Le Hallel et les psaumes 113 à 115

Le mot hébraïque hallel veut dire louange ou éloge (chéva'h ou divré téhilla) ou chant de louange (chir tichba'hote),... 
Il est presque toujours suivi de la conjonction lé qui signifie vers, ou de la conjonction éte qui oriente vers le complément du verbe. Une seule fois il est accompagné du mot bé, qui signifie "dans" (Psaume 44,9). Ce mot hallel, dans ses variantes, revient 150 fois dans le Tanakh, la Bible. Ne pas confondre avec le mot hallalou qui veut dire "ces" comme dans ce que l'on dit à Hanouka: ha nérote hallalou anou madliqim, ces lumières que nous allumons... Louer extrêmement quelqu'un se dit : ligmor âlav éte ha hallél (terminer sur lui le hallél; en allusion aux jours des plus grandes fêtes où on dit le hallel en entier).

Il est important aussi, pour bien comprendre son sens, de découvrir que le hallel fut dit à la fois dans les circonstance de joie, et dans les situation où le peuple était menacé. Ce qui nous indique que la menace est toujours latente, mais que la joie doit toujours être présente comme foi dans la bonté qui nous assure la victoire. On peut le tirer de ce que dit le traité Pessa'him page 117a: "Les prophètes ont ordonné de le chanter en tout moment important où un malheur qui menacé a été évité, quand ils ont été délivrés, pour louer de leur délivrance" 
On commence par une bénédiction: "Béni es-Tu notre D.ieu Roi du monde, qui nous a sanctifié par Tes mitsvotes, et nous a ordonné de (soit)
- terminer le hallel,
- lire le hallel (cette formule les jours où on saute des passages, diloug).

Le terme précis "Hallel" est une expression (kinouï) qui réfère à plusieurs ensembles de psaumes que l'on récite en certaines circonstances. Il ne comprend pas tous les psaumes de louanges, ni tous ceux qui commencent par les mots Hallélouya;
C'est seulement l'ensemble des psaumes 113 à 118:
113: Hallélouya, Louez, serviteurs de Hachém, louez le nom de Hachém.
114: Quand Israël sortit de l'Egypte, la maison de Yaâqov du milieu d'un peuple à la langue barbare.
115: Non pour nous, Hachém, non pour nous mais pour faire honneur à Ton nom, (donne) Ta bonté et Ta bienveillance. (abrégé le jour de diloug; voir ci-dessous).
116: J'aime que Hachém écoute ma voix, mes supplications. (abrégé le jour de diloug; voir ci-dessous). 
117: Louez Hachém, vous tous peuples, glorifiez-Le vous toutes, nations.
118: Rendez hommage à Hachém car il est bon car Sa bonté est éternelle.

Lire cet ensemble du hallel se dit "liqro éte ha hallél". Les Sépharades disent en ce cas ligmor (terminer) éte ha hallel, et gardent l'expression précédente liqro (lire) éte ha hallél pour dire le hallel abrégé.
Le jour de Roch 'hoddéche, les Juifs du Maroc ont coutume d'ajouter: Vé Avraham zaqén ba bayamim, vé Hachem bérakh éte Avraham bakol (Et Avraham âgé continuait ses jours, et Hachém le bénit Avraham en tout).
Allez donc lire ces psaumes en français, ou en hébreu mais il est souvent utile dans l'étude de comparer avec la langue pratiquée le plus, car des automatismes font perdre de sens de certains mots. 

Quand dit-on le hallel? Lors de 18 jours (voyez le traité Taânite 28b). Mais ces jours deviennent 21 en diaspora où certaines fêtes sont sur deux jours au lieu de un seul. 
On dit le Hallel complet (ligmor éte ha hallel, psaumes 113-118) 
- aux 8 jours de Souccote (chémonate yémé Souccote) qui sont 9 en diaspora,
- le jour de Chavouote (deux jours en diaspora, yomaim),
- les 8 jours de Hanouka (chémonate yémé Hanouka),
- le 1e jour de Pessa'h (yom tov richone chel Pessa'h) ou les deux premiers jours (chéné yamim richonim) en diaspora.
- Ce même ensemble est lu sous une forme spéciale pendant la nuit de Pessa'h lors du Séder et on le nomme alors Hallel mitsri (le Hallel égyptien) en référence au début du psaume 114: "quand Israël sortit d'Egypte". Ce soir là, il est lu assis, alors qu'on le lit toujours debout.

