Tunisie: Henri Tibi, chanteur juif tunisien symbole de La Goulette des années 1960

Tunisie: Henri Tibi, chanteur juif tunisien symbole de La Goulette des années 1960

Après un succès retentissant à Tunis où il est depuis trois mois à l’affiche, le documentaire Je reviendrai là-bas du réalisateur tunisien Yassine Redissi est sorti à Paris depuis le 17 mai. Il fait revivre le chanteur bohème juif tunisien Henri Tibi, symbole de la diversité et de la mixité sociale du quartier de La Goulette dans les années 1960. Hommage posthume au chanteur qui est décédé en 2013, le film est aussi une ode à la tolérance et au vivre-ensemble.

De notre correspondante à Tunis,

C’est en écoutant cette chanson sur YouTube en 2011, juste après la révolution, que le jeune réalisateur Yassine Redissi s’interroge sur l’identité du chanteur. Un homme à la barbe bien fournie qui chante dans les rues de Besançon, une Tunisie d’autrefois.

« Elle décrivait merveilleusement bien un été à Tunis dans les années 1960, 1970, c’était coloré, c’était jovial. C’était un personnage qui avait une discographie très riche sur l’amour de la Tunisie, sur l’exil, sur le patriotisme, sur la difficulté du départ, etc. »

 

Le réalisateur décide de rendre hommage via un documentaire à cet artiste juif tunisien, méconnu, mais qui à lui seul incarne l’esprit de La Goulette, quartier de la banlieue nord de Tunis. Un quartier où se mélangeaient Maltais, Livournais, Français, Tunisiens, musulmans et juifs avant l’Indépendance du pays.

 

Henri Tibi a photographié quotidiennement cette diversité en parallèle de son activité d’auteur-compositeur. « Donc ces 6 000 archives, il a fallu les numériser d’abord, puis les trier, puis choisir lesquelles seraient dans le film », explique le réalisateur.

Au-delà du documentaire, Yassine a travaillé avec le jeune chanteur Slim Ben Ammar sur des initiatives qui visent à pérenniser la mémoire de l’artiste, comme ce concert organisé à l’Institut français.

Parfum de nostalgie

De nombreux jeunes sont présents dans le public, galvanisés par une nostalgie pour une période qu’ils n’ont pourtant pas connue, comme Nour Bey, 28 ans et juriste. « Je ne peux pas donner d’explication à cet intérêt en fait, sinon un intérêt véritablement identitaire ou une manière de vivre par procuration et aussi, à travers le film, les souvenirs qu’ont mes parents de leurs amis d’enfance juifs », pense-t-elle.

Pour Slim Ben Ammar, le chanteur, les paroles d’Henri Tibi sont toujours actuelles : « Moi, ça me parle et aussi à tous mes camarades qui m’ont aidé à travailler cet album, et du coup, on a essayé de dépoussiérer ça. C’est ça la continuité, c’est qu’un film, ça ne meurt pas et que la musique aussi ne meurt pas. »

Faute de public après l’indépendance du pays et le départ de nombreux juifs, Henri Tibi était parti finir sa vie en France, chantant à Besançon qu’il reviendrait un jour dans sa terre natale. 

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