Une nouvelle épidémie nous menace : la NASH, maladie de la malbouffe

VIDEO. "Une nouvelle épidémie nous menace : la NASH, maladie de la malbouffe"

Qualifié de "fléau du siècle", cette maladie du foie se répand dans le monde. En cause : la malbouffe. Ecoutez le Dr Lannes dans notre vidéo ci-dessus.

Par Aurélien Viers - L'Obs
 

A ce stade, les médecins ne parlent plus d'une simple maladie. Mais bien d'une épidémie, voire d'une pandémie. Un à deux millions de Français vont être atteints par cette maladie du foie, qui engendre fibrose, cirrhose et cancer - même ceux qui ne boivent pas d'alcool. Des pathologies particulièrement difficiles à soigner. Selon le docteur Dominique Lannes, hépatologue, gatro-entérologue et spécialiste de la question :
"C'est une épidémie invisible, insidieuse et silencieuse. N'attendez aucun signe avant-coureur, aucune douleur, aucun symptôme." 
Le titre de son livre, publié chez Flammarion (avec Catherine Siguret), reprend le nom de ce nouveau fléau : "NASH", pour "non-alcoholic steatohepatitis". Cet acronyme risque de devenir tristement célèbre. Déjà, aux Etats-Unis, plus de 600.000 patients en souffrent. C'est devenu la première cause de la greffe du foie. Le docteur Lannes prévient :
"Le problème, c'est que l'on risque de manquer de foies à transplanter, tant la demande va aller en augmentant." 
Pourquoi ? 40% de la population mondiale est en surpoids. En France, un tiers des Français ont un foie trop gras. "Tous ne seront pas touchés par la NASH, car cette forme agressive de la maladie n'atteint pas tout le monde de la même manière, pour des raisons encore inconnues. Mais le nombre de patients va bien exploser. On parle ici d'un très grave problème de santé publique dans les années à venir", selon le Dr Lannes. Dans le monde de la communauté scientifique, l'expression "fléau du siècle" est en train de s'imposer.
Ce "fléau n'a été découvert que récemment. La cirrhose était la maladie des alcooliques, et seulement des alcooliques."
Mais les médecins ont dû se rendre à l'évidence : des patients dont la sobriété était certaine, comme des religieuses, développaient la même maladie que des personnes qui forçaient sur la bouteille. Récemment, le grand public a entendu parler de cette nouvelle maladie après la double greffe (foie et rein) du consultant sportif Pierre Ménès.
"On baigne dans le sucre"
"Ces patients ne buvaient pas, mais adoraient les sucreries." La NASH est aussi appelée la maladie du soda (une canette de soda contient l'équivalent de 8 sucres en moyenne), ou de la malbouffe.
"On baigne dans le sucre, du matin au soir", alerte le Dr Dominique Lannes, qui égratigne au passage le lobby de l'industrie agroalimentaire, qui "met du sucre partout, même dans le jambon de dinde", et alors que les étiquettes, du fait d'une législation trop laxiste, n'indiquent pas clairement la dangerosité des produits.
"Personnellement, j'utilise des applications comme Yuka, qui indiquent clairement si ce que j'achète est bon pour ma santé ou non. Certains distributeurs lancent aussi le Nutriscore, qui permet de mieux comprendre les taux en sucre et en graisse de ce que l'on achète, avec des codes couleur du vert au rouge."
Malbouffe : les enfants aussi
Car il n'y a que trois manières d'éviter la NASH en ne développant pas pendant vingt ou trente ans un foie trop gras : "manger moins sucré, éviter les graisses, faire davantage de sport", énonce le Dr Dominique Lannes.
En France, on mange de plus en plus mal, rappelle le médecin. "Le problème, c'est que des enfants sont maintenant habitués à mal manger dès leur plus jeune âge, avec des céréales gavées de sucre au petit-déjeuner, des pâtes à tartiner chocolatées bien connues, saturées de matières grasses et de sucre, avec des canettes de soda à boire au repas et des barres de 'snacking' au sucre tout au long de la journée". Dès le début de leur vie, ces enfants vont entamer le long travail de dégradation de leur foie. 
Autre problème avec la NASH : le dépistage. Non seulement les patients ne ressentent aucune douleur et ne voient aucun symptôme pendant de nombreuses années — contrairement aux idées reçues, rappelle le Dr Lannes, la "crise de foie n'existe pas" — mais il n'existe pas encore de traitement 100% fiable qui fasse autorité.
Il s'avère très compliqué de disposer d'un diagnostic précis sur l'état de son foie, sauf à passer par une ponction, une biopsie, une opération lourde. "Cela dit, une prise de sang qui donne un bilan hépatique perturbé (transaminases et gamma-GT élevées) peut être un premier signe. Ensuite, l'échographie peut montrer un foie trop brillant et surchargé en graisse. Mais cela ne suffit pas à diagnostiquer une NASH, il faut passer par d'autres tests non invasifs comme l'élastométrie." Des test encore peu répandus, pas systématiques et coûteux.
 
Ecoutez le docteur Dominique Lannes dans notre vidéo en tête d'article. 
 
Aurélien Viers
Journaliste

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