Léon Blum, une vie pour l’égalité

Léon Blum, une vie pour l’égalité
 

De Léon Blum, on ne retiendra souvent que sa contribution au Front populaire, dont il fut le moteur en tant que président du Conseil – les congés payés ne sont pas rien. Même sa présidence du Gouvernement provisoire de la République, après la Libération, tend à s’effacer des mémoires. Ce « lieu modeste est loin de refléter l’importance de son patrimoine », s’agace Philippe Collin. Le journaliste a voulu y remédier dans ce podcast en neuf épisodes. Pour revenir au panthéon des hommes politiques français (il a sa place dans le monument où reposent les grands hommes, dit-on dès le premier épisode) ce socialiste discret mais déterminé qui a fondé son engagement dans la lutte pour l’égalité, contre le privilège.
indignation et résilience

« S’intéresser à Blum, c’est interroger la France d’hier et d’aujourd’hui dans ses profondeurs, dans ses contradictions et ses tourments », dit Collin en préambule. Dans la France du début du XXe siècle, Blum ne cochait pas toutes les cases pour une carrière politique : d’origine juive d’Alsace, il se destinait, comme ses camarades de lycée Pierre-Louÿs et André Gide, à la littérature. Il a aussi une jolie plume qui lui ouvre les portes des revues de poésie. Mais il puise dans les traditions juives (plus que dans la religion, la famille n’étant pas forcément très religieuse), notamment la tsedaka, « l’esprit de justice », le carburant de son indignation qui le poussera vers le socialisme, analysent les historiens convoqués par Collin. Il lui faudra une bonne dose de résilience : tout au long de sa vie, ses adversaires le renverront à sa judéité. « Remettre en question l’ordre des choses coûte cher », souligne le commentaire. Surtout quand on incarne la « figure du Juif ». Le maréchal Pétain lui-même a fait une claire allusion à sa direction du Front populaire lors de son célèbre discours : « L’esprit de plaisir a prévalu sur l’esprit de sacrifice. » En une phrase, détestation du progrès social et suspicion de cupidité : une certaine France ne supporterait pas l’idée de voir un petit Juif en affaires. Ils ne lui pardonneront rien et l’enverront à Buchenwald comme « otage d’État ».

Vie héroïque ou vie ordinaire à laquelle on donne un sens ? Celui du leader socialiste, par les circonstances et les choix qui l’ont forgé, est un exemple à ne pas oublier. Très riche en archives radio, mais aussi en lectures de journaux d’époque, l’ouvrage de Philippe Collin, plus qu’un résumé sur la vie de Léon Blum, est une invitation à l’engagement.

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