La Tunisie veut mieux valoriser son huile d'olive

La Tunisie veut mieux valoriser son huile d'olive

LE MONDE

Le pays pourrait écouler 180 000 tonnes d'huile d'olive sur la saison 2017-2018. Le troisième exportateur mondial du précieux jus mise sur un prix moins élévé que la concurrence et joue désormais la carte du bio.

Chronique. Quel est le point commun entre le lablabi, la chakchouka et la salade méchouia ? Ce sont des spécialités culinaires tunisiennes, direz-vous sans hésiter. Avec raison. Mieux encore, ces plats nécessitent une bonne rasade d'huile d'olive. Et pour cause. La délicieuse cuisine du pays du jasmin et de la harissa ne peut guère se passer de cet ingrédient précieux. Mais le bon coup de fourchette de la population et des touristes ne suffit pas à tarir la source. Il est vrai que l'arbre aux feuilles argentées prend ses aises sur 1,8 million d'hectares. De quoi positionner la Tunisie comme troisième exportateur mondial d'huile d'olive cette année, derrière l'Espagne et l'Italie.

Selon les chiffres du Conseil oléicole international, la Tunisie pourrait en écouler 180 000 tonnes sur la saison 2017-2018. Oubliée la récolte maigrelette de l'année précédente, quand le flux avait été réduit de moitié. Dame Nature avait aussi frappé durement l'Italie, faisant flamber le prix du jus pressé en Toscane, en Ombrie ou dans les Pouilles. Cette année, si l'Italie et la Tunisie ont fait tourner les moulins à plein régime, la potion est plus amère pour l'Espagne. Même si le pays de Don Quichotte reste le premier producteur mondial avec 1,09 million de tonnes, le niveau des citernes a baissé de 15 %.

Une culture capricieuse

L’olivier est une culture capricieuse. Les fortes variations de niveau d’une année sur l’autre ont contribué au jeu des vases communicants entre les pays. L’huile suinte d’une frontière à l’autre et ne coule pas toujours de source sûre. En France, Puget, la marque la plus connue, s’abreuve essentiellement en Espagne. Il est vrai que la production hexagonale ne représente qu’une goutte de la collecte mondiale. Soit 2 800 tonnes estimées pour 2018. La rareté des oliveraies en France dope les prix. Les AOP – Corse, Nyons, vallée des Baux-de-Provence ou Aix-en-Provence – se négocient à près de 20 euros le litre. De l’or en bouteille…

La Tunisie, elle, a longtemps alimenté les marchés en vrac. « C’est un héritage. Déjà, dans l’Antiquité, Carthage livrait Rome en “huile africaine” », explique Khalil Kammoun, directeur du développement de la société CHO. Ce groupe familial illustre la volonté de la Tunisie de mieux valoriser le jus de l’olive. Avec la marque Terra Delyssa, elle met la pression dans les rayons de la grande distribution. Aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, mais aussi en France.

Avec un positionnement sur le prix à 6,60 euros le litre, contre 7,80 euros pour Puget, elle a déjà grappillé 6 % de part de marché. Elle joue maintenant la carte du bio pour valoriser au mieux le made in Tunisia. Mais la route est encore longue pour rejoindre le clan des nectars les plus prisés. Comme l’italien Il Fornacino, sélectionné par Eric Verdier, dégustateur émérite d’huiles d’olive et sélectionneur des meilleurs crus de la planète pour Oliviers & Co. Un grand cru commercialisé à 34 euros les 500 millilitres…
 

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