Le Hallel ha gadol est aussi la façon de nommer (kinouï) le psaume 136, lu à l'office du matin de Chabbate (Cha'harite) et des fêtes, et le dernier jour de Pessa'h. Il répète 26 fois "ki léôlam 'hasdo" (car Sa bienveillance est permanente), cela faisant référence au nom de Hachém dont c'est la guématria, et aussi aux 26 générations qui vont de la Création jusqu'au don de la Torah. On l'appelle ainsi pour le différencier du hallel des psaumes 113 à 118 qu'on nomme le "hallel égyptien, haléila hamitsraa" (traité Bérakhote 56a). 

Le hallel est lu sous une forme abrégée seulement pendant les jours intérieurs de la fête de Pessa'h, à cause de la peine de la mort des Egyptiens.
Une partie des Juifs lisent également le hallél complet pour la Fête de l'Indépendance d'Israël et pour la fête de la Libération de Jérusalem.

Le hallel est dit partiellement ces jours-ci (ha yamim ché éine gomérim éte ha hallel): 
- Roche 'Hodéche, 
- les jours intérieurs de 'Hol ha moêd Pessa'h, 
- le 7e jour de Pessa'h. 
On saute (madléguim) alors les psaumes 115, 116 et une partie de 118.

Le hallel n'est pas lu 
- à Pourim car toute la méguila (le rouleau) est considérée comme un hallel. 
- ni à Roche ha Chana 
- ni à Kippour car ce sont des jours de jugement. 
- ni dans la maison d'un défunt à Roche Hodéche ou à Hanouka.

Il y a des coutumes diverses dans les communautés sur le fait de répéter tel ou tel verset, ou dans l'alternance entre le 'hazane qui conduit la prière et l'ensemble de la communauté.
Si on entre dans une synagogue et que le public (kahal) est en train de lire le hallel, on doit le dire avec lui, même si on a déjà prié. 
Le 'hazan qui conduit la prière doit bien élever la voix en commençant pour avertir le public de lire. 
On lit calmement sans courir et en prononçant bien chaque mot dont on saisit le sens. 

En plus du sens évident que l'on peut saisir rapidement, chaque verset comporte de nombreux sens que la tradition a transmis jusqu'en de nombreuses lettres initiales et finales des mots. Une seule perle, pour vous donner le goût d'étudier davantage: nos Sages nous transmettent que le mot hallel (65) a la même guématria que le nom Adonoute (alef-dalet-noun-youd) qui est l'achèvement de la Présence de Hachém parmi nous. Donc, quand nous le prions avec conscience de ce que nous disons, nous nous unissons à cet achèvement qui est présent en attente et souhait, et assurance de réalisation. Vous voyez que l'étude apporte beaucoup.

Ces psaumes, selon différents textes du Talmud auraient été chantés par Moché, ou par les pélerins montant à Jérusalem, ou par les Lévites (léviim) à Jérusalem. 
En fait, le type d'écriture de ces psaumes, comme tous les psaumes, permet de les utiliser dans circonstances différentes et par des publics bien différents chaque fois qu'on veut exprimer la reconnaissance à D.ieu (hodaya) et la louange et la joie (sim'ha) pour les faits de l'histoire biblique, pour le salut reçu ou pour l'espoir de salut. C'est une règle importante à connaître pour ne pas en faire seulement un psaume concerant le roi David, par exemple. 
Ces psaumes du hallel sont souvent cités par le Middrach Rabba en liaison avec le palmier qu'on utilise pour le loulab et le Chir ha Chirim Rabba 2,14,7 interprète la phrase du Cantique des Cantiques: "laisse moi entendre ta voix" comme faisant allusion au bonheur du chant du Hallel qui monte.

Le traité Pessa'him page 118a explique pourquoi on lit ce hallel, en raison de cinq thèmes qu'il comporte:
1. La sortie d'Egypte (verset 114,1, vérifiez). 
2. La division de la Mer Rouge (114,3, vérifiez).
3. Le don de la Torah exprimée par le verset de joie générale 114,4 (vérifiez).
4. La résurrection des morts (116,9).
5. Les souffrances qui précèderont l'arrivée du Messie (115,1). 
Et le Talmud continue en montrant que ces délivrances et dons furent faits pour la gloire de D.ieu. En effet, même dans les meilleurs moments où D.ieu nous sauve, nous sommes ingrats et malgré cela Il nous sauve comme il est dit (106,7): "ils se rebellèrent près de la Mer Rouge, mais Il les sauva à cause de Son nom".

