De Tunis à Paris : la généalogie de Gisèle Halimi

De Tunis à Paris : la généalogie de Gisèle Halimi

Par Jean-Louis Beaucarnot

Nommée à l’état civil Zeiza Gisèle Élise Taïeb, Gisèle Halimi, à laquelle est rendu un hommage national aujourd'hui, a vu le jour le 27 juillet 1927 à La Goulette, près de Tunis, dans un modeste couple de Juifs de Tunisie. Un couple qui espérait un garçon… : une déception qui sera une des clés des futurs combats de leur fille.

Un arbre généalogique bien peu exposé, puisque le couple de ses parents ne figure que sur quatre arbres déposés sur Geneanet, dont celui proposé par l’association Racines 93, complétable par quelques arbres de MyHeritage.

Son père, Édouard TAÏEB, a commencé dans la vie comme simple garçon de courses dans un cabinet d’avocats pour devenir clerc de notaire, terminer comme expert judiciaire, et recevoir, après d’autres décorations, la croix de chevalier de la Légion d’honneur, en 1975. Établi en métropole (Nice et Paris), il avait été naturalisé Français en 1928. Né en 1898 à Tunis, il était fils de Haim TAIEB et de Zeiza CHELY (dite OMI ?), dont la petite-fille a repris le prénom. Les TAIEB, ou TAYEB, étaient déjà bien établis à Tunis au XIXe siècle, avec notamment Haroun TAYEB, marchand, né vers 1830/40, sans doute fils de Messaoud TAÏEB, né vers 1796 et lui aussi marchand, marié en 1824 avec Aziza COHEN-BACRI et petit-neveu de David TAÏEB, né vers 1776 à Tunis, tailleur à Guelma, en Algérie, pays où les porteurs du nom seront également nombreux. La tradition familiale veut que les TAYEB et TAÏEB de Tunis descendent de rabbi Taieb Lo Met, décédé en 1836 dans cette ville, où il aurait vu le jour le 24 novembre 1743. Au-delà, on s’accorde sur des origines berbères, avec un nom, porté en Afrique du Nord à la fois par des Juifs et par des Musulmans, correspondant à l'arabe Tayyib, désignant celui qui est bon.

Sa mère, Fortunée dite Frinta METTOUDI, que sa fille accuse de ne pas l’avoir aimée, en ajoutant qu’elle est « l’explication » de toute sa vie, était elle aussi née à Tunis en 1906. Elle était fille de Jacob METTOUDI, rabbin, et de Anna (H)AYOUN, cette dernière fille d’un autre rabbin (Salomon HAYOUN) et petite-fille d’un couple Chaloum HAYOUN/Mahana TAÏEB, faisant supposer une assez logique endogamie.

Côté METTOUDI, on évoque une lignée séfarade d’origine espagnole, ce qui reste à prouver, puisque déjà dans les années 1850, la famille était bien établie à Tunis, avec plusieurs porteurs du nom y exerçant la profession de tailleurs (dont Abraham et Samuel METTOUDI), et descendants de (deux frères ?) Chaloum et Nathan METTOUDI, nés vers 1770/80, dont un marié à une CHEMLA et l’autre à une TIBI.

Zeiza TAÏEB s’est mariée deux fois. Une première, en 1949, avec Élie Paul HALIMI (né lui aussi à La Goulette, fils de Moïse et Rachel SILVERA), dont elle aura deux fils (Serge et Jean-Yves) et gardera le nom. Une seconde, en 1961, avec l’urbaniste Claude FAUX, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle aura un fils, le journaliste d’Europe 1 Emmanuel Faux, décédé en 2022, avec du côté FAUX des éléments généalogiques sur l’arbre précédemment signalé, donnant des ancêtres à Saint-Étienne, en Bretagne et en Auvergne et, avec l’arbre d’Éliane Savoie, la remontée jusqu’à Pierre FAUX, cordonnier, né en 1821 à Saint-Maurice-de-Lignon, en Haute-Loire et fils d’une mère célibataire, descendante d’un couple Jean FAUX/Sébastienne BARBIER, marié avant 1665 et habitant de cette même commune. Des paysans du Velay, loin, très loin des côtes tunisiennes…

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