Langue judéo-arabe : La déperdition totale ?

Langue judéo-arabe : La déperdition totale ?

La question vient d’être soulevée par Monhel dans son cahier artistique
n°02 de la série d’ARTmédina-tounes, qui vient de paraitre chez Amazon .

L’intitulé du cahier artistique étant « Les Tabarquins et le corail
rouge de Tunisie », la langue judéo-arabe des juifs Twansa a été
brièvement soulevée en comparaison avec la langue adaptée «
tuniso-génoise » de la communauté tunisienne des Tabarquins. Une
communauté d’origine génoise, installée à l’ilot de Tabarka depuis
1542, suite à la concession de Charles Quint – alors conquérant de la
Tunisie Hafside depuis 1534 -, octroyée aux banquiers Lomellini et Garibaldi
pour exploiter le corail rouge, jadis assez prolifère au large des côtes
nord-ouest de la Tunisie

La saga des Tabarquins, désignés ainsi pour les différencier des Tabarkois
de la ville de Tabarka sur le continent, a duré plus de deux siècles avant
de subir l’esclavage e en 1741. Juste auparavant, en 1738, et suite à
l’étroitesse vitale de l’ilot de Tabarka, quelques centaines de
Tabarquins volontaires ont immigré à l’ile de Saint Pierre de Sardaigne
pour y demeurer. Aujourd’hui, leur nombre avoisine les 10000 et comme le
décrit Monhel dans son cahier artistique, cette communauté Tabarquine de
Sardaigne a su sauvegarder sa langue « tuniso-génoise » et ses coutumes
adaptées en Tunisie, telles que la préparation du couscous Tabarquin ou la
célébration de la technique Tabarquine pour la pêche du thon, qui fait
encore les beaux jours des pécheurs tunisiens à Sidi Daoud.

Ce que relève Monhel, c’est l’intérêt perceptible des autorités
italiennes pour la sauvegarde des coutumes de la minorité Tabarquine de
l’ile de Saint Pierre et notamment leur langue d’origine et ce, dans le
cadre de la sauvegarde du patrimoine multiculturel de l’Italie. Ce qui
n’est pas le cas pour une autre communauté tunisienne des juifs Tunes,
beaucoup plus ancienne et encore plus importante en nombre, qui s’est
retrouvée arrachée à la terre natale et emportée par les vagues de
l’immigration, volontaires ou forcées, pour la plupart, en Israël.
L’auteur relève que la langue judéo-arabe des Tunes, parlée et écrite
dès la fin du 19ème siècle, se retrouve, aujourd’hui et contrairement à
la langue tuniso-génoise des Tabarquins, en totale déperdition, à
l’intérieur et en dehors de la Tunisie.

Si les coutumes culinaires et autres des Tunes se retrouvent déjà dans les
livres de passionnés privés, l’auteur ne perçoit pas de sauvegarde de la
langue judéo-arabe, ni de la part des autorités tunisiennes ou celles
Israéliennes. Dans tous les cas, les coutumes des Tunes et leur langue
judéo-arabe et celles de la communauté Tabarquine et leur langue
tuniso-génoise, font partie du patrimoine multiethnique de la Tunisie. Et il
y a lieu de les sauvegarder.

Monhel
 

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