Nous sommes insensibles à la bonté et à la beauté et il faut entendre une belle musique, voir un paysage splendide ou être sauvé d'un grand danger pour retrouver le sens de la vérité et réalité qui sont bonnes. Ainsi, dans l'histoire de Aggar, elle se croyait perdue mais D.ieu lui a ouvert les yeux et elle vit alors le puits; il était là mais elle ne le voyait pas. Le miracle fut que D.ieu lui ouvrit les yeux. On peut bien remercier quand Il nous enlève notre aveuglement et découvrons que nos ennemis ou soucis ou menaces ne sont que des tigres de papier (c'est ce qui ressort du psaume 117,1). Le Hallel nous rappelle tout cela et nous réveille. Nous sommes comme ces Sages sauvés de la fournaise (Livre de Daniel, ch. 3) ou comme la génération qui sera sauvée de la guerre de Gog et Magog, raison pour laquelle on lit ce texte au Chabbate qui suit Souccote. 

Nos textes nous ordonnent donc de chanter pour retrouver le bonheur que nous avons toujours tendance à oublier: "ils élèveront leurs voix pour chanter leur joie, des bords de la mer ils célèbreront la gloire de Hachém" (Isaïe 24,14). C'est une mitsva qui est rappelée dans les psaumes (voyez 81,1). Le chant "porte", explique le traité Ârakhine 11b. Rabbi Nah'man n'a fait que mettre en valeur cela et ne l'a pas inventé. Impossible (éfchar?!, lo) de ne pas chanter alors, dit le traité Péssa'him 95b. Mais le judaïsme qui est toujours plein de sagesse, ne banalise pas et fait mettre le chant en particulière valeur lors du hallel des grandes circonstances.

Mais la fête de Souccote a un privilège; elle est une telle plénitude après Roch ha Chana et Kippour, que chaque jour de la fête bénéficie de textes particuliers qui en font une fête en soi, et donc on dit le hallel complet chaque jour. Ce n'est même pas le cas lors des jours de la fête de Pessa'h où on ne lit ensuite que le demi-hallel.
Mais, pour bien nous donner le sens des choses et ne pas croire que les Juifs peuvent vivre sur toute la planète au lieu de vivre sur la terre d'Israël qui était leur seule direction à la sortie d'Egypte, depuis qu'ils sont entrés sur la terre d'Israël, il leur est interdit de dire le hallel pour un miracle qui aurait eu lieu certes, mais hors de la terre d'Israël. Ainsi, c'est le motif pour lequel on ne lit pas ce hallel lors de l'immense sauvetage de Pourim. Que l'on n'oublie jamais cet enseignement donné dans le traité Ârakhine 10b du Talmud au nom de Ribbi Yits'haq. Et Rachi enfonce davantage le clou pour ceux qui resteraient sourd à ces vérités: ne pensez pas que le miracle de Pourim fut complet car il nous a sauvé de la mort mais non pas de la domination de l'étranger ("dé lo nigalou élla min ha mita"). Rappelons que le Ramban, dans son Sefer ha mitsvotes montre que cette liberté est une mitsva de la Torah, la 32e qu'il ajoute aux 613 de Rambam: "véhorachtem éte ha arets vichavtem ba, vous hériterez de la terre et vous y habiterez" (Bémidbar 33,53).

S'il faut dire le hallel, il faut aussi agiter le louvav pendant ce temps sur un verset, et c'est une mitsva min ha Torah, démontre le Rambane, Na'hmanides, dans son Séfer hamitsvote (choréche 1). 
Pour la façon d'agiter le loulav pendant l'office des jours de Souccote, pendant le verset Hodou laChem ki tov ki léôlam 'hasdo qui commence et termine le psaume 118. Les diverses communautés font ces agitations (naânouim) dans un ordre différent. Les Achkénazes suivent généralement l'ordre du Choul'hane Aroukh, Ora'h 'haim 651,8-9: Est-Sud-Ouest-Nord-Haut-Bas. La plupart des Sépharades et les 'hassidim le font ainsi, selon la coutume du Ari, zal: en se tournant successivement dans ces 6 directions à chacun des mots du verset qui est d'abord lancé par l'officiant: Sur-Nord-Est-Haut-Bas-Ouest. 
On retrouvera ce rite de lancer l'appel qui est repris par le peuple, dans le texte de ce psaume 113.


