, 20 décembre 2011, https://www.gatestoneinstitute.org/2685/arab-spring-christians (consulté le 17 février 2017).
[v] Quoted after Gianni Valente, "We are the Church of Islam. Interview with the patriarch of Antioch Grégoire III Laham," Synod of Bishops no. 10 (2005), http://www.30giorni.it/articoli_id_9596_l3.htm (consulté le 17 février 2017).
[vi] Ibid.
[vii] Cité d'après Jack Fowler, "Melkite Patriarch Absolves Islam, Blames 'Zionist Conspiracy,'" National Review, 13 décembre 2010, http://www.nationalreview.com/ corner/255224/melkite-patriarch-absolves-islam-blames-zionist-conspiracy-jack-fowler (consulté le 17 février 2017).
[viii] Cité d'après The Free Library, "Catholic patriarch warns Christians face 'extinction,'" The Free Library, s.d., https://www.thefreelibrary.com/Catholic+patriarch+warns+Christians+ face+%27extinction%27.-a0250613492 (consulté le 17 février 2017).
[ix] Lee Smith, "Agents of Influence," Tablet, 4 janvier 2012, http://www.tabletmag.com/ jewish-news-and-politics/87240/minority-interest (consulté le 17 février 2017).
[x] Ayaan Hirsi Ali, "The Global War on Christians in the Muslim World," Newsweek, 6 février 2012, http://europe.newsweek.com/ayaan-hirsi-alithe-global-war-christians-mus… (consulté le 17 février 2017).
http://fr.danielpipes.org/18184/la-disparition-des-dhimmis
Version originale anglaise: Dhimmis No More