Deux sortes d'ethiques

Deux sortes d'ethiques

 

On dit souvent qu'il y a deux sortes d'éthiques, l'éthique de conviction, où seule importe l'impératif d'affirmer les valeurs suprêmes, et l'éthique de responsabilité où la prise en compte des implications et conséquences de tout acte est un sin qua non.

Il est évidemment plus aisé pour un individu d'opter pour la première que pour la seconde, car il n'est comptable de ses actes, généralement que vis-à-vis de lui-même. Ce n'est pas le cas pour un gouvernement, car celui-ci à des obligations lourdes vis-à-vis de ses mandants et un impératif suprême, la défense de la sécurité du peuple dont il est l'émanation.

L'éthique de conviction se nourrit principalement de l'émotion, légitime, face à un acte qui apparait être à la personne comme une intolérable atteinte à des droits fondamentaux. Très rarement conjugue-t-elle l'élan initial à une analyse rationnelle des faits, analyse qui apparait par contraste évidemment froide et détachée.

Or la plupart du temps, cette réaction éthique de conviction de l'individu est fondée sur une énorme hypocrisie inconsciente, car cette réaction est toujours sélective. On s'émeut face à certaines injustices et pas à d'autres. Cette attitude naturelle montre les limites de cette éthique de conviction, car elle est attentatoire à l'obligation pour toute éthique de conviction, d'être universelle.

Prenons Gaza, les bonnes âmes s'émeuvent devant 56 morts ou 100, pourquoi n'y a-t-il pas le même déchainement d'émotivité face au martyre que subissent les chrétiens d'orient ? Pourquoi presque rien pour les morts qui surviennent en même temps chez les Rohingyas, fuyant la Birmanie ? Ce sont des musulmans dans un cas comme dans l'autre, mais voilà, le "criminel" n'est pas le même. Dans un cas, ce sont des soldats d'Israël, des Juifs; dans l'autre cas, ce sont des soldats birmans, qui n'ont pas prévenu qu'il ne fallait pas traverser une frontière; ils ont assailli et tué des gens qui fuyaient. Cet exemple, un parmi mille lorsqu'il s'agit d'Israël, invalide à mes yeux cette vertueuse indignation, car je le répète, l'éthique de conviction doit nécessairement viser l'universel, sinon elle obéit à des préférences suspectes.

Ceci dit, je regrette profondément ces pertes de vies humaines, mais je rappelle ce simple fait pour ceux qui l'ont délibérément occulté, le Hamas a pondu une charte où il affirme explicitement qu'Israël n'a pas le droit d'exister et qu'il entend lutter pour prendre le contrôle de toute la Palestine. Et d'où vient ce droit du Hamas ? Sa charte affirme que depuis les conquêtes islamiques du VIIème siècle, tout territoire conquis devra demeurer propriété islamique jusqu'à la fin des temps. Je ne l'invente pas, c'est écrit noir sur blanc dans la charte du Hamas. Je rappelle aussi que les Juifs ont occupé la Palestine pendant des siècles avant que les légions romaines de Titus détruisent le Royaume de Judée en l'an 70. Ce sont les Romains eux-mêmes qui, pour éradiquer jusqu'au souvenir des Juifs, donnèrent à cette terre, le nom de Palestine.

Existe-t-il une issue à cette situation tragique ? Je n'en vois pas d'immédiate. 

 

Ouaknine Léon

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