Le psaume 113

Je vous propose une analogie avec la musique qui vous fera percevoir mieux.
Ce psaume est, brièvement en 9 versets, l'ouverture musicale du hallel, une invitation à tous de louer Hachém. 
Comme en musique, quand l'orchestre commence, on entend une mélodie particulière qui se reprend de multiples fois, ainsi ici les mêmes mots reviennent et nous interpellent en ce sens. Lisez-le pour l'entendre ainsi.
Il saisit notre attention pour la placer dans le sens de ces mots qui se répètent et non pas les réciter mécaniquement.
Ce motif "Hallélou-Ya" revient 123 fois dans tout le hallel quand le peuple disait ces mots après chaque intervalle donné par le meneur de la prière, nous font remarquer de nombreux commentaires! Ils sont mis en caractères gras dans certains livres de prières pour bien les capter au passage. Et ils le mettent en liaison avec les 123 années de vie de Aharone, le Grand Prêtre, exemple de l'homme parfait vivant dans la sainteté, la beauté et la présence, et la proximité de D.ieu, ce qui devrait être le modèle de tout Juif. Ainsi, chaque instant de notre vie devrait être une louange dans cette proximité. 
Et l'insistance sur tel ou tel nom divin (Hachém-Ya...), comme des notes différentes de musique, nous met en relation particulière chaque fois avec un aspect de D.ieu qu'il faudrait étudier longuement. Voici ce psaume dont je sépare les parties pour les faire percevoir:

1. Hallélou-Ya! (Louez Ya). Louez, serviteurs de Hachém, louez le nom Hachém. 
2. Qu'il soit, le nom de Hachém béni depuis maintenant et pour toujours.
3. De l'Est au moment où se lève le soleil et jusqu'à son coucher, que soit loué le nom de Hachém.

4. Au-dessus de tous les peuples est Hachém, aux dessus des cieux est Sa gloire.
5. Qui, comme Hachém notre D.ieu, au dessus de tout réside?
6. et qui s'abaisse pour regarder, et dans les cieux et dans la terre?

7. Il relève de la poussière le pauvre, des ordures il relève l'affligé
8. pour le faire revenir parmi les grands, avec les grands de Son peuple.
9. Il fait revenir la stérile à la maison, mère des enfants elle se réjouit

Hallélou-Ya!

Donc, nous sommes sollicités de mettre en jeu notre louange en trois morceaux musicaux:
- l'appel à louer D.ieu constamment, et au rythme de la nature qui louange.
- l'admiration devant Sa gloire qui est sans comparaison avec toute gloire humaine.
- la louange pour Sa bonté, Sa justice, Sa miséricorde sur des points où ne brillent pas les humains.
et l'ensemble de tout cet orchestre redit le motif du début: Hallélou-Ya! (Louez Ya)!

Chaque Juif peut s'associer à cette louange, car tous voient cette nature, ces pauvres, Sa bonté. Et ils chantent ensemble. Un bon et grand moment. Et ils ne tournent pas leur louange vers le nom Eloqim (D.ieu) qui est un nom que les idôlatres utilisent aussi pour le référer à des puissances naturelles, mais la louange du Juif se tourne vers le Nom unique de la bonté suprême, Hachém, voyez là-dessus les commentaires de Chiméone ben Azzai dans le traité Ména'hote 110a. La puissance de D.ieu dans la nature n'est pas celle de la puissance glorifiée par des puissants, c'est la bonté louangée par des humains bons. Avraham a découvert que tout le monde entier est fondé sur la bonté, 'hessed.

Le verset 2:"Qu'il soit, le nom de Hachém béni depuis maintenant et pour toujours" et dit par le public avant de réciter le birkate ha mazone, la bénédiction après le repas, en réponse à l'invitation du récitant. Le début de ce verset est également dit par Yov (Job 1,21), ce qui nous enseigne, disent nos Sage qu'il faut bénir aussi bien dans la peine que dans la joie. 

