Said Ben Saïd pointe l’antisémitisme arabe pour expliquer son éviction d’un festival

Said Ben Saïd pointe l’antisémitisme arabe pour expliquer son éviction d’un festival

 

Le réalisateur franco-tunisien a appris qu’il ne pourrait plus présider le jury des journées cinématographiques de Carthage, suite à sa présence dans le jury du dernier festival de Jérusalem

Saïd Ben Saïd signe une tribune cinglante dans Le Monde suite à son éviction du jury du festival du film de Carthage (Crédit: capture d'écran Youtube/SyndicatCritique)

Le producteur franco-tunisien Saïd Ben Saïd signe à l’acide une tribune dans les colonnes du Monde, pour dénoncer « le monde arabe [qui] est dans sa majorité antisémite ».

Celui qui a co-produit Elle, Maps to the Stars ou Aquarius, rappelle Libération, s’est vu interdire de présider le jury des journées cinématographiques de Carthage qui doit se tient depuis le 4 jusqu’au 11 novembre en Tunisie.

« J’ai reçu au début du mois d’août une invitation pour présider le jury des journées cinématographiques de Carthage (JCC) qui se déroulent du 4 au 11 novembre à Tunis, » explique le producteur.

Il continue : « J’ai accepté très chaleureusement la proposition mais, lorsque le délégué général, M. Nejib Ayed, a appris que je produisais le prochain film du cinéaste israélien Nadav Lapid et que j’avais fait partie du jury du dernier festival de Jérusalem, il m’a demandé un délai de réflexion de vingt-quatre heures et ne m’a plus donné signe de vie. »

S’il admet que « nul ne peut nier le malheur du peuple palestinien, » il ajoute qu’il « faut bien admettre que le monde arabe est, dans sa majorité, antisémite et cette haine des juifs a redoublé d’intensité et de profondeur non pas avec le conflit israélo-arabe, mais avec la montée en puissance d’une certaine vision de l’islam ».

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Amine EL-KHATMI @Amk84000

Saïd Ben Saïd a raison. C'est le même antisémitisme qui gangrène nos banlieues et pousse les juifs à fuir certaines de nos villes.

Cet été, la justice tunisienne avait décidé d’interdire le film américain Wonder Woman, dont l’actrice principale est l’Israélienne Gal Gadot.

Suite à une plainte du parti nationaliste Al-Chaab, la diffusion du film avait d’abord été « suspendue » début juin. Le long-métrage hollywoodien devait passer dans au moins deux salles de la capitale.

Le parti Al-Chaab réclamait l’interdiction du film au motif que son actrice principale, Gal Gadot, avait défendu à l’été 2014 sur Facebook l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza.

Toujours cet été et cette fois dans le cadre du festival international de Carthage, le comédien juif franco-tunisien, Michel Boujenah, avait fait l’objet d’un boycott lancé par le syndicat UGTT, la branche tunisienne du BDS et le parti politique Al Jouhoumri.

« L’appel à boycotter le spectacle de Boujenah, sous prétexte de lutte contre le sionisme, n’est rien de plus qu’un acte anti-juif quand on sait qu’il s’agit d’un Tunisien qui a toujours crié haut et fort son attachement au pays… », avait alors affirmé Yamina Thabet, présidente de l’Association tunisienne du Soutien des Minorités, durant une interview.

L’humoriste avait finalement joué son spectacle.

En 2014, c’est Bernard-Henri Lévy, un philosophe juif et fervent défenseur d’Israël, qui a été accueilli à l’aéroport de Carthage, en Tunisie, par des manifestants qui scandaient : « non au pouvoir sioniste en Tunisie » et « va-t’en ! »

En 2009, Gad Elmaleh, humoriste et comédien juif français a été contraint d’annuler une tournée au Liban, après des menaces quant à son judaïsme.

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