Cet historien juif de la IIIe République a mené, au sortir de la guerre, un effort titanesque pour faire bouger les lignes au sein de l’Eglise
TIMES OF ISRAEL
C’est grâce au travail de l’historien juif Français Jules Isaac (1877-1963) qu’en ces fêtes de Pâques chrétiennes, les églises ne résonnent plus de la prière dite « du juif perfide, » rappelle France-Inter.
La chroniqueuse Isabelle de Gaulmyn apporte d’ailleurs un éclairage intéressant sur la signification littérale de cette prière : « Pendant des siècles, (…) les catholiques récitaient ce que l’on appelait la prière ‘pro perfidis judaeis’. Cela signifie littéralement « pour les juifs qui n’ont pas cru au Christ ». Mais c’était traduit, en français, comme la prière ‘pour les juifs perfides’. [Mais] c’est bien dans ce dernier sens qu’il était compris par la plupart des catholiques. »
Grand professeur d’Histoire de la IIIe République, la Gestpo envoie sa femme et sa fille en camp d’extermination, elles n’en reviendront pas. Mais au sortir de la guerre, Jules Isaac, qui était entré en résistance, décide « de comprendre l’incompréhensible, cette haine des juifs qui lui a pris ses êtres les plus chers ».
Il se penche alors sur la littérature de l’Eglise catholique et montre comment l’antisémitisme (« l’enseignement du mépris ») a également pu être transmis par le biais des prières de l’église.
Il propose un plan en 18 points, base d’un futur dialogue judeo-chrétien.
Il rencontre alors les responsables chrétiens et protestants, est reçu en audience par le pape Pie XII, mais meurt avant la reconnaissance par l’église de son rôle dans la transmission de l’antisémitisme concrétisée par le concile de Vatican II.
Depuis, à Pâques, les chrétiens prient pour le « peuple à qui Dieu a parlé en premier ».