Faisons un saut bref dans les commentaires les plus près du coeur secret de la Torah (avec le Ari, zal) et il disent que cela ne parle pas que de nos misères, mais aussi de la difficulté que rencontre la bonté de D.ieu se répendant dans Sa Création pour réaliser son magnifique plan d'union aux humains. C'est Sa Chékhina -Sa présence divine dans le monde) qui est en détresse et manque. Nous le voyons bien, partout, même en Israël. Et, de là haut, il intervient pour faire réaliser ce plan de bonheur. 
Le 'Hida s'appuie sur le Zohar pour dire que ces serviteurs qui louent bien sont ceux qui parviennent à faire la prière de minuit, le tiqqoune 'hatsote, et ils continuent en étudiant la Torah car ils sont amoureux de la Présence, la Chékhina. C'est elle qui est nommée par le psaume quand il est dit "nom de Hachém". Le 'Hida veut nous donner des exemples de la bonne attitude à prendre et il montre que ces hommes sont d'une humilité (ânava) profonde, ce sont des humbles, des ânavim. Ce qui le démontre dans le texte quand on sait que les lettres hébraïques sont aussi des chiffres, c'est que ce mot les humbles (haânavim) a le même compte que l'expression "louez serviteurs de Hachém". 
Cette ligne de lecture se poursuit dans le verset 3 car ce parcours du soleil indique que l'on supervise toutes les nations et Israël fut choisie justement pour sa qualité qui est l'humilité; elle est toute petite dans le monde, de siècle en siècles. Ne visons pas la ressemblance avec les modèles des autres nations, nos critères de valeur sont différents. Et eux seuls sont aptes à la louange divine. Il ne s'agit pas de la réussite de l'argent, des conquêtes et dominations qui se fient sur la puissance qui n'est toutjours qu'un tigre de papier, qu'elle soit technique, commerciale, intellectuelle, politique ou militaire. 
L'orgueil veut toujours se substituer bêtement à D.ieu. Le comble de cette démonstration est le billet du dollar américain sur lequel il est écrit "nous avons confiance en D.ieu" (dollar). Quel lapsus involontaire et affiché partout sur le symbole de leur puissance.
J'ai eu deux exemple de cela dans ces jours de Roche ha Chana et Kippour. Une personne me raconte qu'elle vient de s'enrichir considérablement en faisant la culbute par une erreur de mot dans un contrat qui lui fait acquérir tout un bien qui, par accord conscient, devait être divisé en deux. Je lui dis: "mais en ces jours de jugement divin, et vous qui connaissez bien la Torah, comment pourriez-vous vous enrichir ainsi sur le compte d'un autre trompé. Vous savez bien que la Torah interdit cela. Il me répond: d'accord, mais pas pour une somme si considérable. J'insiste, et il me répond: les affaires c'est comme cela, on ne peut pas faire des affaires et s'enrichir autrement. Et les avocats sont là pour nous aider, et assurer cela". 
Le 'Hida nous réfère alors à toute la page 5a du traité Sota du Talmud. Elle traite du problème de la seule louange qui plaise à D.ieu et de ce dont il a en horreur dans Sa patience qui, finalement, éclate contre les orgueilleux destructeurs; ce sont ceux qui s'opposent le plus à Sa royauté de bonté dans le monde et dans Sa Création. Le Talmud apporte de nombreux versets pour démontrer que le Très-haut a en horreur les présomptueux, orgueilleux menteurs; voyez les Proverbes 16,5 '"tout coeur hautain est en abomination devant Hachém") et Dévarim 8,14 et Isaïe 2,22. Ce défaut est pis que l'inceste, ce qui n'est pas peu dire. Et que cet orgueilleux ne pense pas qu'il sera pardonné en faisant aussi la charité avec l'argent volé ou de son exhibition de puissance, cela aussi est condamné et lui aussi, avec précision. Terriblement précis et très répandu. On ne se rachète jamais en faisant la tsédaqa avec de l'argent volé ou gagné malhonnêtement; c'est un acte de condamnation. Cet homme sera détruit comme un endroit d'idolatrie car sa faute est pire que l'idolatrie, et il ne ressuscitera pas. Ces textes sont clairs et terribles, sans équivoque possible. Il ne reste que la téchouva. Et jamais, D.ieu ne repousse la prière d'un coeur brisé (lev nichbar) comme le dit le psaume 51.

Cela est encore dit dans le psaume dans l'expression "âvdéi Hachém, serviteurs de Hachém": en effet, âvdéi a la guématria de Eloqim, expression de la rigueur divine mais elle est suivie du nom Hachém, expression de la miséricorde. Donc la détresse humaine qui se repend suscite toujours le pardon divin. 
Une fois de plus, nous voyons qu'il faut étudier avec précision les psaumes qui sont aussi un résumé de toute la Torah, et ne pas se contenter de les dire, en plus automatiquement en rythme rapide. 

Tout ce que l'on vient de lire semblerait s'appliquer au masculin orgueilleux seulement; mais les commentaires montrent qu'ils s'appliquent également à la femme car les initiales des mots em habannim sémé'ha forment le mot icha, femme: cela indique que si elle revient de la même erreur (j'abrège la démonstration) elle devient féconde et sème la joie elle aussi.

Une particularité de l'hébreu dans ce psaume.
Au verset 6, il est écrit: "ha magbihi lachévét" (celui de la hauteur s'asseoir, littéralement) au lieu de dire "ha yochev bé maqom gavoâ", il siège sur un lieu élevé. C'est une forme poétique inversée que l'on appelle sémikhoute, ou "état construit". Cette forme se retrouve encore au verset 7 "méqimi" et au verset 8 "léhochivi" et 9 "mochivi". Cela donne une puissance structurale, comme si D.ieu inversait l'ordre des choses.
Un Juif doit essayer de réfléchir et comprendre; voici l'explication. Un participe qui précède un nom prend souvent cette forme dans le Tanakh, la Bible. Par exemple dans Dévarim 33,16 on parle de celui qui habite, le chokhéne, mais quand on dit l'habitant du buisson, on dit chokhni séné. 
Ensuite, ce procédé prend des extensions sur plusieurs mots, comme ici, par l'effet intensif que l'on veut transmettre. Dans les psaumes voyez d'autres exemples, en psaumes 101,5 ou 114,8 ou 116,1 ou 123,1. Voyez aussi Béréchite 31,39 ou Isaïe 22,16 ou Jérémie 10,17 ou 49,16. Vous voilà rassurés sur ce phénomène! 
Mais cette extension du son i se met aussi dans de simples mots comme forme littéraire, spécialement quand il y a un sens négatif: béli, bilti, afsi, zoulati... (sans).

Enfin, les exemples ne sont pas rares où le son i est ajouté au mot mine pour donner minni, signifiant "de, devant, depuis": déviés de ton chemin, minni or'hékha psaume 44,19; ou 44,1 devant l'ennemi, minni tsar; minni simmé'houkha, de ta joie, 45,9; minni mitsrayim, ils arrivent de l'Egypte, 68,32; minni naval, depuis des gens de rien, 74,22; minni qédém , venant des temps anciens, 78,2; devant l'ennemi, minni tsar, 78,42; mes yeux brûlent, minni ôni, de misère, psaume 88,10.
Pourquoi vous ai-je expliqué tout cela? 
D'une part Modia est un site d'étude solide, et il faut étudier aussi solidement le judaïsme que toute autre discipline professionnelle; et sans cela, on dit des mots dont on ne comprend rien, ce n'est pas sérieux. 
D'autre part, sur Modia, nous suivons les méthodes des grands Sages anciens; et, jusqu'à la grande crise des yéchivotes ayant abouti au conflit du 'hassidisme et du courant lithanien avec la rigueur du Gaone de Vilna, puis la réforme de compromis nécessité par la crise populaire grave avec la nouvelle structure des yéchivotes par Ribbi Hayim de Vologine où les étudiants passent beaucoup d'heures à déchiffrer avec un autre simplement de même niveau, auparavant comme le dit par exemple le Chla, on ne devait étudier même en 'hévrouta que munis aussi de grammaires, dictionnaires, etc dans la plus grande rigueur et systématiquement jusqu'au déchiffrement clair du texte, avant d'aller vers les explications. Sans cela, on risque de bâtir sur l'erreur. Rachi est le meilleur exemple de cette méthode; voyez la page. C'est la tradition la plus sûre. Les yeshivotes tunisiennes comme celle de Kissé Rahamim du Rav Mazouz à Bné Braq ont toujours gardé ces méthodes de rigueur grammaticale comme base depuis des siècles jusqu'à maintenant car ils n'ont pas connu ces crises historiques de méconnaissance des pays européens.


Le psaume 114

Continuons à entrer avec l'attention de l'amour dans le sens de chacun des mots.
Après l'introduction magistrale et claire, les deux psaumes suivants présentent la confrontation du message juif avec le monde et les nations. Ce n'est pas une religion parmi les autres, c'est un petit peuple choisi par le Maître du monde et qui se révèle comme tel, bouleversant l'ensemble de la société des nations qui tournaient avec leurs idoles. Rien n'a changé depuis.
Il importe de voir l'actualité dans cette perspective, bien au dessus des confrontations quotidiennes qui mettent tout, avec erreur, au même niveau. 
La louange semble suspendue (il n'y a plus les mots "hallelou-ya" dans ces deux psaumes), on est dans la seule dimension du visuel habituel. Mais le drame mondial éclate.

Voici le texte où je scande les rythmes.

La transformation essentielle
1. Quand Israël sortit d'Egypte, la maison de Yaâqov d'un peuple étranger,
2. Yéhouda se transforma en Son sanctuaire de sainteté, Israël en champ de son gouvernement.

La nature réagit à ce changement qui dépasse toutes les règles
3. La mer vit cela et s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière.
4. Les montagnes dansèrent comme des béliers, les collines comme les petits des troupeaux.

On somme la nature d'expliquer sa réaction
5. Qu'est-ce qu'il t'arrive, mer, pour t'enfuir, Jourdain pour retourner en arrière?
6. Montagnes pourquoi dansez-vous comme des béliers, collines comme les petits des troupeaux?

La dimension véritable est donnée: le Maître du monde est le D.ieu des Juifs fils de Yaâqov 
7. Devant le Maître, tremble, terre, devant le D.ieu de Yaâqov
8. qui transforme le rocher en lac d'eau, le granit en sources d'eau.


Le psaume 115

Il continue le psaume précédent et est souvent écrit en continu dans les manuscrits anciens.
1. Non à nous, Hachém, non à nous mais à Ton nom donne gloire, au sujet de Ta bonté et de Ta véritable miséricorde.
2. Pourquoi diraient-ils les peuples: "où est-il, n'est-ce pas, leur dieu"?
3. Car notre D.ieu est dans les cieux, tout ce qu'il désire Il le réalise.

Sans concession, est décrite la nullité des autres dieux imaginés par les nations.
4. Leurs fabrications sont d'argent et d'or, oeuvres des mains de l'homme.
5. Ces idoles ont une bouche et ne parleront pas, des yeux et elles ne verront pas.
6. elles ont des oreilles et n'entendront pas, un nez et elles ne sentiront pas.
7. leurs mains mais elles ne palperont pas; leurs pieds mais elles ne marcheront pas; rien ne sortira de leur gorge.

La pensée radicale du judaïsme ose se placer debout et dire la vérité face à ces gens qui croient en ces objets. On est loin de l'attitude actuelle des dialogues inter-religieux des Juifs avec les représentants des religions qui les ont persécutées. On se croirait entendre le Rambam et le Ramban, minorité et persécutés en Espagne mais fiers et disant ce qu'ils pensent sur la vérité. 
8. Rien de plus qu'eux seront ce qui les fabriquent, tous ceux qui mettent leur confiance en ces idoles.

Arrive maintenant l'affirmation debout, fière et assurée de la relation que doivent avoir en conséquence les Juifs avec leur D.ieu.
9. Israël, mets ta confiance en Hachém, Il est leur aide et leur bouclier.
10. Maison d'Aharone, mets ta confiance en Hachém, Il est leur aide et leur bouclier.
11. Vous qui craignez Hachém, mettez votre confiance en Hachém, Il est leur aide et leur bouclier. 

Maintenant, en fonction de cela, une demande est faite à Hachém
12. Hachém, souviens Toi de nous, Il bénira, Il bénira la maison d'Israël, Il bénira la maison d'Aharone.
13. Il bénira ceux qui craignent Hachém, les petits aussi bien que les grands.

Pour terminer, tout cela est replacé dans le cadre initial: Sa puissance effective et unique sur toute la Création qui justifie Sa relation à nous, et la nôtre à Lui. Et cela est traduit dans le discours direct envers les autres. 
14. Il fera abonder, Hachém, sa bénédiction sur vous, sur vous et sur vos enfants. 
15. Bénis soyez-le, vous par Hachém, Il fait les cieux et la terre.
16. Les cieux sont les cieux de Hachém, et la terre Il l'a donnée aux enfants des humains.
17. Ce ne sont pas les morts qui loueront Ya et non pas ceux qui descendent dans le silence.
18. Et nous, nous bénirons Ya et pour toujours
Hallélouya.

Les jours où on ne dit que l'abrégé du hallel, on saute les 11 premiers versets de ce psaume, car ils sont résumés dans la suite.

Ce psaume est nettement signé par le mot Hallélouya, après que les orientations erronées ont été gommées, et la Création entière loue (hallel). Sur cela, R. Moché Cordovéro, reprenant le Zohar (paracha Vayichla'h page 178) dit que "hallel" est la guématria du nom divin Adonoute qui représente la Chékhina, la Présence divine réussie dans le monde et en Israël, ce que l'on appelle le royaume, malkhoute. Et unis à la Chékhina, nous louons D.ieu dont le nom est indiqué par les deux dernières lettres de ce mot Hallélouya. En effet, ces deux lettres sont la première moitié du nom de quatre lettres et nous le complétons par notre louange où nous orientons toute la création dans ce mouvement. Cet enseignement est repris ensuite par tous les commentateurs, à commencer par le Ari, le Chla, le Ram'hal, etc. Ceux qui le peuvent iront le constater. 
Nous l'avons décrit en expliquant ce qu'est la soucca: ses lettres indiquent cette même union de D.ieu et de la malkhoute. Reportez-vous y. Ainsi, quelques lignes de psaume nous emportent dans la vision de tout le judaïsme et dans l'union souhaitée depuis le Jardin d'Eden.

N'oublions jamais que les psaumes résument à la fois la Torah, l'histoire des communautés juives, et sont écrits aussi pour répondre aux besoins actuels des communautés et de chacun. Ils ont donc une fonction pédagogique importante, et structurante, avec une grande précision. Ce ne sont donc pas des chants vagues à chantonner avec distraction et imprécision. Un seul exemple sera probant: nos Sages nous montrent que dans le passage qui décrit les idoles, de nombreuses fois la suite des mots a pour initiales le lom de Lévi pour nous rappeler que les Lévi ont su résister à toutes les tentations d'aller vers des idoles, même au moment du Veau d'or. cqfd.

Reliez lentement jusqu'à ce que vous puissiez suivra le rythme intérieur du psaume 
et jusqu'à ce que cela aille avec votre rythme intérieur.
La vitesse ne doit venir qu'ensuite.

Ajoutons maintenant des commentaires de nos Sages sur ces deux psaumes. 
Le 'Hida dit que le début du psaume 114 nous montre que D.ieu a libéré notre peuple dont les néchamotes, les âmes, étaient emprisonnées. Nous pouvons donc dire que cela doit nous permettre de situer le psaume 115 où nous accusons les fabriquants d'idoles, mais nous aussi nous étions enfermés dans nos erreurs. Et nous pouvons l'être comme tous. Mais c'est Lui qui nous a préservé de tomber dans les erreurs non seulement intellectuelles mais des incestes et autres, Il a été la barrière de protection et seulement ce qui est ainsi protégé est de l'ordre de la qédoucha, de la sainteté, d'où ce qui est dit de la maison de Yéhouda en 114,2.

Les montagnes qui dansent (114,4) font allusion au don de la Torah au Mont Sinaï. Et cela nous rappelle la conception de la nature à la sainteté que nous avons expliquée longuement à propos du Chant: Pérék Chira (lien ici).

Pourquoi le psaume tient-il à nommer ici "Israël" le peuple qui est sorti d'Egypte? Au niveau élevé, parce que la guématria de ce nom est celle de l'initiale de toutes les séfirotes qui sont les étapes de descente de la bénédiction. Nous avons donc là la description du plan divin qui fait d'un peuple tiré de la masse engluée, la source de la bénédiction pour la Création, la ramenant à ce qu'elle devait être dans son plan initial.

N'oublions non plus jamais que dans le nom du peuple d'Israël, il y a le nom El qui est D.ieu, ceci pour nous dire que nous ne sommes pas un "peuple comme les autres", contrairement à la conception de nombreux politiciens qui luttent contre tout ce qui réfère à l'identité juive en Israël. 

Le 'Hida, toujours très sensible aux qualités féminines, souligne le fait que nommer la tribu "maison de Yaâqov" où l'on sait que "maison, baït" est un symbole de la femme, est pour nous rappeler que lors de la réception de la Torah, le peuple d'Israël était dans une nature féminine. Qui osera encore parler d'un manque de respect pour la femme dans le judaïsme. La Torah elle-même est nommée au féminin! Jérusalem aussi en hébreu!

Dans la même ligne, quand le début du psaume 115 dit que "ce n'est pas à cause de nous", cela veut parler de la Chékhina qui est la présence divine symbolisée au féminin dans le monde. 

Sur le plan de la langue hébraïque, il y a quelques particularités dans ce psaume qui pourraient surprendre et qu'il faut préciser. Dans la langue française on est accoutume à des phrases du type sujet-verbe-attribut (la maison est à eux); en hébreu, l'article indéfini (un, une) est omis, et le verbe être est souvent omis, on a alors "bouche à eux, pé-lahém, ils ont une bouche", au verset 115,5. 
La concision de l'hébreu va encore plus loin dans le verset 115,7: yédéhém, "ils ont des mains" (en un seul mot, "mains-eux"). 
La lettre laméd (correspondant à L) indique la relation, la direction, le lien, comme "bouche à eux, pé-lahém, ils ont une bouche", au verset 115,5, de même au verset 115,15 on a "béroukhim laChem, vous êtes bénis par Hachém, depuis Hachém".

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